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STEVE

Bon, donc si tu as besoin de changer quoi que ce soit, il te suffit de le toucher. Ensuite, tu touches le glyphe parole et tu dis ce que tu veux dire. Tu peux pas te tromper.

MICHAEL regarde toute une zone de texte, qui dit :

TEXTE

La première déduction tire les idées de Non-être et de Devenir de celle d’Être. Nous commençons par la notion d’Être, puisqu’il ne peut y avoir d’idée plus générale que celle-ci. En s’appliquant à l’entièreté de ce qui existe, l’Être paraît doté d’une grande abondance de sens. Et cependant, en n’opérant aucune distinction, l’idée d’Être révèle sa vacuité, se changeant en son opposé, le Non-être. Mais alors, le passage du Non-être à l’Être est ce que nous entendons par Devenir. De cette façon, nous avons dérivé les trois premières des 272 catégories de Hegel.

MICHAEL

Ce sont mes notes, ça ?

STEVE

Bien sûr.

MICHAEL

Ouah. Je suis un génie !

MICHAEL se penche en avant et touche la première phrase : La première déduction tire les idées de Non-être et de Devenir de celle d’Être. Ensuite, il touche le glyphe parole et parle.

MICHAEL

C’est sans doute le truc totalement le plus cool que j’aie jamais vu.

Instantanément, le texte dit à présent : C’est sans doute le truc totalement le plus cool que j’aie jamais vu.

MICHAEL

Ouah ! Mortel. Complètement mortel.

Le texte dit à présent : C’est sans doute le truc totalement le plus cool que j’aie jamais vu. Ouah ! Mortel. Complètement mortel.

STEVE rit et touche l’écran.

STEVE

Tu as oublié d’éteindre le glyphe parole.

MICHAEL

Comment fait-il pour savoir la ponctuation ?

STEVE

Il ne tombe pas toujours juste. Mais il reconnaît les inflexions, les pauses et ce genre de choses.

(se souvenant qu’on les écoute peut-être)

Tu es sûr que tu ne te souviens de rien ?

MICHAEL

Oh. Ouais. Bien sûr. Ça me revient. Tout me revient. J’avais simplement oublié combien c’est cool. Chouette. Tu sais, vraiment chouette. Mais ça, c’est quoi…

Il montre du doigt un panneau où s’inscrit pléonasme ?

STEVE

Il t’interroge sur l’expression totalement le plus cool, parce que c’est un pléonasme.

MICHAEL

(secouant la tête avec émerveillement)

Ouah !

STEVE

C’est sûr.

MICHAEL

D’accord. Bon. Imaginons que j’ai retiré un livre à la bibliothèque et que je l’ai téléchargé sur un des ces machins…

STEVE

Que tu l’as flashé sur une cart, tu veux dire ?

MICHAEL

Voilà. Flashé sur une cart.

STEVE prend en silence les carts dans le sac de MICHAEL. Elles portent les titres griffonnés de la main de MICHAEL, Gloder : les jeunes années et ainsi de suite.

STEVE

Voilà ce que tu fais : tu introduis la cart…

Il enfonce la cart dans la fente de cart sous l’écran.

STEVE

(suite)

Un glyphe apparaît à l’écran.

En effet, nous en voyons la confirmation sur l’écran. L’icône représentative a la forme d’une cart.

STEVE

(suite)

…tu touches le glyphe et… abracadabra !

Le glyphe s’ouvre avec un effet de zoom et des pages du livre Gloder : les jeunes années apparaissent à l’écran, parfaitement reproduites.

STEVE

(suite)

Pour faire défiler les pages, tu touches les flèches, ici, tu vois ? Ou tu emploies le glyphe parole pour aller à la page que tu veux.

MICHAEL

Et je peux utiliser ce texte, le déplacer, l’incorporer dans mes propres notes ?

STEVE

Bien sûr. Les données sur la cart s’effaceront au bout de deux semaines. Et toute donnée que tu emploies dans un devoir est immédiatement identifiée par une note en bas de page et un copyright et placée dans une bibliographie à la fin. Pour éviter la triche, tu comprends, les violations de copyright, ce genre de choses ?

MICHAEL

Et où se trouve tout mon travail ? Je veux dire, où est-ce qu’il existe vraiment, physiquement ?

STEVE

Alors là, j’en sais rien. Quelque part dans le labo d’informatique, je suppose.

MICHAEL

Mais suppose que j’écrive des lettres chez moi, des trucs personnels, un journal, ce genre de choses ?

STEVE

Si tu touches le glyphe privé, ici, personne d’autre que toi ne peut le lire.

MICHAEL

Super. Donc, maintenant, je peux reprendre mon travail. Je peux rédiger des essais, mes devoirs et… comment je les imprime ?

STEVE

Tu les flashes simplement sur une cart et tu les apportes dans une salle d’impression quelque part. Il y en a une dans chaque bâtiment de la faculté, chaque immeuble de résidence universitaire. C’est tout simple.

MICHAEL

C’est tellement cool. Je savais bien que Windows 95 était une merde totale, mais…

STEVE

Euh, pardon ?

MICHAEL

Rien, rien. Depuis combien de temps est-ce que ça existe ? Enfin, j’ai oublié, apparemment…

STEVE

Ça ? Oh, c’est vieux. C’est la copie d’un système européen des années soixante-dix. Mais tu devrais voir ce qui se prépare. Il y a ici un transfuge allemand, un type du nom de Krause, Kai Krause. Les trucs qu’il a imaginés te flanqueraient le vertige. J’ai vu une démo en labo d’informatique, un jour.

(regarde l’écran)

Bon, si jamais tu as besoin d’envoyer un message, voilà comment tu fais.

STEVE touche un glyphe messagerie sur le côté de l’écran. Les pages de texte sur l’écran s’évanouissent proprement sur elles-mêmes et un nouvel écran se révèle derrière. Une batterie de glyphes superbement conçus.

STEVE

Touche le glyphe parole et dis ton nom.

MICHAEL

(en touchant le glyphe parole)

Michael Young.

Sur l’écran apparaissent deux Michael Young.

STEVE appuie sur le glyphe parole pour l’éteindre.

STEVE

Oh oh, tu as un homonyme. Te voilà, toi, Young, Michael D. L’autre est simplement Young, Michael, sans initiale. En plus, c’est un première année. Tu vois ? Il y a son année de classe, à côté de son nom.

STEVE touche le nom YOUNG, MICHAEL D… un petit panneau apparaît.

MICHAEL

C’est moi ! 303, Henry Hall ! Qu’est-ce que c’est, toutes ces icônes ?

STEVE

Des glyphes, ce sont des glyphes, Mikey. Tu touches celui-ci pour ouvrir un panneau d’info, celui-là pour passer un appel vocal, cet autre pour laisser un message sur le Pap de quelqu’un d’autre.