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Je me zone rapidos. La grosse dorme profonde et immédiate. Pierre lâchée dans un puits et qui ricoche infiniment contre les parois avant de plouffer. Elle toque, la pierre. Ting, tong, tang, tong, ting… Mais au lieu que le bruit s’amenuise dans les profondeurs, il va croissant. Sursaut du valeureux commissaire : on cigogne ma lourde.

— Qu’est-ce que c’est ? haleté-je, ahuri comme tout dormeur du premier sommeil réveillé en sursaut.

— Cé Maria, Moussiou !

Je me lève pour lui ouvrir. Elle se tient devant moi, assez pas mal dans une chemise de nuit cousue de fil blanc, les cheveux en vrac sur les épaules, les pieds nus, les mollets pleins de poils. Je suis frappé par sa jeunesse. Elle est presque sexy, la môme. Sa chemise de nuit n’est boutonnée que du col, le reste bâille, découvrant une exquise poitrine bien plantée, pigeonnante, saine et drue, qui fait honneur au Portugal.

— C’esté lou téléphono. La Madame n’a pas entendou sonner.

Effectivement, c’est rarissime de la part de ma Félicie ; il faut croire que la fatigue, la bonne chère et l’heure tardive l’ont anéantie.

Maria ne s’étonne pas que moi non plus je n’ai pas perçu la sonnerie. Elle m’explique :

— C’est encore le négro, Moussiou.

Dis, il est casse-balloches, M. Blanc ! Y a le feu à la Seine ou quoi ?

Je descends en vitesse l’escadrin, car le poste de ma chambre est naze, à la suite de bricolages douteux opérés par Toinet qui adore autopsier les choses et j’espère bien qu’il en restera là.

La voix pimpante de mon sombre aminche est à dispose, prête aux vocalises.

— Enfin ! il s’exclame. Dis voir, mon vieux, t’es plus dur à obtenir que le président de la République !

Mais je ne suis pas sur sa longueur d’onde. Moi, les gazouillis, quand je viens de m’arracher des bras de Morphée, je t’en fais cadeau.

— Que veux-tu, Noirpiot ?

— Je crois que je suis sur un coup fumant, mon vieux.

— Il fume au point de ne pouvoir attendre demain ?

— Ça, j’en sais trop rien, mais ça se pourrait !

— Bon, soupiré-je, je t’écoute.

— Ce serait trop long, tu ne peux pas venir chez moi ?

Alors là, il me la baille saumâtre.

— Ecoute-moi, Fleur des Tropiques, je me suis cogné dix-sept heures d’avion, puis douze cents kilomètres de bagnole, plus un enterrement et un gueuleton dans un trois étoiles, j’ai droit à quelques instants de repos, non ?

— Alors c’est moi qui viens, décide péremptoirement Jérémie.

— En taxi ?

— Taxi mon cul ! J’ai une bagnole depuis hier, qu’est-ce que tu crois ? Je suis un putain de flic, à présent, t’es au courant, mon vieux ? Une Renault 5 gonflée. A cette heure-là, je traverse la place de la Concorde en quatre secondes, tu paries ?

— Tu as eu le temps de passer ton permis ?

— Pas encore, mais j’ai une carte de poulet, mon vieux, et c’est bien plus bath qu’un permis de conduire ! Tout le monde a le permis de conduire, mais pas une carte de la Préfecture, ça c’est chié ! O.K., j’arrive !

Il raccroche. Je fais comme dans les films à la con. Tu sais, je t’en ai déjà causé : le gars cisaillé par une brutale nouvelle qui se met à visionner son combiné comme une boule de cristal avant de le replacer sur sa selle.

Je me décide enfin et me tourne vers Maria, laquelle m’a suivi et attend dans l’encadrement. Je m’aperçois seulement à cet instant que, selon ma bonne habitude, je ne porte pour vêtement que ma veste de pyjama. Qu’en plus, je tricotine un brin, biscotte la fatigue. Coquette bat la mesure à la langoureuse. Pas impétueuse du tout, mais confiante dans sa destinée. Prometteuse, quoi. Toujours est-il que la jeune bonne n’a d’ yeux que pour elle. Fascinée, littéralement !

Ah ! non, dis, je vais pas m’embourber une ancillaire ! Ce sont des faiblesses néfastes à la bonne marche d’une maison. La soubrette que t’as tringlée se croit ensuite promue et te le fait sentir. Sans parler des plus garces qui, même en ces temps de pilules soldées en promotion, viennent te chiquer à la pauvre vierge enceintée par le gros patron dégueulasse !

Je tire sur les pans de ma veste en me penchant en avant pour pouvoir disposer d’un max de tissu. Je trottine en direction de l’escadrin. Mais ma zézette guerrière s’émoustille, se muscle à outrance et, floc ! échappe à mon contrôle pour jouer Chantecler. Le gag fait marrer Maria ! De bon cœur, vraiment ! C’est si spontané, si… sain, oui : sain, que je la juge illico incapable de donner une suite perverse à un éventuel rapprochement social.

— Elle est belle ! chuchote-t-elle, toujours rieuse (et admirative).

— Si ça vous intéresse de tâter du produit français, ma chère petite, on pourrait arranger ça.

— Je ne sais pas, fait-elle d’une voix consentante, en cherchant déjà du regard un endroit ad hoc où perpétrer cet accouplement impromptu.

Car elle sait bien qu’il serait téméraire de prétendre remonter l’escalier, ce trajet risquant de compromettre la flambée qui nous embrase. Ces choses-là c’est tout de suite ou jamais. A la minute, là, par terre. Pulsif, quoi !

Je la biche dans mes bras. Elle sent le lit et encore un peu Mir Lessive, plus la fille pauvre aussi. Toutes odeurs qui, réunies et appréciées par un expert de l’olfactif, engendrent d’exquis fantasmes. On exécute une espèce de danse de grizzlis en goguette qui nous conduit jusqu’au canapé du salon. Retrousser sa chemise de nuit est un bonheur. Elle est solide, la môme, légèrement épaisse, quoi ; avec des attaches un peu fortes. Je lui confirme mes intentions par quelques caresses polies. Merde, c’est pas parce que tu brosses la bonne qu’il faut la traiter par-dessous sa jambe ! Elle a droit aux égards de toutes les donzelles bénéficiant de tes ardeurs, moi je dis. Aux indispensables prémices. La plupart des animaux y souscrivent, non ? Je lui pratique donc une moulasse-partie circulaire avec médius incorporé. Je ne me risque pas à la minouche galante, compte tenu du fait qu’elle s’est réveillée au milieu de la noye pour répondre au bigophone et n’a donc pas eu l’opportunité de se faire une chaglatte de gala. Mais elle n’est pas exigeante. Elle, c’est à votre bon cœur, mon beau patron. Le cahier des réclamations, et celui des décharges, elle ignore. Ces choses-là ne viennent qu’à l’usage répété, or je compte bien m’en tenir là. Je lui fais son Noël et pointe à la ligne !

Pas qu’elle me prenne l’habitude. Juste une interprétation en trombe des « Lavandières du Portugal ». Avec, comme suite logique, une fois le forcing opéré, « Avril au Portugal », sur le mode mineur, pour la période douce qui conduit au déboulé final. Elle brosse bêtasse, la Maria. De vraiment voluptueuses, crois-moi, je ne te le répéterai jamais suffisamment, y a que les petites bourgeoises désœuvrées. C’est pourquoi tous les bourgeois sont cornards. Leurs nanas sont trop talentueuses, trop conditionnées pour la bagatelle ; elles peuvent pas se permettre d’être fidèles. Comme si une infirmière de classe ne soignait qu’un seul malade. Ma gentille Ibérique, c’est simplement le genre troussée. La botte sans complication. Vas-y, mon grand, je t’encaisse cinq sur cinq ! Elle baise parce que ça se fait, que l’instinct animal de reproduction est là qui pousse au cul ; sinon elle pourrait s’abstiendre, se faire servante du curé, nonne ou je ne sais quoi d’autre dans la chasteté. Une brave bougresse qui monte au fion comme elle va faire la vaisselle ou les chambres. Du plaisir ? Oui, sans doute, mais tout juste à la limite. Et encore parce qu’elle est bitée par un seigneur du radada ! Y a tout de même des ondes de choc qui lui glitouillent le clito. Elle fait des « rrran rrran wwwwraou » de bon aloi. Pas par politesse, non, au contraire : elle voudrait réfréner, craignant de se montrer indiscrète. La vague de fond qui la soulève, quoi. La vaillante pousse de son mieux, m’agrippe (espagnole), tourne la tête de gauche de droite, par saccades, comme elle a vu faire au ciné dans les films qu’ont pas la cote catholique. Je l’emporte jusqu’au septième ciel, lui laisse exécuter son lâcher de ballons, puis lui place ma botte secrète ultime.