En outre, il est possible que çà et là, parmi les vastes carrières de granit aient été découvertes non seulement des veines, mais des masses, ou des poches de pechblende. Dans ce cas la puissance à la disposition de ceux qui savaient comment l'utiliser a dû être fantastique. La science était en Égypte gardée par les prêtres, et dans leurs vastes congrégations il devait y avoir des hommes d'un grand savoir; des hommes qui savaient comment mettre en œuvre et avec le maximum d'avantages, ainsi que dans la direction qu'ils souhaitaient, les forces terrifiantes auxquelles ils commandaient. Et si le pechblende existait et existe en Égypte, ne pensez-vous pas qu'une grande quantité a dû être libérée par l'usure et l'érosion des roches granitiques? Le temps et les intempéries réduisent toutes les roches en poussière; l'accumulation même de sables du désert, qui, à travers les siècles, ont recouvert quelques-uns des plus majestueux monuments édifiés par l'homme, en fournit la preuve. Si donc le radium est divisible en particules aussi ténues que le disent les savants, il a dû lui aussi être, avec le temps, libéré de sa prison de granit et laissé libre d'agir dans l'air. On pourrait presque hasarder une suggestion: le choix du scarabée comme symbole de la vie n'était peut-être pas dénué de toute base empirique. N'aurait-il pas été possible que les Coprophages aient eu le pouvoir, ou l'instinct, de se saisir des minuscules particules de ce radium qui donne du courage, la lumière – et peut-être la vie, et de les enclore avec leurs œufs dans ces boules de matière qu'ils roulent si assidûment, et qui leur ont donné leur nom ancien, Pilularia. Dans les milliards de tonnes de débris du désert, se trouve sûrement mélangée une certaine proportion de chacune des terres, des roches et des minéraux de leur zone; et, la nature adapte ses êtres vivants à chacun de ces milieux pour qu'ils puissent se développer sur ceux qui sont privés de vie.
» Les voyageurs nous disent que du verre abandonné dans les déserts tropicaux change de couleur et fonce sous le soleil de feu, comme il fait quand il est soumis à l'influence des rayons du radium. Cela n'implique-t-il pas une sorte de similitude entre les deux forces, qu'il reste à identifier?
Ces discussions scientifiques – ou pseudo-scientifiques – m'avaient apaisé. Elles détournaient mon esprit des rêveries sur les mystères de l'occulte, en attirant mon attention sur les merveilles de la nature.
Chapitre XVII LA CAVERNE
Le soir, Mr. Trelawny nous emmena de nouveau dans le bureau. Quand nous fûmes tous attentifs, il révéla ses plans:
– J'ai abouti à la conclusion que pour la réalisation convenable de ce que nous appellerons notre Grande Expérience, nous devrons être absolument et complètement isolés. Non pas seulement pendant un jour ou deux, mais pendant tout le temps qu'il faudra. Ici, cela serait impossible, les besoins et les habitudes d'une grande ville avec tout ce qu'ils entraînent de possibilités d'interruption, nous dérangeraient, ou pourraient le faire. Les télégrammes, les lettres recommandées, les messagers express suffiraient déjà; mais la grande armée de ceux qui veulent obtenir quelque chose causerait à coup sûr un désastre. En outre, les événements de la semaine dernière ont attiré l'attention de la police sur cette maison. Même si des instructions spéciales n'ont pas été données à Scotland Yard ou par le Commissariat de District, de la garder à l'œil, vous pouvez être sûrs que le policier qui fait ses rondes ne manquera pas de la surveiller. En outre, les domestiques qui ont donné leur congé se mettront sous peu à parler. Ils y sont obligés; car il leur faut, pour leur réputation, donner une raison quelconque à l'interruption d'un service qui leur assurait, dirais-je, un certain prestige dans le voisinage. Les domestiques du quartier vont se mettre à jaser, et peut-être les voisins eux-mêmes. Alors cette presse si active et si intelligente avec son zèle habituel à vouloir éclairer le public, et ses efforts pour augmenter son tirage s'emparera de l'affaire. Lorsque le reporter s'accrochera à nous, l'intimité deviendra impossible. Même si nous devions nous barricader, nous ne serions pas à l'abri d'une interruption, peut-être d'une intrusion. L'une comme l'autre ruinerait nos plans; nous devons donc prendre nos dispositions pour effectuer une retraite, en emportant tous nos bagages. J'y suis préparé. Voilà longtemps que j'ai envisagé cette éventualité et que j'ai pris mes dispositions en conséquence. Je ne prévoyais naturellement pas ce qui s'est passé, mais je savais que quelque chose arriverait. Depuis plus de deux ans, ma maison de Cornouailles a été préparée pour recevoir tous les objets de collection qui se trouvent conservés ici. Lorsque Corbeck est parti à la recherche des lampes, j'ai fait préparer la vieille maison de Kyllion; l'électricité est installée partout et tout est prévu pour que nous puissions produire le courant. Il valait mieux que je vous dise peut-être, car personne, même pas Margaret, ne connaît rien de cette maison, qu'elle est absolument coupée de tout accès pour le public, et même à l'abri de la vue. Elle se trouve sur un petit promontoire rocheux derrière une colline escarpée, et n'est visible de nulle part, sauf de la mer. Depuis longtemps elle a été entourée d'un mur de pierre élevé, car la maison sur l'emplacement de laquelle elle se trouve avait été bâtie par l'un de mes ancêtres à l'époque où une grande maison éloignée d'un centre devait être en état de se défendre par ses propres moyens. Elle est aussi bien adaptée à nos besoins que si elle avait été construite à dessein. Je vous l'expliquerai quand nous serons tous là-bas. Ce ne sera pas long, car le déménagement est déjà en train. J'ai écrit un mot à Marvin pour faire préparer tout ce qui est nécessaire à notre transport. Il va faire chauffer un train spécial, qui partira de nuit pour éviter que nous nous fassions remarquer. Il a également prévu un certain nombre de camions avec des accessoires et des hommes en nombre suffisant pour transporter toutes nos caisses à Paddington. Nous serons partis avant que le journaliste à l'œil d'Argus soit en éveil. Nous allons commencer aujourd'hui à emballer nos affaires; et je pense que nous serons prêts demain soir. Dans les dépendances nous avons encore les caisses qui ont été utilisées pour transporter toutes les collections depuis l'Égypte, et je pense que si elles ont suffi pour le voyage à travers le désert, la descente du Nil jusqu'à Alexandrie, et le trajet de là jusqu'à Londres, elles assureront sans encombre le transport d'ici à Kyllion. Nous sommes quatre hommes, nous avons Margaret pour nous passer tout ce dont nous pouvons avoir besoin, nous pourrons donc procéder à l'emballage en toute sécurité; et les hommes du transporteur chargeront les caisses sur les camions.
Cependant, comme nous devons commencer immédiatement notre travail d'emballage, nous remettrons à plus tard, quand nous en aurons le loisir, les opérations ultérieures.
Le lendemain, à l'heure du dîner, le travail était terminé, et tout était prêt pour les transporteurs, qui devaient venir à minuit. Un peu avant l'heure fixée, nous entendîmes un bruit de voitures, et nous ne tardâmes pas à être envahis par une armée de travailleurs qui, grâce à leur nombre, emportèrent sans effort visible, en une procession ininterrompue, tous les paquets que nous avions préparés. Il leur suffit d'un peu plus d'une heure, et quand les camions se furent éloignés, nous étions tous prêts à les suivre à Paddington. Silvio faisait naturellement partie de l'expédition.
Avant de partir nous avons parcouru en groupe la maison qui paraissait en vérité assez désolée. Comme les domestiques étaient partis pour la Cornouailles, il n'y avait eu aucune tentative de nettoyage; toutes les pièces, tous les couloirs dans lesquels nous avions travaillé, tous les escaliers, étaient jonchés de papiers et de détritus, et portaient des traces de pieds boueux.