Fred me répond :
— Il nous demande d’attacher nos ceintures car nous allons atterrir.
— Sans blague, tu parles aussi l’anglais ?
Un sourire apparaît sur les lèvres minces du grand Fred.
— AUSSI !
Gisèle rêvasse.
— Alors, ma poupée, je lui demande, ça ne te dit rien de débarquer au pays du pudding ? On va fêter le Nouvel An mieux que Noël. Eh dis, Fred, on réveillonne ensemble, hein ?
— Tu parles !
— Les gars, je vous offre un de ces gueuletons dont vous vous souviendrez. Je connais un de ces coins pépère dans Trafalgar Square… Ça s’appelle Le Lion couronné. On y bouffait avant-guerre des steaks hachés qui étaient splendides !
— Cette boîte n’existe plus, déclare Fred. Elle a été réquisitionnée par l’armée pour faire un club aux Amerlocks…
— Ah…
Et puis je fais un saut d’un mètre.
— Tu ne vas pas me dire que tu connais Londres ?
— J’y suis né, fait tranquillement Fred.
— Tu y es né ?
— Parfaitement… Il faut bien naître quelque part. J’y suis demeuré jusqu’au moment où j’ai fait partie de l’Intelligence Service.
« Alors, je me suis mis à voyager…
Notre stupeur est immense à Gisèle et à moi. Elle est si forte que nous ne nous apercevons pas de l’atterrissage.
Nous sursautons lorsque la porte de l’avion s’ouvre et que mon ami Montlew passe sa tête chauve dans l’encadrement et dit :
— Hello, les garçons, vous avez fait bon voyage ?
Il nous aide à descendre.
— Heureux de vous voir sur la bonne vieille île, commissaire et enchanté de vous connaître, mademoiselle…
Puis, se tournant vers Fred :
— Alors, old bean, vous vous êtes laissé battre par ce damné San-Antonio ? C’est en définitive par lui que nous avons eu le B Z 22… Mais, ajoute-t-il en lui claquant le dos, mon petit doigt m’a dit que vous avez fait un drôle de travail tout de même, lieutenant.
Si vous êtes pas abasourdis, bande de noix ! c’est que vous êtes aussi amorphes qu’un morceau de boudin. En ce cas, il n’y a qu’à mettre des fourmis rouges dans vos culottes pour exercer vos réflexes !