Le VISAGE de STEVE, qui semble regarder en direction de la statue…
Le POINT DE VUE de STEVE : des PROFESSEURS et des ETUDIANTS qui entrent et sortent du bâtiment…
Le POUCE GAUCHE de STEVE : en train de manipuler le petit appareil de contrôle…
LE SAC EN NYLON BLEU et le petit trou sur son côté, par lequel nous pouvons tout juste discerner le reflet à la surface d’un objectif.
SCÈNE 6 :
BIBLIOTHÈQUE FIRESTONE, SALLE DE FLASHAGE – INTÉRIEUR, MÊME HEURE
La MUSIQUE continue :
MICHAEL se tient devant la machine de flashage et la regarde, la trouvant assez impressionnante. Elle ressemble à un scanner, mais la disposition et la conception des contrôles lui sont terriblement étrangères.
Il ouvre le premier livre de sa pile. Nous en voyons le titre. Gloder : les jeunes années par Charles B Flood. Un autocollant orange fluo dans le coin supérieur droit de la jaquette annonce : TEXTE FLASHABLE.
MICHAEL ouvre le livre et le feuillette à peu près jusqu’au milieu du volume, en lisant en diagonale des pavés de texte. Il retourne ensuite l’ouvrage et examine le dos, le scrutant de haut en bas, et il tâte avec le pouce. Il est surpris de ne rien sentir.
Puis, il place le livre, LE DOS VERS LE BAS, dans une petite gouttière sur la machine, où il est fermement agrippé. La machine produit un bip discret quand le livre s’insère dans la rainure.
Un affichage sur le panneau avant lui demande de taper le matricule d’étudiant.
MICHAEL obéit.
L’affichage annonce : Bienvenue, Michael D Young.
MICHAEL sourit.
L’affichage change pour afficher : Nbre de pages ? 1=TOUTES, 2=SÉLECTION.
MICHAEL tape 2.
L’affichage demande Sélection ?
MICHAEL tape 1-140.
L’affichage demande : Insérer cart.
MICHAEL sort de son sac une petite cart noire et la glisse dans une fente sous l’écran d’affichage principal.
La machine produit un léger vrombissement et l’affichage annonce : Flashage en cours, veuillez patienter.
MICHAEL regarde les livres suivants dans sa pile : parmi eux, nous notons Gloder : l’aristocrate par A L Parlange, Le prince Rudolf ? par Mouton et Grover et Les Kampfparolen de Gloder : nouvelle traduction annotée par A C Spearman. Tous portent le même autocollant orange fluo qui annonce TEXTE FLASHABLE.
La machine émet un bip, la cart est éjectée, MICHAEL regarde l’écran, qui annonce Flashage terminé : retirez la cart. MICHAEL s’exécute.
L’écran affiche : Les données flashées s’effaceront le 29/06/96. MICHAEL griffonne Gloder : jeunes années sur l’étiquette de la cart et prépare le livre suivant pour le flashage.
SCÈNE 7 :
BÂTIMENT DE MECANIQUE QUANTIQUE – EXTÉRIEUR, MÊME HEURE
La MUSIQUE continue :
STEVE est toujours assis sereinement sous le châtaignier, apparemment en train de dessiner.
Nous voyons le sac en nylon.
Nous voyons la main gauche de STEVE.
Gros plan sur l’objectif dans le sac.
La MUSIQUE monte vers un paroxysme.
Maintenant, un montage de PLANS animés qui se figent en CLICHÉS de gens qui entrent et qui sortent du bâtiment :
UN COUPLE DE FEMMES QUI RIENT, EN SE TENANT PAR LES ÉPAULES.
UN ÉTUDIANT AUX ALLURES DE GEEK QUI REDRESSE SES LUNETTES.
UN HOMME PLUS ÂGÉ, POSÉ, AVEC DES LUNETTES DE SOLEIL.
UN VIEUX PROFESSEUR EXCENTRIQUE AVEC LES CHEVEUX EN BATAILLE.
QUATRE JEUNES ÉTUDIANTS, EN TRAIN DE MANGER DES GLACES.
UN HOMME D’UN CERTAIN ÂGE, DE PROFIL, QUI DISCUTE AVEC UNE FEMME.
UN AUTRE ÉTUDIANT AUX ALLURES DE GEEK, QUI ÉVOQUE UN LAPIN TIMIDE.
SOUDAIN…
Un énorme POUCE humain entre dans le champ et retire la dernière PHOTO pour révéler derrière elle la précédente : L’HOMME D’UN CERTAIN ÂGE, DE PROFIL, QUI DISCUTE AVEC UNE FEMME.
MICHAEL
(hors champ)
(dans un chuchotement enthousiaste)
C’est lui !
SCÈNE 8 :
CHEZ P.J., NASSAU STREET – INTÉRIEUR SOIR
MICHAEL et STEVE sont assis chez PJ, à leur table près de la vitrine. Le tas de clichés s’étale devant MICHAEL. Il en dégage un.
MICHAEL
(suite)
La barbe a disparu, Dieu merci – mais c’est bien lui.
STEVE prend les photos et les range dans une chemise. Il regarde autour de lui.
Il y a peu de monde dans l’établissement. À la table la plus proche d’eux, deux étudiants, homme et femme, se tiennent les mains et ne leur accordent manifestement aucune attention. La situation paraît sans danger.
STEVE
Parfait. Demain, j’irai trouver où il habite. Et comment ça se passe, à la bibliothèque ?
MICHAEL
Terminé. Fastoche.
STEVE
Pardon ?
MICHAEL
C’est super. Ridiculement simple.
STEVE
Bien sûr. Mais le problème suivant, c’est qu’il faut que je te montre comment utiliser les Paps. Donc, nous irons dans ta chambre et je t’apprendrai. Mais souviens-toi… Pas un mot de tout ceci.
JO-BETH la serveuse approche.
STEVE
Salut, Jo-Beth.
JO-BETH
Garde tes Salut, Jo-Beth ! pour toi, sale fouine.
STEVE (surpris)
Heu, pardon ?
JO-BETH
Alors, comme ça, on sort ensemble, hein ? Hé bien, première nouvelle. C’est une blague de mauvais goût, c’est ça ?
MICHAEL
(ravalant sa salive)
Aïe, heu…
STEVE
De quoi tu parles ?
Jo-BETH
T’as un sacré toupet, quand même, Steve Burns : aller raconter à Ronnie Cain qu’on sort ensemble, toi et moi !
STEVE
Quoi ?
MICHAEL
Oh, non… C’est de ma faute… Vois-tu…
JO-BETH et STEVE se retournent vers lui, surpris.
MICHAEL
(suite)
(un peu embarrassé)
Vois-tu, j’ai dit à Ronnie que Steve t’admirait, Jo-Beth. Tu sais, qu’il essayait de trouver le courage de te demander de sortir avec lui, un de ces jours. Je suppose qu’il a tout compris de travers…
JO-BETH
(rougissant avec un sourire)
Ah bon ? Mais, pourquoi ne pas me le dire, Steve ?
(le tapant par taquinerie avec un menu)
Franchement, les gars… on vous dit intelligents, mais vous ne connaissez pas grand-chose aux femmes…
STEVE s’efforce de sourire. Son rougissement semble confirmer son adoration.