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— Alors, vous prétendez que vous avez tué tous ces gens pour protéger… Dieu ?

— Non, lui n’a pas besoin d’être protégé. L’homme, oui. C’est pour l’humanité que j’ai fait ça. C’est pour l’humanité que j’ai enterré ce secret. Car sans la religion, sans la croyance en Dieu, l’homme aurait sombré dans une telle déchéance, une telle anarchie qu’il aurait disparu depuis longtemps de la surface de la Terre. Il doit continuer à croire qu’il sera comptable dans sa vie d’après de ce qu’il a fait dans sa vie terrestre. Et il n’existe qu’une seule chose qui fait que les hommes croient en Dieu, mon père.

— L’espoir ? L’amour ? suggéra le prêtre, ne voyant pas où Davisburry voulait en venir.

— Non, mon père, mais je ne ricane pas de votre naïveté ou de votre hypocrisie, que sais-je. J’ai tenu le même raisonnement pendant tant d’années alors que j’aurais dû m’avouer la vérité : la première et seule raison de la croyance n’est ni l’amour ni la joie ou je ne sais quelle autre réjouissance. C’est la peur. (Davisburry ferma les yeux quelques secondes, puis reprit :) Sans la peur, aucune raison de croire. Sans la crainte du rien après la mort, aucune raison d’avoir la foi. Dieu devient inutile.

Le prêtre sentit une goutte de sueur perler le long de sa tempe.

Par réflexe, il serra sa bible contre lui, récita une prière, mais fut pris d’un malaise soudain.

— Vous ne pouvez pas croire à ce que vous dites. Pas vous qui avez si bien servi Dieu tout au long de votre vie.

Davisburry sourit et aurait même ri s’il en avait encore eu la force.

— Alors, je vais vous le prouver. Je refuse l’absolution. Je refuse votre pardon.

— Mais… vous connaissez les conséquences ?

À ces mots, Davisburry sentit son cœur ralentir.

— Je n’en ai pas besoin, balbutia-t-il. Je suis assuré de la survie de mon âme. Qu’elle soit bonne ou mauvaise…

Le père Finn se sentit déstabilisé pour la première fois de sa vie d’homme d’Église. Davisburry laissa se dessiner un sourire vague au coin de ses lèvres.

— Mais, mon père, si vous aimez les hommes, ne le dites à personne, ou vous serez comptable de la fin des Temps.

Les paupières de Davisburry se fermèrent et sa poitrine cessa de se soulever.

Le prêtre Finn demeura longtemps sans bouger, comme pétrifié par ce qu’il venait d’entendre. Il tenta de se ressaisir en faisant machinalement le signe de croix au-dessus de la tête de Davisburry. Mais il fut incapable d’aller jusqu’au bout.

Mal à l’aise, il frappa à la porte pour signifier au gardien qu’il souhaitait sortir. Le vigile le regarda passer, sans un mot, le visage blafard.

Puis l’homme de Dieu s’éloigna lentement dans le couloir, avec dans la bouche, le goût amer de la vérité.

– REMERCIEMENTS –

La grande majorité des informations dévoilées au travers de cette histoire sont historiques et ont fait l’objet de plusieurs recoupements journalistiques.

Vous pourrez le vérifier par vous-mêmes en fouillant notamment sur Internet. Vous y trouverez, entre autres, l’intégralité du rapport officiel du sénat américain (3 août 1977), dévoilant en détail la nature des expérimentations secrètes du projet MK-Ultra, de multiples sites révélant l’histoire militaire de la fascinante et méconnue île de l’Ascension, ainsi que de nombreuses informations sur le triste passé psychiatrique de l’hôpital de Gaustad.

Bien évidemment, mes recherches ne se sont pas cantonnées à une collecte digitale et les bons vieux livres m’ont apporté ce savoir qui fait la différence. Les ouvrages de Carl Gustav Jung m’ont permis d’explorer en profondeur le troublant concept d’archétypes et d’inconscient collectif, sa biographie m’a prouvé son rôle d’agent secret pour la CIA sous le matricule 488. Dans un autre registre, je ne peux que vous conseiller la lecture d’ouvrages consacrés à la matière noire au risque de vous provoquer quelques peurs vertigineuses.

Et des peurs, j’en ai connu au cours de l’élaboration de cet ouvrage. Je tiens donc à remercier tous ceux qui m’ont aidé à les surmonter. En premier lieu ma femme, Caroline, dont l’amour, l’enthousiasme et la confiance sont inépuisables, aussi bien dans la vie qu’en tant que première lectrice. Eva et Juliette, nos deux filles, qui donnent du sens à tout ce qui n’en a pas. Ma mère pour sa foi en moi. Mon frère pour son soutien indéfectible. Mon père pour son impatience dès le premier mot écrit. Et mes amis pour leur présence, leur regard et leurs francs conseils au long de ces quatre années de fabrication. Merci aussi à tous mes bêta-lecteurs pour leur temps et leur générosité.

Et enfin, un merci infini à l’équipe « littéro-médicale » de XO pour avoir fait de cette histoire une réalité. Leur chirurgien en chef, Bernard Fixot, qui appuie là où ça fait mal jusqu’à ce que le livre soit parfaitement guéri, son anesthésiste, Édith Leblond, qui œuvre en douceur pour aider le patient à moins souffrir, et Caroline Ripoll, la sage-femme, qui parvient à faire de l’accouchement du roman un moment presque plus agréable que la conception.

Et à vous d’avoir eu la curiosité de lire jusqu’ici.