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– Alors la conséquence naturelle de votre conclusion est que Mr. Corbeck est un menteur et un fraudeur; et qu'il cherche, avec la complicité de Miss Trelawny, à tromper une personne ou une autre à propos de ces lampes.

– Voilà des termes bien durs, Mr. Ross. Ils sont tellement durs qu'ils sont susceptibles de paralyser un homme et d'inspirer de nouveaux doutes à son égard. Mais il faut que j'aille dans la direction que m'indique mon raisonnement. Il est possible qu'il y ait dans l'affaire quelqu'un d'autre que Miss Trelawny. À dire vrai, s'il n'y avait pas eu cette autre affaire qui m'a fait réfléchir et qui m'a inspiré des doutes particuliers à son endroit, je n'aurais jamais songé à la mêler à tout cela. Mais je suis formel pour Corbeck. Quel que soit l'autre qui ait trempé dans l'affaire, lui en est en tout cas! Les objets n'ont pas pu être dérobés sans sa connivence – si ce qu'il dit est vrai. Si ça ne l'est pas, eh bien, c'est en tout cas un menteur! Je penserais que c'est une mauvaise chose qu'il reste dans la maison avec tant d'objets de valeur, mais l'avantage est que cela nous donnera à mon collègue et à moi, l'occasion de l'observer. Nous allons exercer une belle surveillance, c'est moi qui vous le dis. Il est là-haut dans ma chambre, il garde ces lampes; mais Johnny Wright est là, lui aussi. J'irai avant qu'il ne s'en aille; mais il n'y aura pas beaucoup de risque de violation de domicile. Naturellement, Mr. Ross, tout ce que nous venons de dire reste entre nous.

Peu après, j'eus une nouvelle visite privée du Dr Winchester qui venait comme chaque soir, de voir son malade et qui rentrait chez lui. Il s'assit et commença aussitôt:

– C'est tout de même une affaire étrange. Miss Trelawny vient de me parler du vol de ces lampes, et de la façon dont on les a retrouvées dans le cabinet Empire. Je me demande si je pourrais poser quelques questions à Mr. Corbeck et solliciter son concours, sans donner lieu à de nouvelles complications susceptibles de nous embarrasser? Il paraît savoir énormément de choses sur l'Égypte et sur tout ce qui s'y rapporte. Il ne verrait peut-être pas d'inconvénient à nous traduire quelques hiéroglyphes. C'est pour lui un jeu d'enfant. Qu'en pensez-vous?

Je réfléchis quelques secondes avant de répondre. Nous avions besoin de tous les concours possibles. Pour ma part, j'avais une parfaite confiance dans ces deux hommes; comparer des notes, se prêter une assistance mutuelle, cela pourrait donner de bons résultats. En tout cas, cela ne pouvait pas faire de mal.

– Attendez! dis-je, pourquoi ne resteriez-vous pas un moment; je vais lui demander de venir fumer une pipe avec nous. Nous pourrons réexaminer tout cela.

Il acquiesça; j'allai donc dans la chambre où se trouvait Mr. Corbeck, et le ramenai avec moi. Je pensais que les détectives étaient heureux qu'il vienne. Tandis que nous nous rendions dans ma chambre, il dit:

– Je n'aime pas tellement laisser ces objets là avec seulement ces hommes pour les garder. Ils sont beaucoup trop précieux pour être confiés à la police!

D'où il ressortait que la suspicion n'était pas réservée au sergent Daw.

Mr. Corbeck et le Dr Winchester, après avoir échangé un rapide coup d'œil, devinrent tout de suite très amis. Le voyageur proclama son désir de fournir toute l'assistance qu'il pourrait, pourvu ajouta-t-il, que ce soit sur un sujet à propos duquel il était libre de parler. Ce n'était pas très prometteur; mais le Dr Winchester commença aussitôt:

– J'aimerais, si vous le voulez bien, que vous me traduisiez quelques hiéroglyphes.

– Certainement, avec le plus grand plaisir, dans la mesure où je le pourrai. Car je peux vous dire qu'on n'est pas encore complètement en possession de l'écriture hiéroglyphique; bien que nous en approchions! Nous en approchons! Quelle est cette inscription?

– Il y en a deux, répondit-il. Je vais vous en apporter une.

Il sortit et revint une minute après avec la momie qu'il avait le même soir présentée à Silvio. Le savant la prit et, après un rapide examen, il déclara:

– Cette inscription ne présente rien de spécial. C'est une invocation à Bast, la divinité de Bubastis, pour qu'elle lui donne du bon pain et du lait aux Champs-Élysées. Il y en a peut-être plus long à l'intérieur; et si cela ne vous fait rien de le dérouler, je ferai de mon mieux. Je ne pense pas, toutefois, qu'il n'y ait rien de spécial. D'après la méthode d'emmaillotement je pourrais dire que cela provient du Delta; et d'une période récente, car ce travail est vulgaire et bon marché. Quelle est l'autre inscription que vous vouliez me montrer?

– L'inscription qui se trouve sur la momie de chat qui est dans la chambre de Mr. Trelawny.

Mr. Corbeck changea aussitôt d'expression.

– Non! dit-il, je ne peux pas faire cela. Je suis, quant à présent et à toute éventualité, lié par le secret qui concerne tous les objets se trouvant dans la chambre de Mr. Trelawny. Il ne faut pas vous méprendre! Je ne suis lié par aucun serment, mais par le respect que je dois à Mr. Trelawny en raison de la confiance qu'il m'a faite, je peux vous le dire, dans une très large mesure. Au sujet d'un grand nombre des objets de cette pièce, il envisage des projets très précis; et ce ne serait ni correct ni convenable de ma part à moi, qui suis son confident, et un ami en qui il a confiance, d'anticiper sur ce qu'il envisage. Il est sur le chemin d'une découverte qui le mettra au rang des plus éminents chercheurs de son siècle. Je connais l'époque dont il s'occupe; et les personnages historiques dont il étudie la vie. Il reconstitue avec une patience infinie tous les documents dont il peut disposer. Mais en dehors de cela, je ne sais rien. Qu'il se soit assigné un but, qu'il ait un objectif lorsqu'il sera en possession de tout ce qu'il cherche à savoir, j'en suis convaincu. Je suis en mesure de deviner de quoi il s'agit, mais je ne dois rien dire. Rappelez-vous, s'il vous plaît, messieurs, que j'ai accepté volontairement de recueillir une confidence partielle. Sur ce point, j'ai respecté mes engagements, et je dois demander à tous mes amis d'en faire autant.

Il parlait avec une grande dignité; et, progressivement, le respect que nous avions pour lui et l'estime dans laquelle nous le tenions, le Dr Winchester et moi-même, ne cessaient de croître. Nous sentions qu'il n'avait pas dit tout ce qu'il avait à dire; si bien que nous attendîmes en silence, et qu'il continua en ces termes:

– J'en ai dit autant, tout en sachant très bien que même un indice que vous pourriez l'un ou l'autre tirer de ce que je viens de dire, suffirait à compromettre le succès de son œuvre. Mais je suis convaincu que vous êtes l'un et l'autre désireux de lui venir en aide – à lui et à sa fille – et en disant ces mots, il me regardait fixement entre les deux yeux – au mieux de vos possibilités, honnêtement, et sans préoccupations égoïstes. Il est tellement frappé, et d'une manière si mystérieuse que je ne peux me défendre de penser qu'elle est d'une façon quelconque la conséquence de son travail. Qu'il ait tablé sur quelque incident, cela nous saute aux yeux, à tous. Dieu sait! Je suis désireux de faire ce que je peux, d'utiliser dans ce but tout mon savoir. Je suis arrivé en Angleterre fou d'exaltation à la pensée que j'avais accompli la mission qu'il m'avait confiée. J'avais en ma possession les objets dont il m'avait dit qu'ils constituaient l'objectif ultime de ses recherches; et j'étais certain qu'il allait désormais pouvoir commencer l'expérience à laquelle il avait si souvent fait allusion devant moi. C'est trop affreux de penser que c'est à ce moment précis qu'une telle calamité a fondu sur lui. Docteur Winchester, vous êtes médecin, et si l'on peut en croire votre visage, vous êtes un médecin intelligent et audacieux. Vous ne voyez aucun moyen de réveiller cet homme de ce sommeil qui n'est pas naturel?