Un peu plus haut sur la colline, l’Asha’man chauve était penché sur une Beldeine gémissante, tortillant les doigts juste au-dessus d’elle pour tisser son étrange Guérison. Il n’avait pas manqué de travail, au cours de la dernière heure. Alivia ne cessait pas de fléchir et de regarder avec émerveillement son bras précédemment cassé et brûlé jusqu’à l’os. Sarene avait la démarche chancelante, mais c’était juste de la fatigue. Elle avait failli mourir dans la forêt, et ses yeux en étaient encore exorbités. Les Blanches n’avaient pas l’habitude de ce genre de situation.
Tous n’avaient pas eu autant de chance. Verin et l’Atha’an Miere étaient assises près de la forme couverte d’une cape de Kumira, remuant les lèvres en prières silencieuses pour son âme, et Nesune tentait gauchement de consoler une Daigian en pleurs, qui tenait dans ses bras le cadavre d’Eben et le berçait comme un bébé. Les Vertes avaient l’habitude de ce genre de choses, mais ça ne plaisait guère à Cadsuane d’avoir perdu deux de ses gens en échange de seulement quelques Réprouvés roussis et un renégat mort.
— C’est propre, répéta doucement Jahar.
Cette fois, c’était Merise qui était assise, avec la tête de Jahar reposant sur ses genoux. Ses yeux bleus étaient aussi graves que jamais, et elle caressait doucement ses cheveux noirs.
— C’est propre.
Cadsuane échangea un regard avec Merise par-dessus la tête du garçon. Damer et Jahar disaient tous les deux la même chose : la souillure avait disparu. Mais comment pouvaient-ils être sûrs qu’il n’en restait pas quelques parcelles ? Merise s’était autorisée à se lier avec le garçon, et elle ne sentait rien de comparable à ce que les autres Vertes avaient décrit. Le saidin était tellement étrange que n’importe quoi pouvait se dissimuler dans ce chaos démentiel.
— Je veux partir dès que les autres Liges reviendront, annonça Cadsuane.
Il y avait trop de questions auxquelles elle n’avait pas de réponses satisfaisantes, mais elle avait le jeune al’Thor maintenant, et elle n’avait pas l’intention de le perdre.
La nuit tomba. Au sommet de la colline, le vent souffla de la poussière sur ce qui avait été un ter’angreal. Au-dessous s’étendait la tombe de Shadar Logoth, ouverte pour donner de l’espoir au monde. Et au loin, sur Tremalking, la rumeur commença à se répandre que le Temps des Illusions était terminé.
Glossaire
Note sur les dates de ce glossaire : Le Calendrier Toman (imaginé par Toma dur Ahmid) fut adopté approximativement deux siècles après la mort du dernier Aes Sedai mâle, pour répertorier les années après la Destruction du Monde (DM). Tant d’archives avaient été détruites au cours de la Guerre trolloque que, quand elle cessa, de nombreuses discussions s’élevèrent quant à savoir en quelle année l’on était selon l’ancien système. Un nouveau calendrier, proposé par Tiam de Gazar, célébra la disparition de la menace que représentaient les Trollocs, chaque année étant suivie de la mention Année Libre (AL). Le Calendrier Gazaran fut largement accepté une vingtaine d’années après la Guerre trolloque. Artur Aile-de-Faucon tenta d’établir un nouveau calendrier, basé sur la Fondation de son Empire (FE, Fondation de l’Empire), mais seuls les historiens s’y réfèrent. Après les morts et les destructions causées par la Guerre des Cent Ans, un troisième calendrier fut établi par Uren din Jubai Goéland Planant, érudit du Peuple de la Mer, et promulgué par la Panarch Farede de Tarabon. Le calendrier Farede, datant de la fin arbitrairement fixée de la Guerre des Cent Ans, et enregistrant les années du Nouvel Âge (NA), est actuellement en usage.
Asha’man : 1) Dans l’Ancienne Langue, « Gardien » ou « Gardiens », mais toujours gardien de la justice et de la vérité. 2) Nom donné collectivement, et indiquant aussi un rang, aux hommes venus à la Tour Noire, près de Caemlyn en Andor, pour apprendre à canaliser. Leur entraînement se concentre sur les différentes façons d’utiliser le Pouvoir Unique comme une arme, et, en une autre déviation des usages de la Tour Blanche, une fois qu’ils ont appris à saisir le saidin, la partie mâle du Pouvoir, on exige qu’ils accomplissent tous les travaux et corvées à l’aide du Pouvoir. Lors de son enrôlement, la nouvelle recrue reçoit le nom de Soldat ; il porte une tunique noire à haut col, à la mode andorane. Une fois élevé au rang de Consacré, il acquiert le droit de porter une épingle d’argent, appelée l’Épée, sur son col. La promotion au rang d’Asha’man lui donne le droit de porter une épingle représentant un Dragon, en or et émail rouge, sur son col, du côté opposé à l’Épée. Bien que beaucoup de femmes, y compris les épouses, s’enfuient quand elles apprennent que leur partenaire peut canaliser, bon nombre d’hommes de la Tour Noire sont mariés, et utilisent une variante du lien du Lige pour renforcer l’union avec leur femme. Le même lien, modifié pour contraindre à l’obéissance, est utilisé depuis peu pour lier les Aes Sedai capturées.
Avant-Courriers, les. : Voir HAILÈNE.
Balwer, Sebban : Autrefois officiellement secrétaire particulier de Pedron Niall, et secrètement son maître espion. Pour des raisons personnelles, il a aidé Morgase à échapper aux Seanchans en Amador, et est actuellement employé comme secrétaire par Perrin t’Bashere Aybara et Faile ni Bashere t’Aybara.
Capitaine-à-l’Épée : Voir LANCE-CAPITAINE.
Cercle du Tricot, le : Dirigeantes de la Famille. Comme aucune Femme de la Famille n’a jamais rien su de la hiérarchie des Aes Sedai – connaissance qui n’est communiquée à une Acceptée que lorsqu’elle a passé les tests la qualifiant pour le châle – elles n’attachent pas d’importance à la puissance dans le Pouvoir, mais donnent beaucoup d’importance à l’âge, une ancienne étant toujours supérieure à une plus jeune. Le Cercle du Tricot (terme choisi, comme celui de Famille, parce qu’il est inoffensif), correspond aux treize Femmes de la Famille les plus âgées résidant à Ebou Dar, la plus ancienne portant le titre d’Aînée. D’après leurs règles, toutes devront démissionner quand leur tour viendra de quitter la cité, mais jusque-là, elles jouissent de l’autorité suprême sur la Famille, à un degré que pourrait leur envier tout Siège d’Amyrlin. Voir aussi FAMILLE, LA.
Cha Faile : 1) Dans l’Ancienne Langue, « la serre du faucon ». 2) Nom adopté par les jeunes Cairhienins et Tairens dans leurs tentatives pour se conformer aux règles du ji’e’toh, et qui ont juré allégeance à Faile ni Bashere t’Aybara. En secret, ils sont également ses éclaireurs et ses espions.
Compagnons : Formation militaire d’élite de l’Illian, actuellement commandée par le Premier Capitaine Demetre Marcolin. Les gardes du corps du Roi d’Illian sont toujours des Compagnons, et ils gardent également les points clés de toute la nation. De plus, au cours d’une bataille, les Compagnons sont traditionnellement utilisés pour attaquer les positions les plus puissantes de l’ennemi, pour exploiter ses faiblesses, et, si nécessaire, pour couvrir la retraite du Roi. Contrairement à d’autres formations d’élite, les étrangers (à l’exception des Tairens, des Altarans et des Murandiens) y sont non seulement les bienvenus mais peuvent atteindre les grades les plus élevés, comme le peuvent aussi les roturiers, ce qui est très inusité. L’uniforme des Compagnons consiste en une tunique verte, un plastron portant les Neuf Abeilles de l’Illian, et un casque conique à visière pourvue de barreaux d’acier. Le Premier Capitaine arbore quatre galons d’or aux poignets de sa tunique et trois minces plumes d’or à son casque. Le Second Capitaine a trois galons d’or aux poignets et trois plumes d’or à bout vert. Les Lieutenants ont deux galons jaunes aux manches et deux minces plumes vertes, les Sous-Lieutenants un galon jaune et une unique plume verte. Les Porte-Bannière se reconnaissent à deux galons jaunes brisés aux poignets et une unique plume jaune, les hommes du rang à un seul galon jaune brisé.