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À un moment, il marmonna quelque chose qui aurait pu ressembler à « papa ». Christopher s’approcha, lui posa une main sur le front et caressa son visage.

Simon se retourna encore et serra contre lui le sweat-shirt de son père. Il avait la moitié du visage enfoui dedans, comme les jeunes enfants font avec leur doudou.

Christopher allait se lever pour partir quand il s’arrêta brutalement, le cœur battant à toute allure. Comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Cela faisait tellement partie de son quotidien qu’il ne le voyait même plus.

Christopher fit glisser le sweat-shirt que Simon tenait dans les mains, serré contre lui. Puis il sortit de la chambre et palpa à toute allure le vêtement. Il ne sentit rien. Il se calma et reprit sa fouille plus posément.

C’est là qu’il lui sembla distinguer un élément plus dur dans une couture. Il fonça vers la cuisine, ouvrit un tiroir et saisit une paire de ciseaux. Les mains tremblantes, il découpa le tissu en un large cercle, sépara les deux pans du vêtement en deux et laissa échapper un souffle de surprise. Une minuscule clé avait été cachée dans la doublure. Le numéro 302 y était inscrit.

– 16 –

Il était presque 21 heures quand Christopher décrocha son téléphone pour appeler Sarah.

— J’ai trouvé la clé. Dans la doublure du sweat-shirt d’Adam que Simon garde comme doudou.

— Bien…

Sarah hésita à formuler la suite de sa pensée. Elle savait que la banque ne l’autoriserait certainement pas à accéder au coffre. En tant que frère du défunt, Christopher aurait beaucoup plus de chances. Mais en lui demandant de venir avec elle, elle le mettait cette fois clairement en danger. Et au-delà de la vie de cet homme qu’elle commençait à apprécier, elle pensait aussi au petit garçon.

— Je vais passer prendre la clé chez vous.

— Vous savez très bien qu’ils ne vous laisseront jamais accéder au coffre. Flic ou pas. Même moi, je ne suis pas certain d’y avoir droit.

— Christopher, comme vous l’avez compris, les personnes qui se cachent derrière toute cette histoire sont prêtes à déployer de grands moyens pour protéger leur secret…

La menace de meurtre était à peine voilée et, une fois encore, Christopher peinait à croire que tout cela fût bien réel.

— Attendez… Imaginez que l’on vous refuse l’accès au coffre. Votre demande va faire des vagues et remonter jusqu’aux oreilles de ceux qui sont derrière tout ça. Et ils s’arrangeront pour bloquer définitivement l’accès au coffre d’Adam. Je ne connaîtrai alors jamais la vérité sur la mort de mon frère et je n’aurai aucun moyen d’arrêter ceux qui l’ont tué et qui chercheront peut-être à faire de même avec moi… Bref, je m’expose un peu plus sans aucun moyen de répliquer.

— C’est probable, mais, tant que vous ne leur montrez pas que vous cherchez aussi à connaître la vérité, ils vous laisseront certainement tranquille.

— La quête de la vérité, c’est ma vie, et vous voudriez que je fasse une exception pour la personne qui comptait le plus pour moi ?

— Je pense à vous, mais à Simon aussi…

Christopher serra les poings d’indécision. Évidemment que lui aussi pensait à Simon. Il ne pensait même qu’à cela. Le dilemme était insoutenable. Mais comment pourrait-il élever l’enfant de son frère toute sa vie dans le mensonge ? Il se connaissait, il n’y parviendrait pas.

— Je viens avec vous.

À l’autre bout du fil, Sarah ferma les yeux sous le poids de la responsabilité.

— OK, soyons-y pour l’ouverture lundi matin alors.

— Euh… je suis désolé, mais je ne pourrai me libérer qu’à partir de 18 heures.

Sarah resta sans voix. Comment pouvait-il lui répondre une absurdité pareille compte tenu des circonstances ?

— Il va falloir vous arranger autrement alors…

— Écoutez, je mesure pleinement l’incongruité de ma demande et, croyez-moi, je suis peut-être encore plus impatient que vous de tirer cette affaire au clair, mais pas au prix de la santé mentale de Simon.

— C’est-à-dire ?

— Lundi est le premier jour des vacances scolaires et j’ai promis à Simon de passer toute la journée avec lui.

Christopher imaginait Sarah ouvrir de grands yeux exaspérés. Lui-même doutait de ce qu’il était en train de dire et, pourtant, une petite voix intérieure lui soufflait de ne pas céder.

— Vous savez, Simon est en lutte permanente contre le traumatisme de la mort de ses parents. Cela m’a pris beaucoup de temps pour l’aider à retrouver un semblant d’équilibre et cela passe par la confiance qu’il a en moi. Trahir ma promesse pourrait anéantir tout le travail accompli… et je ne peux pas prendre ce risque.

— Je comprends.

La réponse sans équivoque de Sarah déstabilisa Christopher qui resta sans voix.

— Je serai devant la SwissCox à Villejuif à 18 heures, poursuivit Sarah. Je viens de vérifier sur leur site, ils sont ouverts jusqu’à 19 heures. Ça ira ?

— Euh, oui…

— Déposez Simon chez vos parents avant de venir et demandez-leur de partir en province pour le week-end. Plus il sera loin, moins nous prendrons de risques. Bonne nuit, à demain.

— OK… lâcha Christopher. Mais attendez.

— Oui ?

— Vous pensez vraiment que je vais pouvoir accéder au coffre ? J’ai la clé, mais j’imagine qu’ils vérifient l’identité du propriétaire, non ?

— Ça dépend des banques. SwissCox fait clairement référence à une domiciliation du siège social en Suisse. On a peut-être une chance que seule la clé suffise.

— Et si ça ne marche pas ?

— On verra sur place. De toute façon, on n’a pas d’autre choix pour le moment. Reposez-vous. À lundi, 18 heures.

– 17 –

Il était un peu plus de 16 heures quand Christopher déposa Simon chez ses parents en ce lundi 22 février en fin de journée.

Christopher leur raconta qu’on l’avait appelé pour une interview qu’il attendait depuis des mois et qu’il devait absolument y aller aujourd’hui. Il servit le même mensonge à Simon en lui jurant que ça n’arriverait plus. Mais le petit garçon fondit en larmes.

— Je veux voir papa et maman… hoqueta Simon en entrant dans la maison. Pourquoi… pourquoi je peux pas les voir !

Une main plaquée sur la bouche pour étouffer son émotion, Marguerite regardait son fils et son petit-fils en priant Dieu du fond du cœur de les soulager de leur peine. Edward se frottait le front comme pour effacer un sentiment de malaise.

— Je n’ai pas toutes les réponses, Simon… déclara Christopher en s’accroupissant. Mais je te promets que je cherche. La seule chose dont je suis certain, c’est qu’ils t’aiment toujours et qu’ils t’aimeront tout le temps de là où ils sont. Maintenant, tu devrais rejoindre ta grand-mère. Elle va te préparer un lit douillet comme celui d’une souris et peut-être même qu’elle va te lire une super histoire avant de dormir, OK ?

Quand ils disparurent à l’étage, Christopher se laissa retomber sur une marche et posa la tête entre ses mains en soupirant.

Il savait qu’il devait leur demander de partir tout de suite dans un hôtel loin d’ici. Mais il n’avait plus la force de faire subir un traumatisme de plus à Simon. S’il voyait que les craintes de Sarah s’avéraient fondées, il préviendrait immédiatement ses parents et leur demanderait de vite s’en aller.

— Qu’est-ce qu’il se passe, Christopher ? demanda Edward quand ils furent seuls.

— Je t’ai dit, c’est le boulot, un type qu’on cherche à interviewer depuis six mois vient de nous dire qu’il était OK, mais maintenant. J’ai pas le choix.