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Après le petit-déjeuner, Mr. Trelawny nous emmena dans le bureau. Il dit en entrant:

– J'ai demandé à Margaret de venir aussi.

Quand nous fûmes assis, il dit avec gravité:

– Je vous ai laissé entendre hier soir que nous aurions peut-être quelque chose à nous dire. J'ose croire que vous avez pu penser qu'il s'agissait de Margaret et de vous. N'est-ce pas?

– Je crois.

– Eh bien, mon garçon, c'est parfait. Margaret et moi, nous avons parlé, je connais ses désirs.

Il tendit la main. Quand je l'eus saisie et que j'eus embrassé Margaret, que celle-ci eut rapproché son siège du mien, pour que nous puissions, en écoutant, nous tenir par la main, il poursuivit, mais avec une certaine hésitation – on aurait pu presque parler de nervosité – qui était nouvelle pour moi:

– Vous connaissez beaucoup de choses sur ma chasse après cette momie et ce qui lui appartenait; et j'ose croire que vous avez deviné une grande partie de mes théories. Mais en tout cas, je les expliquerai plus tard, d'une manière concise et catégorique, si cela est nécessaire. Le point sur lequel je veux vous consulter à présent est celui-ci Margaret et moi, nous sommes en désaccord sur une question. Je suis sur le point de faire une expérience; l'expérience qui couronnera vingt années de recherches, de dangers courus, de travaux de préparation. Grâce à cette expérience nous pouvons apprendre des choses qui ont été tenues à l'écart des yeux et de la connaissance des hommes depuis des siècles – des dizaines de siècles. Je ne désire pas que ma fille soit présente; car je ne peux pas m'aveugler sur un point: il peut y avoir du danger – un grave danger, et d'une nature inconnue. Cependant, j'en ai déjà affronté de tels, de même que le courageux savant qui m'a aidé dans mon œuvre. En ce qui me concerne, je suis disposé à courir n'importe quel risque. Pour que la science, l'histoire, et la philosophie puissent en bénéficier; et nous allons peut-être tourner une page d'une sagesse inconnue dans ce siècle terre à terre. Mais j'hésite à faire courir à ma fille un tel risque. Sa jeune et brillante existence est trop précieuse pour être exposée de la sorte; surtout à présent où elle se trouve sur le seuil d'un bonheur nouveau. Je ne désire pas voir sa vie sacrifiée, comme a été celle de sa chère mère…

Il s'interrompit un moment, et se couvrit les yeux des mains. En un instant, Margaret fut à côté de lui, le serra contre elle, l'embrassa, le réconforta par des paroles affectueuses. Puis, en se redressant, une main posée sur la tête de son père, elle dit:

– Père! mère ne vous a pas prié de rester auprès d'elle, même lorsque vous vouliez partir pour ce voyage en Égypte présentant des dangers inconnus, bien que ce pays ait été bouleversé de fond en comble par la guerre et les dangers qui en découlent. Vous m'avez dit qu'elle vous avait laissé libre de partir si vous le désiriez; cependant le fait qu'elle craignait un danger pour vous est prouvé par ceci! Elle leva son poignet avec la cicatrice d'où le sang paraissait couler. À présent, la fille agit comme aurait agi la mère!

Puis se tournant vers moi:

– Malcolm, vous savez que je vous aime! Mais l'amour c'est la confiance; et vous devez avoir confiance en moi aussi bien devant le danger que dans la joie. Vous et moi, nous devons nous tenir aux côtés de mon père devant ce péril inconnu.

– Mr. Trelawny! dans ceci, Margaret et moi, nous ne faisons qu'un!

Il prit nos mains et les serra fort. Puis il dit, en proie à une profonde émotion:

– C'est ce que sa mère aurait fait!

Mr. Corbeck et le Dr Winchester arrivèrent exactement à l'heure fixée et vinrent nous rejoindre dans la bibliothèque. Malgré mon grand bonheur, je trouvai à notre réunion quelque chose de solennel. Car je ne pourrais jamais oublier les choses étranges qui s'étaient passées, et la perspective des choses étranges qui pourraient à nouveau se produire faisait planer comme un nuage qui nous oppressait tous. De la gravité de mes compagnons je déduisais qu'ils étaient eux aussi sous l'emprise d'une pensée obsédante.

Nous rapprochâmes instinctivement nos sièges de manière à former un cercle autour de Mr. Trelawny qui avait pris le grand fauteuil près de la fenêtre. Margaret était assise à sa droite, et j'étais à côté d'elle. Mr. Corbeck était à sa gauche avec le Dr Winchester de l'autre côté. Après quelques secondes de silence, Mr. Trelawny dit à Mr. Corbeck:

– Vous avez mis le Dr Winchester au courant de tout ce qui s'était passé jusqu'à aujourd'hui, comme nous en étions convenus?

– Oui, répondit-il, si bien que Mr. Trelawny dit:

– Et j'ai tout dit à Margaret, ce qui fait que nous sommes tous au courant.

Alors, se tournant vers le docteur, il demanda:

– Dois-je comprendre que, sachant tout comme nous, qui avons suivi l'affaire en question depuis des années, vous désirez participer à l'expérience que nous espérons tenter?

Sa réponse fut directe et sans équivoque.

– Certainement! Voyons, lorsque cette affaire était toute nouvelle pour moi, j'ai offert de la suivre jusqu'à sa conclusion. À présent qu'elle présente un si étrange intérêt, je ne m'en désintéresserais pas pour tout l'or du monde. Rassurez-vous tout à fait, Mr. Trelawny. Je suis un savant et un chercheur. Je ne dépends de personne, personne ne dépend de moi. Je suis tout à fait seul, et libre de faire ce que je veux avec ce qui m'appartient – y compris ma vie!

Mr. Trelawny s'inclina avec gravité et, se tournant vers Mr. Corbeck, il déclara:

– Voilà bien des années que je connais vos idées, mon vieil ami; je n'ai donc pas à vous poser de question. Quant à Margaret et Malcolm Ross, ils m'ont déjà dit leur façon de voir d'une façon non équivoque.

» L'expérience qui s'offre à nous consiste à essayer de savoir s'il y a vraiment une force, une réalité, dans la vieille Magie. Il ne peut pas y avoir de conditions plus favorables pour cette tentative, et mon désir est de réaliser tout ce qu'il est possible de faire pour mettre à exécution le projet d'origine. Qu'il existe un tel pouvoir, je le crois fermement. Il n'est peut-être pas possible de susciter, ou d'aménager, de diriger un tel pouvoir de nos jours; mais je prétends que si un tel pouvoir a existé dans les Temps Anciens, il peut présenter quelque survivance exceptionnelle. Après tout, la Bible n'est pas un mythe; et nous y lisons que le soleil s'est arrêté sur l'ordre d'un homme et qu'un âne – non pas un âne humain – a parlé. Et si, à Endor, la magicienne a pu évoquer devant Saül l'esprit de Samuel, il n'y a là qu'un cas choisi entre un grand nombre et le fait qu'elle ait été consultée par Saül n'est qu'une question de hasard. Il cherchait seulement un homme parmi ceux, nombreux, qu'il avait emmenés d'Israëclass="underline" «Tous ceux qui avaient des Esprits Familiers, et les Sorciers.» Cette Reine Égyptienne, Tera, qui régna près de deux mille ans avant Saül, avait un Esprit Familier, et était également une Sorcière. Voyez comment les prêtres de son époque, et ceux des époques ultérieures, ont essayé de faire disparaître son nom de la surface de la terre et de jeter un sort sur la porte même de son tombeau pour que personne ne pût découvrir le nom disparu. Et ils y sont si bien parvenus que même Manetho, l'historien des Rois Égypte, qui écrivait au dixième siècle avant Jésus-Christ, avec derrière lui toute la tradition des prêtres s'étendant sur quarante siècles, avec la possibilité de se référer à tous les documents existants, n'a même pas pu trouver son nom. En pensant aux événements récents, n'avez-vous pas, les uns ou les autres, été frappés par une chose: qu'était, ou qui était son Esprit Familier?