Kareen Norwood secoua la tête avec une mimique incrédule.
— Arrête tes conneries ! Je sais bien que tu voudrais recommencer à me baiser, mais moi pas.
Sans mot dire, Paul Kramer la libéra, posa l’attaché-case sur le capot de la Jetta et prit l’enveloppe marron dont il répandit le contenu dans l’attaché-case.
— Regarde !
Les liasses de billets de cent dollars dégoulinaient sur les papiers… Kareen Norwood les fixa, incrédule.
— Où as-tu pris tout ce fric ?
— C’est mon problème, tu me crois ou non ?
— Qu’est-ce que tu veux faire ? demanda-t-elle d’un ton nettement radouci.
Il referma l’attaché-case.
— D’abord, on se tire.
— Quand ?
— Maintenant. Tu as un passeport ?
— Oui, chez moi. Où tu veux aller ?
— À Miami. Ensuite plus loin. Au soleil. Baiser et se reposer. Après, nous irons encore ailleurs.
— Où ?
— Je te le dirai plus tard. Tu viens oui ou non ?
Elle le fixait de son regard perçant, essayant de comprendre. Il avait mangé du lion et en même temps, elle le sentait fragile. Mais tout cet argent la fascinait.
— D’accord, mais il faut que je passe chez moi.
— Je te suis, fit Paul Kramer.
Elle sauta au volant de la Jetta tandis qu’il reprenait sa voiture de location.
Trente secondes plus tard, ils dévalaient Wisconsin Avenue en direction de la 31e Rue.
Paul Kramer, garé en face du bureau de poste de la 31e Rue observait l’escalier extérieur du petit immeuble où Kareen Norwood occupait un studio. Dans un état second. La porte s’ouvrit sur la strip-teaseuse, un gros sac à bout de bras. Elle avait passé un pull et un jean hyper collant glissé dans de hautes bottes noires ; ses longs cheveux étaient retenus par un bandeau. Il l’aida à mettre son sac à l’arrière. À peine assise, elle se tourna vers lui.
— C’est pas une blague tout ça ? On va pas se retrouver encore dans un motel de merde ?
Sans mot dire, il tira de sa poche une liasse de mille dollars et la fourra dans sa main.
— Dans une heure, on sera dans un avion, dit-il. Eastern a un vol pour Miami à quatre heures. Nous ferons les réservations.
Il fit demi-tour dans la rue en pente pour reprendre M Street vers l’est. Puis, il fourra sa main droite sous le pull de Kareen, prenant à pleine main un sein aigu et plein, le pressant entre ses doigts. Il en avait des sueurs froides de désir.
— Je vais te baiser comme jamais, lança-t-il. On n’aura que ça à faire…
— Mais comment tu as fait avec ton boulot ? objecta Kareen, toujours les pieds sur terre.
Elle était arrivée à Washington trois ans plus tôt, d’une obscure petite ville de l’Indiana, se disant la fille d’un chef indien et avait eu du mal à survivre. N’ayant aucune attache, elle était prête à tout… Mais, quand même, cette soudaine volte-face de son amant l’inquiétait.
— Je change, fit Paul Kramer. J’ai trouvé un autre truc et on va voyager. Très loin… ajouta-t-il mystérieusement.
Sa main quitta le sein et se crispa sur l’entrejambe du jean. Comme d’habitude, Kareen ne portait pas de culotte et il pouvait sentir le contour moelleux de son sexe qu’il se mit à masser jusqu’à ce que le tissu en soit tout humide… Ce qui le mit dans un état pas possible. Ils filaient dans la 14e Rue pour gagner le pont Rochambeau. Kareen réalisa soudain qu’il ne bluffait pas.
Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas eu mille dollars en cash. À son tour, sa main se posa sur la protubérance entre les jambes de son amant.
— Tu es formidable, Paul ! murmura-t-elle. J’ai toujours su que tu t’en sortirais. Tu sais, j’aime vraiment baiser avec toi…
Paul Kramer jeta un coup d’oeil dans le rétro. Ils étaient seuls pratiquement. À cette heure, il n’y avait pas encore de gros trafic vers la Virginie. D’un geste fébrile, il fit descendre sa fermeture Éclair, libérant un gros membre raide.
— Vas-y, dit-il, je ne peux plus attendre.
Docilement, Kareen referma ses doigts autour du sexe gonflé, commençant à faire coulisser doucement la peau. Un geste qu’elle avait accompli des dizaines de fois dans le petit parking des Good Guys. Mais cela, Paul voulait l’ignorer. En même temps, son autre main se glissa sous la chemise de son amant, et elle se mit à lui agacer la pointe d’un sein, tout en murmurant des obscénités à son oreille.
Il faillit en rater l’embranchement du pont. Il respirait comme un soufflet de forge. Kareen, sans souci des voitures qui les doublaient, s’employait à agacer l’énorme membre qui émergeait d’un vrai paillasson de poils noirs, agaçant le gland gorgé de sang d’un ongle habile. Paul Kramer en avait les yeux prêts à jaillir de leurs orbites. Juste avant d’entrer sur le pont Rochambeau, il empoigna la nuque de Kareen et lui rabattit le visage sur le sexe qui se contractait spasmodiquement sous l’effet du désir.
Kareen le serra docilement entre ses lèvres, continuant de la langue ce qu’elle avait commencé. Paul délirait, le regard brouillé, oubliant tous ses problèmes, les doigts crispés sur la nuque.
— Je vais t’en mettre plein la chatte ! grogna-t-il.
Si seulement il avait pu stopper sur le pont, il aurait joint le geste à la parole. Maintenant, Kareen, excitée à son tour, le pompait goulûment, une main étreignant ses testicules, comme pour en extraire le sperme. Au milieu du pont, il eut un spasme violent qui le décolla de son siège et il lança plusieurs jets successifs au fond du gosier de la strip-teaseuse qui avala stoïquement, elle qui recrachait toujours le sperme de ses amants de rencontre.
Mais c’était un grand jour.
Paul Kramer avait du mal à tenir son volant. Il retomba sur son siège, vidé, au moment où il négociait la sortie vers le George Washington Parkway menant au Domestic Airport.
Kareen continuait à lécher le sexe assouvi, la tête enfouie sous le volant, songeant à de grandes plages au soleil avec une mer émeraude, ce qui atténuait le goût amer du sperme au fond de sa gorge.
Une horrible pensée la fouailla quelques instants. Et si tout cela n’était qu’un bluff ? Après tout, il n’avait fait que lui montrer l’argent et il pouvait lui reprendre de force les mille dollars… Elle jeta un coup d’oeil aux traits congestionnés de l’agent de la CIA. Il flottait dans un autre monde et, machinalement, sa main retrouva le chemin du sexe de Kareen.
— Bon dieu, fît-il, ce soir je vais te la mettre si profond qu’elle te ressortira par la gorge.
— Où ? demanda Kareen d’une voix inquiète.
Il sourit.
— C’est la surprise. Loin de ce putain de pays.
Il tourna à droite dans l’embranchement menant à l’aéroport et pénétra dans le parc AVIS. Dix minutes plus tard, la navette les déposait devant le terminal d’Eastern. Kareen attendit tandis qu’il retenait les billets. Il revint avec et ils filèrent jusqu’à la salle d’embarquement. C’était un « 747 » tout neuf et on embarquait déjà. Ce n’est que dans l’avion que Kareen eut la curiosité de regarder son billet.
— Tiens, remarqua-t-elle, je m’appelle Douglas maintenant ?
Paul se pencha vers elle et glissa de nouveau une main sous son gros chandail, lui torturant la pointe d’un sein.
— Ouais ! Et on va bien s’amuser.
La fellation dont il venait de bénéficier n’avait pas encore apaisé son désir. Il avait hâte de tenir entre ses bras le corps souple et ferme de Kareen. Il ferma les yeux, imaginant tout ce qu’il allait lui faire qu’il n’avait jamais osé jusqu’alors. La tête lui tournait. Il s’était passé trop de choses depuis le matin. Dans un grondement d’enfer, le « 747 » s’arracha de la piste. Kareen regardait avidement par le hublot. C’était la seconde fois qu’elle prenait l’avion.