» D'autre part, il y a peut-être, cachés dans cette boîte, des secrets qui, pour le bien ou pour le mal, apporteront des lumières au monde. Nous savons d'après leurs documents, et aussi par déduction, que les Égyptiens étudiaient les propriétés des herbes et des minéraux à des fins magiques – de magie blanche et aussi bien noire. Nous savons que certains magiciens d'autrefois pouvaient provoquer en partant du sommeil des rêves d'un genre donné. Que ce résultat était principalement obtenu par l'hypnotisme, qui est encore un art, ou une science du Nil antique, j'en suis presque certain. Mais en outre ils devaient avoir une connaissance des drogues dépassant largement tout ce que nous pouvons savoir. Grâce à notre pharmacopée nous pouvons, jusqu'à un certain point, provoquer des rêves. Nous pouvons même faire une différence entre les bons et les mauvais – les rêves de plaisir, ou les rêves troublants et inquiétants. Mais ces praticiens de jadis semblent avoir été en mesure de commander à volonté n'importe quelle forme ou quelle couleur de rêve; pouvaient partir de n'importe quel sujet, de n'importe quelle pensée dans presque n'importe quel sens désiré. Dans ce coffre, que vous avez vu, est peut-être déposé un véritable arsenal de rêves. À dire vrai, certaines des forces qu'il contient ont peut-être été déjà utilisées dans ma maison.
Il y eut alors une nouvelle interruption du Dr Winchester:
– Mais, si dans votre cas, quelques-unes des forces emprisonnées ont été utilisées, qui les a libérées au moment voulu, et comment? En outre, vous avez été, vous et Mr. Corbeck plongés dans un état de transe pendant trois jours entiers lorsque vous vous trouviez pour la seconde fois dans le tombeau de la Reine. Et alors, d'après ce que j'ai retenu du récit de Mr. Corbeck, le coffre n'était pas revenu dans la sépulture, bien que la momie s'y soit trouvée. Dans les deux cas, il doit y avoir eu sûrement une intelligence active en éveil, et quelque autre pouvoir qui s'est exercé.
La réponse de Mr. Trelawny fut aussi directe:
– Il y avait en éveil une intelligence active. J'en suis convaincu. Et elle exerçait un pouvoir qui ne lui fait jamais défaut. Je crois que dans ces deux occasions, le pouvoir exercé était l'hypnotisme.
– Et où se trouve contenu ce pouvoir? Quel point de vue avez-vous à ce sujet?
La voix du Dr Winchester vibrait du fait de l'intensité de son excitation. Il se penchait en avant, sa respiration était entrecoupée, il avait le regard fixe. Mr. Trelawny dit avec solennité:
– Dans la momie de la Reine Tera! J'allais y arriver. Peut-être aurait-il mieux valu que nous attendions que j'aie éclairci un peu le terrain. Ce que je crois fermement, c'est que la préparation de cette boîte était faite pour une occasion spéciale; comme du reste tous les préparatifs du tombeau et de tout ce qui s'y rattache. La Reine Tera ne se souciait pas de se protéger des serpents et des scorpions, dans ce tombeau de roc taillé dans une falaise abrupte à cent pieds au-dessus du niveau de la vallée, et à cinquante pieds au-dessous du sommet. Ses précautions étaient dirigées contre les dégâts causés par des mains humaines; contre la jalousie et la haine des prêtres qui, s'ils avaient connu les buts qu'elle poursuivait, auraient essayé de les déjouer. À son point de vue, elle avait tout préparé pour le moment de sa résurrection, à quelque date qu'elle se produise. Je déduis des peintures symboliques du tombeau qu'elle s'écartait des croyances de son époque au point d'envisager une résurrection de la chair. C'était sans aucun doute ce qui exacerbait la haine des prêtres, et leur donnait une raison acceptable d'abolir l'existence, présente et future de quelqu'un qui avait infligé un outrage à leurs théories et blasphémé leurs dieux. Tout ce dont elle pourrait avoir besoin, soit dans l'accomplissement de sa résurrection, soit ensuite, était contenu dans une suite de chambres creusées dans le roc et presque hermétiquement scellées. Dans le grand sarcophage qui, comme vous le savez, est d'une taille tout à fait inhabituelle même pour les rois, se trouvait la momie de son Esprit familier, le chat, qui, en raison de sa grande taille, était, je pense, une sorte de chat-tigre. Dans le tombeau, contenues également dans un récipient solide, se trouvaient les jarres scellées qui contiennent habituellement ces organes internes qui sont embaumés séparément, mais qui, dans le cas qui nous occupe, ne contenaient rien de semblable. De telle sorte, je pense, qu'il y avait, dans son cas, une déviation aux règles de l'embaumement; les organes étaient remis dans le corps, chacun à sa place, dans le cas, en vérité, où on les aurait d'abord retirés. Si cette hypothèse est exacte, nous découvrirons que le cerveau de la Reine, ou bien n'a jamais été extrait à la manière habituelle, ou bien, s'il l'a été, a été remis en place, au lieu d'être enfermé dans les bandelettes de la momie. Enfin, il y avait dans le sarcophage le Coffre Magique sur lequel ses pieds reposaient. Remarquez aussi le soin pris à préserver son pouvoir de contrôle sur les éléments. D'après ce qu'elle croyait, la main ouverte placée en dehors des bandelettes contrôlait l'Air, l'étrange Pierre Précieuse aux étoiles scintillantes contrôlait le Feu. Le symbolisme inscrit sur la semelle de ses pieds lui donnait l'empire sur la Terre et l'Eau. Pour ce qui est de la Pierre aux Étoiles, je vous en parlerai ensuite, mais pendant que nous en sommes au sarcophage, remarquez comment elle gardait son secret pour le cas d'une violation de sépulture ou d'intrusion. Personne ne pouvait ouvrir son Coffre Magique sans les lampes, car nous savons aujourd'hui que la lumière ordinaire est inopérante. Le grand couvercle du sarcophage n'était pas scellé comme de coutume, parce qu'elle voulait contrôler l'air. Mais elle avait caché les lampes qui normalement se rattachaient au Coffre Magique, dans un endroit où personne n'aurait pu les trouver, sauf en suivant les directives secrètes qu'elle avait préparées à l'intention exclusive d'yeux avisés. Et même là, elle s'était protégée contre les risques de découverte en prévoyant un verrou de la mort dirigé contre un curieux non prévenu. Elle avait pour ce faire appliqué la leçon traditionnelle du garde vengeur des trésors de la pyramide, construite par son grand prédécesseur de la Quatrième Dynastie sur le trône Égypte