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Et, lecteur, je vis ceci. Je vis la main de Steve s’agiter à tâtons en quête du petit bouton noir sous l’écran et le pousser fermement avec la puissance de dix hommes, et je jure, et je le jurerai jusqu’au jour de ma mort, tandis que je me jetais en avant pour attraper son corps, un sourire – un sourire radieux à moi destiné, et à moi seul – passa sur son visage tandis qu’il retombait en arrière pour mourir dans mes bras.

Épilogue

L’horizon des événements

« Décidément, la créature n’apprendra jamais, non ?

— Exactement comme la semaine dernière.

— La prochaine fois, ce sera bière sans alcool ou rien.

— Hé bien, retiens-le, Jamie.

— Moi ? Pourquoi devrais-je le retenir ? Il est couvert de beurk.

— Ne dis pas beurk, mon chou. C’est très puéril.

— Où est passée la fille avec laquelle il est venu, la semaine dernière ? Pourquoi ne vient-elle pas aider ?

— Oh, tu ne sais pas ?

— Savoir quoi ?

— Elle l’a plaqué.

— Que se passe-t-il ?

— Oyez, oyez !

— Elle bouge et se meut, et semble ressentir, le souffle de la vie sous sa quille.

— De la poésie, Eddie ?

— Et pourquoi pas ?

— Bon, qu’est-ce qu’on va faire de la créature ?

— Hum. Aucun taxi ne va vouloir accepter ce genre de saletés, non ?

— Où suis-je ?

— Tu es au Caire, P’tit Chiot.

— À la cour de Cléopâtre.

— Tu es mon esclave personnel.

— Oh, non, ce n’est pas possible. Pas au Caire.

— Bon, à Paris, alors. Dans le boudoir de Madame de Pompadour.

— Double Eddie ?

— Ouaip, P’tit chiot, qu’y a-t-il, mon chou ?

— C’est toi ?

— C’est moi.

— Dis-moi quelque chose.

— Tout ce que tu voudras, trésor. Tout ce que tu voudras.

— Est-ce que tu es gay ?

— Oh, bon Dieu, il a vraiment perdu la boule, ce coup-ci.

— Mais ferme-la, Jamie. Oui, P’tit Chiot. Gay comme la vie, c’est gentil de me poser la question.

— Dieu merci…

— Eddie, je te jure. Si tu essaies de profiter de lui dans l’état où il se trouve…

— Chut. Regarde-le, totalement lessivé. Il est tombé dans les pommes, pauvre agneau.

— Oh, crotte. Bon, il vaudrait mieux que j’essaie de le ramener chez lui, je suppose.

— On va y aller tous les deux, puisque tu me le demandes si gentiment.

— Tu es en train de dire que tu ne me fais pas confiance ?

— Non, mais je peux, si tu insistes. »

« Bonjour, Bill.

— Bonjour, Mr Young.

— Cette lettre dans ma boîte aux lettres. Elle est adressée au professeur Zuckermann.

— Donnez-la-moi, monsieur. Je veillerai à la lui remettre.

— Non, laissez. Je dois passer le voir, de toutes façons. Je vais lui apporter le reste de son courrier, par la même occasion.

— Très bien, monsieur.

— Oui, n’est-ce pas ? Tout est très bien. »

Je traversai la pelouse en me disant que je me battais les flancs à coups redoublés de voir Bill me brailler de dégager de la pelouse.

Une fenêtre s’ouvrit à la volée au premier étage, et deux voix en sortirent pour flotter vers le bas.

« Hé bien !

— Il y a des gens tout guillerets, ce matin.

— Quand on prend en compte dans quel état ils étaient hier.

— Salut, les gars, dis-je en saluant. Super soirée, hier soir.

— Comme s’il se rappelait quoi que ce soit.

— Est-ce qu’un de vous deux m’a ramené chez moi et m’a mis au lit ?

— Tous les deux, oui.

— Merci. Désolé de m’être totalement défoncé. Je vous verrai plus tard. »

Je grimpai l’escalier quatre à quatre jusqu’aux appartements de Leo et tapai avec entrain à la porte.

« Entrez ! »

Il se tenait au-dessus de sa table d’échecs et fixait sa position en se tirant la barbe. Les yeux bleus clignèrent sous l’effet d’une légère surprise en me voyant entrer.

« Professeur Zuckermann !

— Oui.

— Heu, je m’appelle Young, Michael Young. Nous sommes voisins.

— Le docteur Barmby a déménagé ?

— Non, juste voisins de niche de courrier. Young, Zuckermann. Adjacence alphabétique ?

— Oh oui, je vois. Bien sûr.

— Votre trop-plein se retrouve fourré dans la mienne, aussi, j’ai pensé que j’allais…

— Mon cher jeune ami, comme c’est aimable. Je fais preuve d’une triste négligence pour nettoyer ma boîte aux lettres, j’en ai bien peur.

— Oh, pas de problèmes. Pas de problèmes du tout. »

Il me prit des mains la pile de courrier. Je laissai mes yeux parcourir brièvement la pièce, notant le portable, la littérature sur l’Holocauste, le pot de chocolat près de l’échiquier.

« Vous me faites l’effet d’un buveur de café, dit-il. En voulez-vous une tasse ?

— C’est très aimable, dis-je, mais il faut que je file. Hum… » Je baissai les yeux vers l’échiquier. « Vous êtes blanc ou noir ?

— Noir, dit-il.

— Alors, vous perdez.

— Je suis lamentable aux échecs. Mes amis me taquinent là-dessus.

— Oh, ce n’est pas grave. Je suis nul en physique.

— Vous connaissez ma discipline ? » Il parut surpris.

« J’ai dit ça au hasard.

— Et quelle est votre matière ? »

Je souris. « Je sais, j’ai l’air trop jeune, mais en fait, je termine tout juste une thèse. En histoire.

— En histoire ? Vraiment ? Quelle période ?

— Oh, aucune en particulier. »

Il me jeta un rapide coup d’œil, comme s’il me soupçonnait de lui jouer une farce d’étudiant.

« Vous allez me trouver très impertinent, dis-je, mais puis-je vous donner un petit conseil ? Il y a une chose que vous ne devez absolument pas faire.

— Quoi ? » demanda Leo en levant ses sourcils, médusé. « Que ne dois-je absolument pas faire ? »

Je regardai ces yeux bleus… non, me dis-je. Pas face à face. Pas encore une fois. Peut-être une lettre, un de ces jours, bientôt. Une lettre anonyme.

« Prendre ce pion, dis-je en indiquant la table du doigt. Vous allez vous enferrer tout droit dans une fourchette du cavalier et vous perdrez à l’échange. Enfin, bref, désolé de vous avoir dérangé. À un de ces jours, peut-être. »

Je remontai la ruelle pisseuse en poussant mon vélo vers King’s Parade. J’avais remarqué après mon réveil que la réserve de nourriture s’épuisait, dans la cuisine.

« Oh oui, encore autre chose, répondis-je à la vendeuse dans la petite épicerie en face de Corpus Christi. Vous n’auriez pas du sirop d’érable, par hasard ?

— Deuxième étagère, mon petit. Juste au-dessus de la sauce Branston.

— Excellent ! fis-je. Ça se marie très bien avec le bacon, vous savez. »

Je me dis que j’allais peut-être essayer le magasin de disques, aussi. Le dernier album d’Oily-Moily ne devait plus tarder à sortir.

« Oily-Moily ? Jamais entendu parler d’eux.