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— Non, Steve, dis-je. Ce n’est pas ça, le plan. Écoute-moi, et je vais te le dire, le plan. »

J’ai parlé. Il a écouté. Et le plan a été établi.

Histoire du cinéma

L’arnaque

FONDU SUR SCÈNE 1 :

DICKINSON HALL, CAMPUS DE PRINCETON – EXTÉRIEUR APRÈS-MIDI

Nous faisons un PANO en hauteur depuis le rez-de-chaussée et parcourons l’extérieur de Dickinson Hall, avançant vers la fenêtre du premier étage.

SCÈNE 2 :

CHAMBRE DE STEVE, DICKINSON HALL – INTÉRIEUR APRÈS-MIDI

STEVE tient une petite carte plastifiée et donne des instructions précises à MICHAEL, qui écoute avec attention.

STEVE

Bon, voilà la carte de bibliothèque. Tu te souviens comment nous avons retiré les livres, la dernière fois ? C’est le même principe. Ici, ton numéro d’étudiant. Apprends-le par cœur, OK ? Chaque étudiant connaît le sien par cœur, ça paraîtrait un peu bizarre si tu devais tout le temps consulter la carte.

MICHAEL opine. STEVE lui tend un sac à provisions.

STEVE

(qui poursuit)

Et tu es sûr de savoir comment les carts fonctionnent ? Exactement comme je t’ai montré. C’est vraiment tout simple.

MICHAEL

Exactement comme tu m’as montré.

STEVE

Et voici le plan du campus. Tu connais l’emplacement de la plupart des points de repère, à présent. Cette chambre. Ta chambre à Henry. Bon…

(devenant grave)

Je sais que ça peut paraître dingue, mais dorénavant, quand nous nous rencontrerons, on ne parle plus de ça, sauf chez PJ ou à l’A&B. Les types qu’on a rencontrés hier au soir…

MICHAEL

(choqué)

Tu crois qu’ils pourraient installer des mouchards dans nos chambres ?

STEVE

(encore plus choqué)

Hé, on n’est peut-être pas dans la nation idéale, mais ce n’est pas l’Europe nazie. On n’encourage pas la délation, ici.

MICHAEL

Non, pas ce genre de mouchards ! Des micros, pour écouter ! Tu sais, avec des fils.

STEVE

Ah, d’accord. Ouais, je dis que la possibilité existe, c’est tout.

MICHAEL

Big Brother se porte bien.

STEVE

Hein, quoi ?

MICHAEL

Big Brother. Comme dans la phrase Big Brother vous regarde. C’est tiré d’un roman de George Orwell qui n’a jamais été écrit.

STEVE

George Orwell ? Tu parles du même ?

STEVE est allé à son bureau et a commencé à ramasser des papiers et un appareil photo.

MICHAEL

Tu as entendu parler de lui ?

STEVE

Tu rigoles ? Chaque gamin en Amérique est forcé de se taper Tombent les ténèbres.

MICHAEL

Tombent les ténèbres ? Quand est-ce qu’il a écrit ça ?

STEVE

(rangeant l’appareil photo dans un sac en nylon bleu)

Oh, à la fin des années trente, je crois. C’est un peu le chef-d’œuvre du monde libre. Orwell a été fusillé au cours de la rébellion britannique de 39. J’en ai un exemplaire quelque part, je te le prêterai.

MICHAEL

Merci. Et je te parlerai de 1984 et de La ferme des animaux. Ça va te scier.

STEVE

(content de la formule)

Me scier ? C’est une sacrée expression.

STEVE introduit sous sa chemise et dans sa manche une longueur de câble sortie du sac en nylon. Le câble se termine par un petit appareil qui se niche dans sa main gauche. Nous voyons sur cet appareil de minuscules boutons de commande et une rangée de petits voyants rouges.

MICHAEL suit la procédure avec surprise, totalement incapable de comprendre. STEVE, d’un mouvement de la tête, indique le sac.

STEVE

Jette un coup d’œil dans le sac.

MICHAEL s’accroupit.

UN AUTRE ANGLE : du POINT DE VUE de la caméra à l’intérieur du sac, nous voyons le visage de MICHAEL suspendu au-dessus de nous en GROS PLAN, qui regarde avec curiosité.

RETOUR sur la main de STEVE, qui manipule avec dextérité l’appareil de contrôle : le voyant rouge s’allume.

RETOUR au GROS PLAN sur le visage perplexe de Michael, qui passe à un ZOOM PLUS LARGE en un PLAN MOYEN. Le contraste change et puis…

Subitement, l’image SE FIGE.

RETOUR sur STEVE qui sourit d’un air triomphal.

STEVE

Encore un pour ma collection de Michael Young.

MICHAEL est impressionné par le dispositif.

MICHAEL

Sale petit sournois…

STEVE

Ouais, ben, c’est un des avantages d’être une triste tapette solitaire, je suppose. On apprend l’espionnage.

Il lui adresse un clin d’œil guilleret en soulevant le sac et tient la porte ouverte pour que MICHAEL sorte le premier.

Plan fixe sur le visage encore souriant de STEVE au passage de MICHAEL. Les yeux de STEVE suivent MICHAEL qui sort de la pièce, puis le sourire disparaît.

Il est remplacé par une expression de faim et de désespoir.

FONDU SUR SCÈNE 3 :

BIBLIOTHÈQUE FIRESTONE, PRINCETON – EXTÉRIEUR APRÈS-MIDI

MUSIQUE :

Panoramique sur la bibliothèque Firestone, qui descend à partir de l’énorme tour.

SCÈNE 4 :

BIBLIOTHÈQUE FIRESTONE, PRINCETON – INTÉRIEUR APRÈS-MIDI

À l’intérieur de la bibliothèque, MICHAEL transporte une pile de livres dans un couloir. Il arrive à une porte où l’on lit :

SALLE DE FLASHAGE

MICHAEL entre. Il y a quelqu’un d’autre, un UNIVERSITAIRE D’UN CERTAIN ÂGE, penché sur une machine, dont une douzaine d’exemplaires occupe la pièce.

MICHAEL

(sur un ton engageant)

Salut !

L’UNIVERSITAIRE lui jette un regard noir par-dessus son épaule avant de revenir à son travail.

MICHAEL hausse les épaules et se dirige vers la machine la plus éloignée de L’UNIVERSITAIRE revêche.

SCÈNE 5 :

BÂTIMENT DE MECANIQUE QUANTIQUE, PRINCETON, MÊME MOMENT – EXTÉRIEUR JOUR

La MUSIQUE continue.

STEVE est assis, appuyé contre un grand châtaignier, son sac en nylon bleu posé par terre à côté de lui.

Sur les genoux de STEVE, un carnet de dessin, vers lequel nous AVANÇONS.

Un dessin très compétent de la statue en bronze du Triomphe de la Science qui se dresse devant le bâtiment de Mécanique quantique.

STEVE donne l’impression de dessiner : levant et baissant les yeux entre la statue et le carnet sur ses genoux.

Série de PLANS sur :