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Mat regarda les trois femmes et lut la même détermination sur leur visage.

Sacrées bonnes femmes ! Elles ont vraiment l’intention de ne pas renoncer ! Elles vont traquer l’Ajah Noir, combattre les Rejetés et défier le fichu Ténébreux ! Mais qu’elles n’espèrent pas que je vienne les sortir du chaudron jute avant que l’eau bouille ! C’est fini, ces âneries-là !

Alors que le jeune homme réfléchissait à ce qu’il pouvait bien dire, un des battants de la double porte s’ouvrit pour laisser passer une grande jeune femme brune à l’allure altière. Un diadème orné d’un faucon d’argent lui ceignant le front, elle portait une superbe robe en soie rouge qui dévoilait ses épaules et offrait une vue plongeante sur son admirable poitrine – selon le goût de Mat, qui avait la prétention de s’y connaître.

Un moment, la brune aux très longs cheveux dévisagea Rhuarc, puis elle se tourna vers les quatre femmes assises à la table. Quant à Mat, elle ne lui accorda pas une once d’attention.

— Je n’ai pas l’habitude de délivrer des messages, dit-elle en brandissant une feuille de parchemin pliée.

— Et qui es-tu, mon enfant ? demanda Moiraine.

La jeune femme se redressa de toute sa hauteur, se grandissant encore – à la surprise émerveillée de Mat.

— Berelain, Première Dame de Mayene…

Elle jeta le parchemin devant Moiraine, se détourna et se dirigea vers la porte.

— Un moment, mon enfant ! appela l’Aes Sedai en dépliant la missive. Qui t’a confié cette lettre ? Et si tu n’es pas habituée à délivrer des messages, pourquoi as-tu daigné le faire ?

— Je… Je n’en sais trop rien… (Berelain s’immobilisa, face à la porte, comme si elle était désorientée.) Elle était… hum… imposante… (Elle s’ébroua et parut renouer avec la haute opinion qu’elle avait à l’accoutumée d’elle-même.) Tu es le chef des Aiels ? (De nouveau, elle dévisageait Rhuarc.) Tes guerriers et toi m’avez empêchée de dormir, hier, avec tout ce boucan… Je t’inviterai peut-être à dîner avec moi, un de ces soirs prochains… (Elle regarda Moiraine par-dessus son épaule.) J’ai entendu dire que le Dragon Réincarné avait conquis la forteresse. Informe-le que la Première Dame de Mayene dînera avec lui ce soir.

Sur ces mots, la jeune femme défila hors de la salle – si étrange que ce fût, ce verbe était le seul adapté à l’espèce de procession solitaire de Berelain.

— Je donnerais cher pour l’avoir comme novice, à la Tour Blanche, dirent en chœur Elayne et Egwene, avant de se sourire.

— Écoutez ça, lança Moiraine.

Elle lut à haute voix :

— « Lews Therin était à moi, il l’est toujours et il le sera jusqu’à la fin des Âges. Je vous le confie. Veillez sur lui jusqu’à mon retour. » Et c’est signé : « Lanfear ». (L’Aes Sedai riva son regard glacial sur Mat.) Et tu pensais que c’était fini ? Tu es ta’veren, Mat, à savoir un fil de la Trame bien plus important que les autres. De plus, tu as soufflé dans le Cor de Valère. Pour toi, rien n’est fini !

Toutes les femmes regardaient le jeune homme. Nynaeve avec une évidente tristesse, Egwene en écarquillant les yeux comme si elle le découvrait pour la première fois, et Elayne comme si elle s’attendait à le voir se métamorphoser.

Rhuarc aussi avait tourné la tête vers Mat. Avec dans les yeux un certain respect dont le jeune homme, tout bien pesé, se serait sans peine passé.

— Oui, bien sûr…, maugréa-t-il. (Que la Lumière me carbonise !) Je comprends… Vous pouvez compter sur moi.

Je me demande quand Thom sera sur pied… Il est temps de s’éclipser, vraiment ! Avec un peu de chance, Perrin nous accompagnera.

Hors de la forteresse, en ville, les cris devenaient à chaque instant plus forts.

— Le Dragon ! Al’Thor ! Le Dragon ! Al’Thor ! Le Dragon ! Al’Thor ! Le Dragon !

« Et il était écrit qu’aucune main, à part la sienne, ne devrait jamais brandir l’épée conservée dans la Pierre. Il s’en empara et la leva, tel du feu dans son poing, et sa gloire consuma le monde. Ce fut ainsi que tout commença, et ainsi que nous célébrons sa Renaissance. Ainsi que nous chantons le commencement. »

Extrait de Do’in Toldar te, Chansons du Dernier Âge
In-quarto Neuf : La Légende du Dragon
Composé par Boanne, maîtresse de chant à Taralan,
Quatrième Âge

Glossaire

Note sur les dates

Le calendrier tomien (conçu par Toma dur Ahmid) fut adopté environ deux siècles après la mort du dernier Aes Sedai, et il compte les années à partir de la Dislocation du Monde (AD : Après Dislocation). Durant les guerres des Trollocs, beaucoup d’archives furent détruites, et l’ancien système calendaire fut remis en question. Tiam de Gazar en proposa un nouveau, censé célébrer la fin de la menace représentée par les Trollocs. À partir de là, on compta en Années Libres (AL). Vingt ans après la fin des conflits, le calendrier gazarien fut universellement adopté. Artur Aile-de-Faucon tenta d’en imposer un nouveau, basé sur la Fondation de son Empire (FE), mais la greffe ne prit pas, et aujourd’hui, seuls les historiens y font encore référence. Après les ravages de la guerre des Cent Années, un quatrième calendrier fut établi par Uren din Jubai Envol-Goéland, un érudit du Peuple de la Mer. La Panarch Farede de Tarabon décida de son adoption. Le calendrier farendien, qui commence à la date (arbitrairement déterminée) de fin de la guerre des Cent Années, compte les années de la Nouvelle Ère (NE) et il est toujours en vigueur.

A’dam : Composé d’un collier et d’un bracelet reliés par une chaîne de métal argenté, cet artefact peut servir à contrôler toute femme en mesure de canaliser le Pouvoir. Chez les Seanchaniens, c’est la damane qui porte le collier et la sul’dam qui porte le bracelet.

Acceptée : Une jeune femme en cours de formation (Aes Sedai) qui a atteint un certain niveau de Pouvoir et réussi des épreuves spécifiques.

Adan, Heran : Gouverneur de Baerlon.

Aes Sedai : Capables de canaliser le Pouvoir de l’Unique. Depuis l’Ère de la Folie, les Aes Sedai sont exclusivement des femmes. Unanimement craintes et détestées, elles sont souvent tenues pour responsables de la Dislocation du Monde et systématiquement soupçonnées d’ingérence dans les affaires des nations. Cela dit, presque tous les dirigeants ont une Aes Sedai pour conseillère, y compris dans les royaumes où il est préférable de garder la chose secrète. Utilisé comme un titre honorifique : Sheriam Sedai. Tournure encore plus honorifique : Sheriam Aes Sedai. Voir également « Ajah » et « Chaire d’Amyrlin ».

Âge des Légendes : L’Âge auquel la guerre des Ténèbres et la Dislocation du Monde mirent un terme. Une époque où les Aes Sedai accomplissaient des miracles inimaginables. Voir également « Roue du Temps ».

Agelmar ; seigneur Agelmar de la maison de Jagad : Seigneur de Fal Dara. Emblème : trois renards roux courant.

Aiels : Habitants du désert des Aiels. Connus pour leur férocité et leur courage, ces guerriers se mettent un voile avant de tuer. D’où l’expression : « Agir comme un Aiel voilé de noir », qui décrit une personne faisant montre de violence. Redoutables avec une arme ou à mains nues, les Aiels n’utilisent jamais d’épée. Partant au combat au son des cornemuses, ils ont un surnom bien à eux pour la guerre, qu’ils appellent simplement la « Danse ».