Выбрать главу

Tandis qu’il s’efforçait de trouver quelque chose à dire, un des battants de la haute porte fut poussé, et une grande jeune femme à la prestance royale entra dans la salle, coiffée d’une couronne avec un épervier d’or au-dessus du front. Ses cheveux noirs tombaient jusqu’à la peau claire de ses épaules et sa robe en soie rouge la plus belle qui soit laissait ces épaules à découvert ainsi qu’une étendue appréciable de ce que Mat jugea une admirable poitrine. Pendant un instant, elle examina Rhuarc avec intérêt de ses grands yeux noirs ; qu’elle tourna ensuite vers les femmes assises à la table, avec un regard froidement impérieux. De Mat elle ne tint visiblement aucun compte.

« Je ne suis pas habituée à ce que l’on me donne des messages à transmettre, annonça-t-elle en brandissant d’une main menue un parchemin plié.

— Et qui êtes-vous, mon enfant ? » questionna Moiraine.

La jeune femme se dressa encore plus de toute sa hauteur, ce que Mat aurait cru impossible. « Je suis Berelain, la Première de Mayene. » Elle jeta le parchemin sur la table devant Moiraine d’un geste altier et retourna vers la porte.

« Un instant, petite, dit Moiraine en dépliant le parchemin. Qui vous a donné cela ? Et pourquoi l’avez-vous apporté, si vous avez tellement peu l’habitude de transmettre des messages ?

— Je… ne sais pas. » Berelain resta immobile face à la porte ; elle paraissait déconcertée. « Elle était… imposante. » Elle se secoua et parut retrouver son opinion d’elle-même. Pendant une seconde, elle toisa Rhuarc avec un petit sourire. « Vous êtes le chef de ces Aiels ? Votre combat a troublé mon sommeil. Peut-être vous demanderai-je de dîner avec moi. Un jour très bientôt. » Elle regarda Moiraine par-dessus son épaule. « On m’a dit que le Dragon Réincarné s’est emparé de la Pierre. Informez le Seigneur Dragon que la Première de Mayene dînera avec lui ce soir. » Et elle quitta majestueusement la pièce ; Mat n’arrivait pas à imaginer un autre terme pour décrire la sortie hautaine de cette jeune femme qui semblait représenter à elle seule tout un cortège.

« J’aimerais l’avoir dans la Tour comme novice. » Egwene et Élayne le dirent presque à l’unisson, puis échangèrent un sourire contraint.

« Écoutez ceci, dit Moiraine. “Lews Therin était mien, il est mien et restera mien à jamais. Je vous charge de veiller sur lui pour moi jusqu’à ce que je vienne.” C’est signé “Lanfear”. » L’Aes Sedai tourna vers Mat ce regard calme qu’elle avait. « Et tu croyais que c’était fini ? Tu es Ta’veren, Mat, un fil d’une importance plus cruciale que la plupart pour le Dessin, et celui qui a sonné du Cor de Valère. Rien n’est encore fini pour toi. »

Tous le regardaient. Nynaeve tristement, Egwene comme si elle ne l’avait jamais vu auparavant, Élayne comme si elle s’attendait à ce qu’il se métamorphose en quelqu’un d’autre, Rhuarc avait un certain respect dans les yeux, encore que de ce respect Mat se serait fort bien passé, en fin de compte.

« Ma foi, naturellement », leur dit-il. Que je brûle ! « Je comprends. » Je me demande quand Thom sera en état de voyager ? Il est temps défiler. Peut-être que Perrin viendra avec nous. « Vous pouvez compter sur moi. »

Au-dehors, les cris retentissaient toujours, sans arrêt. « Le Dragon ! Al’Thor ! Le Dragon ! Al’Thor ! Le Dragon ! Al’Thor ! Le Dragon ! »

Et c’était écrit que nulle main autre que la sienne ne se servirait de l’Épée enfermée dans la Pierre, mais il l’en a sortie, comme du jeu dans sa main, et il a brûlé le monde par sa gloire. Ainsi cela a-t-il commencé. Ainsi donc chantons-nous sa Réincarnation. Ainsi donc chantons-nous le commencement.

Extrait de : Do’in Toldara te, Chants de la Dernière Ère,
In-Quarto Neuf : La Légende du Dragon composée par Boanne,
maîtresse de Chant a Taralan, Quatrième Ère.

Glossaire

Note sur les dates mentionnées dans ce glossaire

Trois systèmes de datation ont été communément utilisés depuis la Destruction du Monde. Le premier fait débuter le calendrier après la Destruction (A.D.). Comme les années de la Destruction et celles qui les ont immédiatement suivies étaient une période de chaos quasi total et que ce calendrier a été mis en usage au moins cent ans après la fin de la Destruction, le point de départ en a été désigné arbitrairement. À la fin des Guerres trolloques, de nombreuses archives avaient disparu, si bien que cette date fixée selon l’ancien système prêtait à controverse. Un nouveau calendrier fut donc établi, partant de la date de la fin de ces Guerres et du jour célébrant la délivrance supposée de la menace trolloque qui pesait sur le monde. Ce deuxième calendrier désignait chaque année sous le nom d’Année Libre (A.L.). À la suite des morcellements, décès et destructions causés par la Guerre des Cent Ans, un troisième calendrier a été adopté. C’est ce calendrier, dit de la Nouvelle Ère (N.E.) qui est actuellement en usage.

Acceptées : Jeunes femmes suivant une formation pour devenir Aes Sedai, qui ont atteint un certain niveau de pouvoir et passé certains tests. Il faut normalement cinq à dix ans pour être élevée du rang de novice à celui d’Acceptée. Les Acceptées sont astreintes à un règlement un peu moins strict que celui des novices et elles sont autorisées – dans certaines limites – à choisir leurs sujets d’études. Une Acceptée a le droit de porter un anneau représentant le Grand Serpent, mais seulement au troisième doigt de la main gauche. Quand une Acceptée est élevée au rang d’Aes Sedai, elle choisit son Ajah, reçoit le châle représentatif de cette Ajah et a la possibilité d’enfiler l’anneau à n’importe quel doigt ou à ne pas le mettre du tout si les circonstances le requièrent.

A’dam : Dispositif consistant en un collier et un bracelet reliés par une laisse de métal argenté, qui sert à obtenir obéissance, contre sa volonté, de toute femme ayant le don de canaliser. Le collier est porté par la damane, le bracelet par la suidant (voir ces mots).

Aes Sedai : Celles qui exercent le Pouvoir Unique. Depuis le Temps de la Folie, les femmes sont les seules Aes Sedai survivantes. Objets de crainte et de méfiance un peu partout, détestées même, elles sont tenues par beaucoup pour responsables de la Destruction du Monde et sont soupçonnées d’ingérence dans les affaires intérieures des nations. Néanmoins, il n’y a guère de gouvernants qui se passent d’une conseillère Aes Sedai, même dans les pays où l’existence de ces relations doit être gardée secrète. (Voir aussi ; Ajah ; Amyrlin, Trône d’Amyrlin ; Temps de la Folie.)

Agelmar ; Seigneur Agelmar de la Maison de Jagad : Seigneur de Fal Dara. Son emblème est trois renards roux courant.

Aiels : Les habitants du Désert d’Aiel. Farouches et courageux, les Aiels se voilent le visage avant de tuer, ce qui a donné naissance au dicton : « Agir comme un Aiel voilé de noir », pour décrire quelqu’un qui se montre violent. Guerriers redoutables avec des armes ou à mains nues, ils ne touchent jamais une épée. Ils vont à la bataille au son d’airs de danse que jouent leurs cornemuseux et les Aiels appellent le combat « la Danse ». (Voir aussi : Associations guerrières des Aiels ; Désert d’Aiel.)