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Les sarcophages les plus intéressants étaient sans aucun doute les trois qui se trouvaient dans la chambre de Mr. Trelawny. Deux d'entre eux étaient faits d'une pierre de couleur sombre, l'un de porphyre, l'autre d'une sorte de minerai de fer ou d'hématite. Ils étaient gravés d'hiéroglyphes. Mais le troisième en différait d'une manière frappante. Il était fait dans une substance d'un jaune brun faisant penser à de l'onyx du Mexique; elle lui ressemblait à bien des égards, sauf que ses dessins étaient moins accentués. Çà et là se présentaient des surfaces presque transparentes – d'autres translucides à coup sûr. Le coffre tout entier, couvercle compris, était gravé de centaines peut-être de milliers d'hiéroglyphes minuscules, qui semblaient constituer des séries sans fin. Le dos, le devant, les côtés, les bords, le fond, avaient tous leur part de ces images délicates, tracées en bleu foncé, couleur qui tranchait sur la pierre jaune. Il était très long, près de trois mètres, sur peut-être un mètre de large. Les côtés étaient ondulés, si bien qu'il n'y avait pas de ligne brutale. Les coins eux-mêmes affectaient des courbes agréables à l'œil.

Ce sarcophage était placé près d'une fenêtre. Il était à un certain point de vue différent de tous les autres existant dans la maison. Tous ceux-là, quelle que fût la matière dont ils étaient faits – granit, porphyre, hématite, basalte, ardoise, ou bois – avaient à l'intérieur une forme très simple. Certains avaient une surface intérieure complètement lisse; d'autres étaient gravés, dans leur totalité ou partiellement, d'hiéroglyphes. Mais tous, autant qu'ils étaient, ne comportaient aucune protubérance ni aucune surface irrégulière. On aurait pu les utiliser comme baignoires; à dire vrai, ils ressemblaient à bien des égards aux bains romains de pierre ou de marbre que j'avais vus. Cependant, à l'intérieur de celui-ci, il y avait une surface en relief, affectant le contour d'un corps humain. Je demandai à Margaret si elle pouvait donner une explication quelconque de ce fait.

– Mon père, me répondit-elle, ne voulait jamais en parler. Cette particularité avait dès le début attiré mon attention; mais quand je lui demandai une explication, il me répondit: «Je te dirai tout un jour, petite fille – si je vis! Mais pas encore. L'histoire n'a pas été encore racontée, telle que j'espère te la raconter! Un jour, peut-être proche, je saurai tout; et nous verrons tout cela ensemble. Et tu trouveras là une histoire puissamment intéressante – du début à la fin!» Par la suite, je lui dis une fois – un peu à la légère, je le crains: «Est-ce que cette histoire du sarcophage est déjà racontée, père?» Il secoua la tête, me regarda d'un air grave et dit: «Pas encore, petite fille; mais elle le sera – si je vis – si je vis!» Cette façon de répéter qu'il fallait qu'il vive m'effrayait plutôt je ne me suis jamais risquée à le lui redemander.

Cela me faisait plus ou moins frissonner. Mais je ne pouvais dire exactement comment ni pourquoi; mais finalement cela projetait une certaine lumière. Il y a, je crois, des moments où l'esprit accepte quelque chose comme vrai; cependant il ne peut expliquer le cheminement de cette pensée, ni, s'il y a plus d'une pensée, quelle connexion existe entre elles. Jusque-là nous nous étions trouvés plongés dans une telle obscurité pour tout ce qui concernait Mr. Trelawny, et l'étrange visite qui lui était arrivée, que toute chose susceptible de fournir un indice, même le plus faible et le plus nébuleux, donnait immédiatement la satisfaction d'apporter un éclaircissement et une certitude. Il y avait ici deux points lumineux dans notre casse-tête. Le premier, c'était que Mr. Trelawny avait associé à cet objet déterminé un doute sur sa propre survie. Le second, c'était qu'il avait un certain but à atteindre en ce qui le concernait, ou qu'il en attendait quelque chose, qu'il ne dévoilerait, même à sa fille, qu'après sa réalisation. De nouveau, il fallait avoir présent à l'esprit le fait que ce sarcophage différait intérieurement de tous les autres. Que signifiait cette étrange partie en relief? Je ne dis rien à Miss Trelawny car je craignais de l'effrayer ou de faire naître en elle des espoirs futurs; mais je décidai de profiter de la première occasion pour procéder à une investigation plus poussée.

Tout à côté du sarcophage, se trouvait une table basse de pierre verte à veines rouges, comme du jaspe sanguin. Les pieds avaient été façonnés pour imiter les pattes d'un chacal, et autour de chaque pied s'enroulait un serpent délicatement ciselé dans de l'or massif. Sur cette table reposait un coffre étrange et très beau, ou un cercueil de pierre d'une forme particulière. Cela ressemblait en effet à un petit cercueil, avec la différence que les côtés les plus longs, au lieu d'être coupés perpendiculairement comme les parties supérieure et inférieure se terminaient en pointe.

C'était ainsi un heptaèdre irrégulier, puisqu'il comportait deux plans sur chacun des deux côtés, un bout, un dessus et un fond. La pierre, d'un seul morceau, dans laquelle il avait été creusé, ne ressemblait à rien de ce que j'avais vu. À la base, elle était d'un beau vert, de la couleur de l'émeraude sans avoir, bien entendu, son éclat. Elle n'était cependant en aucune façon terne, ni comme couleur, ni comme substance, mais d'une contexture très fine et d'une grande dureté. En allant vers le haut la couleur devenait plus claire, suivant une gradation imperceptible, pour arriver à un beau jaune qui était presque de la couleur de la porcelaine «mandarine». Cela ne ressemblait à rien que je connusse, c'était différent de toutes les pierres et gemmes que j'avais vues. Toute la surface à part quelques endroits, était gravée de fins hiéroglyphes, admirablement exécutés et colorés par le même ciment ou pigment qu'on observait sur le sarcophage. Le sarcophage avait à peu près deux pieds et demi de longueur; la moitié de largeur et près d'un pied de haut. Les espaces non gravés étaient distribués irrégulièrement sur la partie supérieure et jusqu'à l'extrémité pointue. Trois endroits paraissaient moins opaques que le reste de la pierre. J'essayai de soulever le couvercle, – pour voir si ces endroits étaient translucides; mais il était solidement fixé. Il s'adaptait si exactement que l'ensemble du coffre avait l'air d'être un seul bloc de pierre qui aurait été, on ne savait comment, évidé de l'intérieur. Sur les côtés et les bords se remarquaient des protubérances à l'aspect étrange qui avaient été sculptées en taillant directement la pierre. Ils avaient des trous ou des creux aux formes bizarres, tous différents les uns des autres; et, comme le reste, ils étaient couverts d'hiéroglyphes, gravés délicatement et remplis du même ciment bleu vert.

De l'autre côté du grand sarcophage se trouvait une autre petite table d'albâtre, délicatement ciselée de figures symboliques de dieux et de signes du zodiaque. Sur cette table était posée une boîte d'environ un pied carré faite de plaques de cristal de roche assemblées sur un châssis rouge doré, magnifiquement gravé d'hiéroglyphes, et coloré en bleu vert, très semblable à celui du sarcophage et du coffre. L'ensemble du travail était tout à fait moderne.