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— « Parfait. Donne-leur les graines correspondant à la latitude et l’assortiment habituel des outils du fermier. Quels poissons prennent-ils, par ici ? »

— « Rochier, bar, éperlan, perche de mer, lingue, sciène, requin, hareng… »

— « Très bien. Je vois. Laisse-leur un paquet d’hameçons variés. »

— « ARNOLD ? Il s’agit de l’atoll au lagon stérile. Nous devions l’ouvrir à cinq degrés et cent quatre-vingt-cinq degrés pour permettre au courant d’apporter plus de poissons. »

— « C’est juste ! Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, Larry. D’accord. Tu t’en charges. Tu sais où placer les explosifs. Mais vérifie si ces sauvages stupides sont bien à quatre-vingt-quinze degrés sur la plage, en train de ramasser leurs friandises. Je ne voudrais pas que mon dieu acquière mauvaise réputation. »

— « Quelle est la rétribution, cette fois ? »

— « Population de l’île ? »

— « Moins de cinquante. »

— « Tu connais notre politique. S’ils ne réclament pas d’articles de luxe, nous leur demandons un couple d’animaux reproducteurs, ou des graines, n’importe quoi que nous puissions décharger sur l’île suivante. »

— « Hum !… »

— « Qu’est-ce que j’ai encore oublié ? Oh ! Rond… Anneau… Anneau de mariage ? Je me souviens à présent. C’est là que nous avons aussi cette épouse stérile. O.K. Demande qu’on la serve sur un radeau avec une garniture de fleurs bien relevée. Nous allons l’avaler. Et… demande qu’elle soit pleine de bière afin qu’elle ne s’affole pas. Je ne veux pas qu’elle s’évanouisse en voyant briller les dents blanches du dieu-baleine. Nous aurons donc une invitée à bord pour notre expédition dans l’Arctique… ce devrait être très instructif pour tout le monde. J’espère que tu te rappelles comment traiter la stérilité. »

— « Ça fait un mois que j’étudie la question sur les bandes-mémoires. »

— « Très bien. »

« Ils ont reçu ton message. La voici. Joli morceau, non ? Pas très effrayée. Pourquoi cet air hébété ? Elle n’est pas saoule à ce point ! »

— « Je crois que c’est ce qu’on appelle la foi. »

— « Eh bien, elle va tomber de haut. Elle sera ici dans dix-huit minutes. »

Iris répéta ses prières tandis que la baleine fonçait sur elle, la gueule béante. Le rugissement de l’eau contre les râteaux se fit assourdissant. Elle ferma très fort les yeux. Le palais voûté l’engloutit avec son radeau qui vibrait, et ce fut l’obscurité. Une grille élastique l’arrêta. Elle ouvrit les yeux et vit un satyre, mi-homme, mi-bouc, penché au-dessus d’elle. Il la regardait, avec une expression étrangement douce. Présumant que cette bête mythique était là pour guérir sa stérilité, elle se prostra devant les sabots. Le radeau était à présent son lit nuptial. Elle ferma les yeux et attendit.

« Elle a l’air bien apeurée, » dit une voix mâle et douce. « Aide-moi à la sortir de là. »

Le géant qui la prit dans ses bras était rude, bestial, avec des mains calleuses et dures, et une voix assortie. Engourdie par le taux élevé d’alcool dans son sang, elle dormit toute la nuit, sur une pile de couvertures, dans la blanchisserie. Avec l’aube arrivèrent plusieurs des épouses d’ARNOLD, qui lui offrirent des palourdes salées et du jus de tomates. Elles lui montrèrent son nouveau logis, sous le pont avant.

Larry le Centaure vint lui rendre visite le second matin. Elle portait un kilt soyeux aux vives couleurs.

« Les épouses t’ont dit qui j’étais ? » fit-il.

— « Oui. Tu es celui qui doit guérir ma stérilité. »

— « Je ferai de mon mieux. Veux-tu que je te fasse visiter le navire ? »

Elle accepta et lui prit le bras ; ses genoux étaient encore un peu flageolants. Ils firent le tour du navire sur le pont principal, puis sur le franc-bord. Elle vit les organes du bateau ; certains avaient trait à la pêche, d’autres à l’équipage. L’impression qu’elle en reçut fut celle d’une force et d’une intelligence immenses, et, pourtant, tous les humains qu’elle rencontra paraissaient des êtres tout à fait ordinaires, gentils. Il était difficile de croire que Rorqual avait brillamment fait carrière en tant que vaisseau de guerre.

« Voici notre Infirmerie. Nous avons une Médimache et un Méditech qui m’assisteront. »

Elle le considéra d’un air intrigué.

« Ils m’aideront à guérir ta stérilité, ton incapacité à avoir des enfants. »

— « Oh ! » fit-elle en hochant la tête.

— « La première série d’examens portera sur le sang et les cellules vaginales. La Médimache peut s’en charger. »

Elle tressaillit sous l’aiguille. Les résultats apparurent sur l’écran en caractères lumineux.

« Voyons ce que ça donne : sexe féminin, ovulations normales, pas de maladie, pas de tumeurs. Parfait !

L’examen suivant comprendra des enregistrements optiques et des radios de l’utérus. Grimpe là-dessus. »

« Eh bien… » dit Larry. « Nous avons de la chance ! Je crois que nous avons découvert la cause de ton problème : obstruction du col utérin. Attention, cela risque de te faire mal. »

Iris s’assit sur la couchette, une larme sur la joue.

« Désolé, » dit le centaure, « mais nous avons réglé ça en une seule séance. Je te donne deux semaines pour que ce col dilaté se remette en place, et tu seras prête pour ta première grossesse. Émue ? »

Elle essuya la larme en silence.

« Bon, je te laisse réfléchir. Viens, je vais te ramener au gynécée. »

« Qui sera le père de mon enfant ? » s’exclama Iris.

— « Le capitaine ARNOLD, » dit Larry.

— « Mais je pensais que tu… »

— « Je regrette, mais il faut que tu saches… Je suis en partie un cheval mécanique. » Il rit. « Toutes les étreintes du roi portent leurs fruits, comme tu peux le voir au nombre d’enfants sur le pont. »

— « Le roi ? »

— « C’est ainsi que nous l’appelons parfois. Il a gagné ce surnom durant la guerre contre la fourmilière. Je crois qu’il conquerrait le monde si celui-ci lui résistait. »

Elle semblait déçue. « Est-ce nécessaire ? »

— « Oui, » dit-il. « L’an prochain, tu dois être mère. Le dieu-baleine a parlé. »

ARNOLD entra dans sa cabine, où se trouvait déjà Iris. Il la laissa abasourdie et les yeux papillotants. Elle sortit dans le couloir, sans savoir où elle allait. Des sabots arrivèrent au galop derrière elle.

« Je t’emmène ? Monte ! » dit Larry le centaure.

Elle l’enfourcha lentement, l’enveloppant de ses bras et de ses jambes un peu plus étroitement que d’ordinaire. Il ne fit aucun commentaire, et s’en tint à son badinage habituel. Elle fut d’humeur morose pendant tout le repas. ARNOLD annonça qu’ils faisaient route vers la fourmilière pour troquer une cargaison de thon contre un instant de participation. Le guerrier géant se promena parmi ses femmes, enjoué et spirituel, les taquinant avant d’en emmener une dans ses appartements.

Iris se pencha vers Larry, et chuchota : « Pourquoi elle ? »

— « Elle s’est ointe de citron. »

— « De citron ? »

— « Oui, » expliqua Larry. « Les épouses d’ARNOLD ont leur propre hiérarchie. Celles qui ont le plus d’enfants mâles détiennent le plus d’autorité. Elles décident entre elles laquelle portera l’essence de citron. Le reste est l’affaire d’ARNOLD et de son odorat. L’écorce de citron est facile à détecter lorsqu’on en frotte les huiles aromatiques sur les zones érogènes du corps, avec la chaleur qui s’en dégage… c’est agréable. »