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Ma lourde s’ouvre dans mon dos. Je volte en trombe. Ce n’est que la femme de chambre portugaise de tout à l’heure qui vient faire le ménage.

Elle bredouille :

— Oh ! escousate, moussiou !

Va pour se retirer.

— Non, non, faisez, faisez ! lancé-je.

Et de me précipiter. Elle croit que c’est sur elle et procède mentalement au check-list de sa culotte pour savoir si elle est apte à accueillir un beau garçon élégant et racé jusqu’au bout du gland ; mais ça n’est pas après son cul que j’en ai.

Magine-toi que lorsque l’ancillaire a déponné et que je me suis retourné, j’ai aperçu un type qui entrait dans la chambre de notre stoppeuse. Il y pénétrait furtivement et elle a fermé si brusquement que, si les hommes portaient leur bite dans le dos au lieu de la porter devant, elle lui aurait coincé la queue comme à n’importe quel matou.

Ma pomme court esgourder à la lourde de la gosse aux seins de Toussaint. Je perçois des mimis clapoteurs. Dis, c’est une rapide ! Elle vient de se lever un employé d’hôtel ou quoi ?

La gentille Portugaise méduse pis que Géricault.

— Vous ne faites qué ça, moussiou ! s’exclame-t-elle.

Là, elle me prend carrément pour un mateur de la plus basse espèce.

— Prêtez-moi votre passe, petite chérie !

— Mais jé n’é pas lé droit !

J’avise la carte magnétique dans la poche supérieure de sa blouse et la cueille de mes deux doigts en pince.

— Alors je le prends. Fais la chambre pendant ce temps, et si tu es gentille, je te proposerai un toucher de la valve.

Je retourne à la lourde de la môme (à laquelle nous n’avons même pas demandé son prénom) et glisse le bristol dans le contacteur. Un menu déclic. Je pousse un brin l’huis. Assez pour aviser l’insatiable péronnelle en train de se faire miser le zéro par un individu dont je ne vois que le cul. J’entre sans bruit. La moquette est de somptueuse qualité à l’Intersidéral. Un coït d’éléphant passerait inaperçu des voisins immédiats.

Le gonzier verge à tout va. C’est pas véritablement de l’art mais de la bonne troussée artisanale, du coït de militaire en permission ou de voyageur de commerce rentrant d’une longue tournée. Je m’assieds sur une chaise et j’attends la fin de cet accouplement. Les mains de la donzelle cramponnent les meules à Nestor et ses ongles s’y incrustent. Elle garde ses jambes rectilignes, à la verticale, ce qui te prouve sa souplesse. Ça change des mémères que tu verges comme des tas de boue ! Note qu’avec ces dernières, c’est tout bon : tu fais ton trou où ça t’arrange.

Je note que la princesse est beaucoup plus discrète qu’avec M. Blanc, signe que les sensations qu’elle éprouve maintenant sont beaucoup plus neutres. L’énergumène du prose s’emballe à mort et balance son excédent de bagages en poussant un « Ouais !!! » de supporter dont l’équipe vient de marquer un but.

— Correct ! lâché-je, quoiqu’un peu bâclé, mais vous vous rattraperez aux figures libres !

Des paroles qui sèment la désunion, espère ! Tu verrais Messire, sa cabriole ! Il retombe assis sur le plumard, avec son beau chibrac verni en perdition.

— Mais je te reconnais, Chaud Lapin ! exclamé-je. Tu peux pas vivre sans elle, ou tu es venu lui rapporter son sac ?

Car, tu l’auras compris, Riri, le vergeur de la gosse n’est autre que le gredin qui voulait déjà la sabrer sur l’aire des Lampions.

Il déconfite à tout va. La péteuse, quant à elle, me charge de regards mauvais qui me souhaiteraient mort ou, pour le moins, paralysé à vie.

— C’est changeant, une nière, lui dis-je. Hier soir tu rebuffais ce mec et ce jourd’hui tu t’en mets vingt-deux centimètres dans le train des équipages ! Qu’est-ce qui motive ce revirement, Poupette ? T’es pourtant pas en manque : ce morninge, mon copain le négro t’a tapé dans la lune de première, non ?

— Un Noir ! sursaute le Furet (je t’ai pas dit : il a une tronche de furet).

— Monsieur est raciste ? m’enquiers-je. Si c’est le cas, faut te faire une raison, zonzon : la signorita s’est embourbé un Sénégalais tellement noir que tu dirais un Suédois en négatif !

— Salope ! il invective.

Et de lui allonger une tatouille Grand Siècle.

Moi, je supporte pas qu’on tabasse une greluse, fût-elle la dernière des pétasses. Je lui shoote un péno dans les jumeaux. Il tombe à genoux comme frappé non par moi, mais par la grâce.

— Maintenant, on se met gentiment à jour, fais-je. Racontez-moi votre roman-photo, les gars, j’ai justement un peu de temps libre.

Lui, son roman, il en est au chapitre « burnes enflées » et n’a pas d’autres préoccupations en ce monde. C’est donc sur la greluse que je compte.

— Votre coup de la scène du viol par toute la troupe, vous l’avez exécuté pour moi, personnellement, ou bien il fait partie d’un scénario à répétition ?

Elle prend le parti le plus sage : celui du décarpillage de conscience.

Son récit est bref, pas très reluisant. Ils sont deux traîne-lattes sans boulot qui roulent leur fainéantise par les routes de France, Navarre et pays francophones. Ils se sont spécialisés dans le travail sur autoroutes : chouravant des tires sur les parkings à restaurant pendant que le bon monde bouffe, explorant les coffres pour piquer les bagages et autres gracieusetés du genre. Parfois, aux heures creuses, elle chique à l’auto-stoppeuse en bute aux entreprises du gonzier qui l’a chargée. Bien que les gens courageux soient de plus en plus en perdition, il se trouve encore parfois un Bayard de passage qui ose intervenir. Alors là, c’est de la gaufrette ! Le « séducteur » se barre à tire-d’aile et la nana joue les jouvencelles dépouillées. Les connards conquérants ne se sentent plus, se prennent pour Rambo, embarquent la donzelle, lui offrent l’hôtel, la bouffe, du pognon. Elle n’est pas regardante du réchaud avec eux et parvient très souvent à leur secouer de l’osier, voire des bijoux. Bref, c’est une vie patachonne, mais tout plein rigolote. La preuve : elle sourit en la racontant.

Moi, je la trouve désarmante.

— Comment t’appelles-tu ?

— Charlotte…

— Et ton mac ?

— Charly !

— Charly et Charlotte, fais-je, ce pourrait être le titre d’un film drôle. Les aventures et mésaventures de deux petits arnaqueurs d’autoroutes.

— Vous allez nous chercher des patins ? s’inquiète-t-elle.

— Non, rassure-toi, Bébé, vos tribulations ne sont pas de mon ressort.

— Vous êtes chou, pour un flic.

— Je me demande si ton pote est de cet avis. Je crains qu’il soit inapte à la carambole pour quelque temps. T’as vu sa frime verdâtre et la manière dont il se cramponne les bijoux de famille à deux mains ? Comment t’a-t-il retrouvée ?

— Pas dif : il s’embusque à la sortie de l’aire de repos suivante et, quand nous passons, il nous file.

— Une 500 SL, il peut la suivre ? sceptiqué-je.

Elle hoche la tête et va prendre dans un tiroir un petit bloc de plastique crème de la grosseur d’un paquet de cigarettes, fixé à une sangle.

— Un « bip bip » ? fais-je. Chapeau pour l’outillage ! Vous êtes organisés.

Sur ces entrefesses le téléphone sonne. Je décroche. La standardiste demande si « le commissaire San-Antonio ne se trouverait pas là car sa chambre ne répond pas ». Je lui donne satisfaction et elle me passe Mathias.

— Déjà des news, Grand ?

— Ne m’as-TU pas dit que ça urgeait, Antoine ?

— Chapeau ! L’homme qui répond avant qu’on lui pose les questions.

Il doit mouiller en surabondance. Va falloir qu’il rentre chez lui pour changer de slip !