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— « Il y avait un système pour appréhender les conducteurs qui enfreignaient les règles de circulation », ajouta Nessus. « Elle l’avait rebranché. Elle espérait capturer un de ses semblables, un survivant de la Chute des Villes. Elle pense que si quelqu’un pilote une voiture, il doit être civilisé.

— « Alors, pourquoi veut-elle l’emprisonner et l’abandonner au milieu de cette mer de métal rouillé ? »

— « Juste en cas, Louis. C’est un signe de son retour à la raison. »

Louis jeta un coup d’œil dans le bloc de cellules, en dessous. Ils avaient fait descendre la carcasse d’oiseau sur une épave de voiture et Parleur en avait pris possession. « Nous pouvons alléger ce bâtiment », dit Louis. « Nous pouvons diminuer son poids presque de moitié ?

— « Comment ? »

— « En coupant la base. Mais il faut que nous sortions Parleur de là. Pouvez-vous persuader Prill ? »

— « Je peux essayer. »

22. CHERCHEUR

Halrloprillalar était terrifiée par Parleur, et Nessus ne voulait pas la laisser échapper à l’influence du tasp. Il prétendait faire agir le tasp à chaque fois qu’elle voyait Parleur, afin qu’elle finisse par souhaiter sa présence. En attendant, ils évitaient tous deux le Kzin.

C’est ainsi que Prill et Nessus attendaient ailleurs, tandis que Louis et Parleur, allongés à plat ventre sur la plateforme d’observation, contemplaient le fond obscur du bloc de cellules.

« Allez-y », dit Louis.

Le Kzin actionna les deux faisceaux.

Le tonnerre éclata et se répercuta dans la prison. Un point aveuglant comme un éclair apparut sur le mur, juste au-dessous du plafond. Il se déplaça lentement vers la droite, laissant un sillage rougeoyant.

« Coupez des morceaux », conseilla Louis. « Si cette masse se détache d’un seul coup, nous serons éjectés comme des puces sur un chien rasé. »

Parleur changea obligeamment l’angle de coupe.

Malgré tout, le bâtiment fit une embardée lorsque le premier morceau de câbles et de mur se détacha. Louis se cramponna au plancher. Par le trou, il aperçut la ville et des gens dans la lumière du soleil.

Lorsqu’une douzaine de tronçons eurent disparu, il put regarder droit au-dessous de la tour.

Il vit un autel de bois et un rectangle plat surmonté d’une arche parabolique faite de métal argenté. Un instant plus tard, une masse du bloc de cellules s’écrasa juste à côté, en éparpillant des fragments dans toutes les directions, et il n’en resta plus que de la sciure et des débris de métal brillant. Mais les gens s’étaient enfuis depuis longtemps.

« Des gens ! » se plaignait-il à Nessus. « Au cœur d’une ville abandonnée, à des kilomètres des champs ! C’est un voyage d’une journée entière. Que faisaient-ils là ? »

— « Ils adorent la déesse Halrloprillalar. Ce sont eux qui nourrissent Prill. »

— « Ah ! Des offrandes. »

— « Bien sûr. Quelle différence cela fait-il, Louis ?

— « Ils auraient pu être écrasés. »

— « Quelques-uns l’ont peut-être été. »

— « Et j’ai cru voir Teela en bas. Juste un instant. »

— « Absurde, Louis. Essayons notre propulsion. »

Le cycloplane du Marionnettiste était noyé dans un monticule gélatineux de plastique translucide. Nessus s’approcha du tableau de bord dégagé. La baie vitrée leur offrait de la ville une vue imposante : les docks, les tours aux flancs plats du Centre Administratif, la jungle envahissante qui avait dû être un parc. Tout cela à plusieurs centaines de mètres au-dessous d’eux.

Louis prit une pose : le repos de parade. Un exemple pour son équipage, le commandant héroïque debout, les jambes écartées, sur la passerelle. Les moteurs-fusées endommagés risquent d’exploser à la première poussée, mais tout doit être tenté. Les vaisseaux de guerre kzinti doivent être arrêtés avant d’atteindre la Terre !

— « Ça ne marchera jamais » dit-il.

— « Pourquoi pas, Louis ? L’effort ne devrait pas excéder… »

— « Une tour volante, par le Manigant ! Je viens seulement de me rendre compte de la folie de l’entreprise. Nous devions être dingues ! Voyager à bord d’un gratte-ciel coupé en deux… » Le bâtiment bougea soudain et Louis chancela. Nessus avait démarré le servo-propulseur.

La ville se mit à défiler sous la fenêtre, de plus en plus vite. L’accélération diminua ; elle n’avait jamais dépassé trente centimètres par seconde. La vitesse maximum semblait d’à peu près cent cinquante kilomètres à l’heure, et le bâtiment restait parfaitement stable.

— « Nous avons correctement centré le cycloplane », dit Nessus d’un air satisfait. « Le plancher est horizontal, et la charpente n’a pas tendance à pivoter. »

— « C’est quand même idiot. »

— « Lorsque quelque chose fonctionne, ce n’est pas idiot. Et maintenant, où allons-nous ? »

Louis resta silencieux.

« Où allons-nous, Louis ? Parleur et moi n’avons aucun plan. Quelle direction, Louis ? »

— « Tribord. »

— « Très bien. Droit sur tribord ? »

— « Oui. Nous devons repasser par l’Œil-Cyclone. Puis tourner à quarante-cinq degrés vers le ponant. »

— « Voulez-vous retourner à la ville du château appelé Paradis ? »

— « Oui. Pouvez-vous le retrouver ? »

— Il ne devrait pas y avoir de problème, Louis. Nous sommes venus ici en trois heures de vol ; nous devrions être revenus au château en quarante heures. Et ensuite ? »

— « Cela dépend. »

L’image était si précise. C’était pure déduction, pure imagination, mais pourtant… si réel. Louis Wu se mettait à rêver en couleurs.

Si précis. Mais était-ce réel ?

Son soudain manque de confiance dans la tour volante l’effrayait. Pourtant la tour volait. Elle n’avait pas besoin de Louis Wu pour fonctionner.

« Le mangeur-de-feuilles a l’air satisfait de suivre vos directives », remarqua Parleur.

Le cycloplane ronronnait paisiblement à quelques mètres d’eux. Derrière la baie vitrée, le paysage défilait. Au loin sur le côté, l’ouragan les fixait de son œil gris intimidant.

— « Le mangeur-de-feuilles a perdu la tête » dit Louis. « Je suis sûr que vous êtes plus raisonnable. »

— « Pas du tout. Si vous avez un but, je suis disposé à vous suivre. Mais si nous devons combattre, il serait bon que je le sache. »

— « Hum. »

— « Il serait bon que j’en sache quelque chose, de toute façon, pour évaluer les possibilités de lutte. »

— « Bien sûr. »

Parleur attendit.

« Nous allons chercher le fil des carrés d’ombre », dit enfin Louis. « Vous vous rappelez ce fil que nous avons heurté après avoir été attaqués par les défenses antimétéores ? Plus tard, il s’est mis à tomber sur la ville du château appelé Paradis, boucle après boucle. Il doit y en avoir au moins des dizaines de milliers de kilomètres, plus qu’il n’en faut pour ce que j’ai l’intention de faire. »

— « Qu’avez-vous en tête, Louis ? »

— « Nous procurer du fil des carrés d’ombre. Il est probable que les indigènes nous le donneront, si Prill le leur demande poliment, et si Nessus utilise le tasp. »