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Grand-Mère demande:

– Et avec quoi voulez-vous me payer? L'argent ne vaut rien.

L'officier dit:

– En échange de votre terrain, nous installons l'eau courante et l'électricité dans votre maison.

Grand-Mère dit:

– Je n'ai besoin ni de votre électricité ni de votre eau courante. J'ai toujours vécu sans.

L'officier dit:

– Nous pouvons aussi prendre votre vigne sans rien vous offrir en échange. Et c'est ce que nous allons faire si vous n'acceptez pas notre proposition. L'armée a besoin de votre terrain. Votre devoir de patriote est de le lui donner.

Grand-Mère ouvre la bouche. mais nous intervenons:

– Grand-Mère, vous êtes âgée et fatiguée. La vigne vous donne beaucoup de travail et ne rapporte presque rien. Par contre, la valeur de votre maison augmentera beaucoup avec l'eau et l'électricité.

L'officier dit:

– Vos petits-fils sont plus intelligents que vous, Grand-Mère.

Grand-Mère dit:

– Ça vous pouvez le dire! Discutez donc avec eux. Qu'ils décident.

L'officier dit:

– Mais j'ai besoin de votre signature.

– Je signerai tout ce que vous voulez. De toute façon, je ne sais pas écrire.

Grand-Mère se met à pleurer, elle se lève, elle nous dit:

–  Je vous fais confiance.

Elle s'en va dans sa vigne.

L'officier dit:

– Comme elle aime sa vigne, la pauvre petite vieille. Alors, affaire conclue?

Nous disons:

– Comme vous avez pu le constater vous-même, ce terrain a une grande valeur sentimentale pour elle et l'armée ne voudra certainement pas dépouiller de son bien durement acquis une pauvre petite vieille qui, en outre, est originaire du pays de nos héroïques Libérateurs.

L'officier dit:

– Ah, oui? Elle est d'origine…

– Oui. Elle parle parfaitement leur langue. Et nous aussi. Et si vous avez l'intention de commettre un abus…

L'officier dit très vite:

– Mais non, mais non! Qu'est-ce que vous voulez?

– En plus de l'eau et de l'électricité, nous voulons une salle de bains.

– Rien que ça! Et où la voulez-vous, votre salle de bains?

Nous le conduisons dans notre chambre, nous lui montrons où nous voulons notre salle de bains.

– Ici, donnant sur notre chambre. Sept à huit mètres carrés. Baignoire encastrée, lavabo, douche, chauffe-eau, WC.

Il nous regarde longuement, il dit:

– C'est faisable.

Nous disons:

– Nous voudrions aussi un poste de radio. Nous n'en avons pas et il n'est pas possible d'en acheter.

Il demande:

– Et c'est tout?

– Oui, c'est tout.

Il éclate de rire:

– Vous aurez votre salle de bains et votre radio. Mais j'aurais mieux fait de discuter avec votre grand-mère.

La maladie de Grand-Mère

Un matin, Grand-Mère ne sort pas de sa chambre. Nous frappons à sa porte, nous l'appelons, elle ne répond pas.

Nous allons derrière la maison, nous brisons un carreau de la fenêtre de sa chambre pour pouvoir y entrer.

Grand-Mère est couchée sur le lit, elle ne bouge pas. Pourtant elle respire et son cœur bat. L'un de nous reste près d'elle, l'autre va chercher un médecin.

Le médecin examine Grand-Mère. Il dit:

– Votre Grand-Mère a eu une attaque d'apoplexie, une hémorragie cérébrale.

– Elle va mourir?