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Alors, tu te mets au centre de la galaxie.

Des millions d'étoiles palpitantes sont autour de toi.

Le point commun à tous ces objets de l'espace, c'est que tout tourne lentement.

Plus on se rapproche du centre de la galaxie, plus ça tourne vite.

Au centre, tu t'aperçois qu'il y a un vortex, un trou noir.

Cela ressemble beaucoup à une bouche qui aspire tout.

Les étoiles les plus proches y sont happées.

En s'enfonçant dans ce trou noir, elles lancent un chant d'adieu et émettent des reflets de lumière moirés, des rayonnements dans toutes les gammes d'onde.

Toi, tu n'as rien à craindre.

Tu te places au-dessus du trou noir.

Et toute la galaxie tourne autour de toi.

Tu mets tes bras en spirale.

Tu lances ton bassin, tes épaules et tes bras suivent.

Ta tête s'abandonne mollement en arrière.

Comme le font les derviches tourneurs.

Tu danses au centre de ta galaxie.

Et tu tournes, tournes, tournes.

Jusqu'à l'ivresse.

Tes bras se prolongent pour devenir les bras de la galaxie.

Tu brasses les étoiles comme autant de grains de lumière à moudre.

Allez, embrasse l'univers entier en élargissant encore ton esprit.

L'univers te semble au début cubique, puis sphérique, mais, à bien y réfléchir, il est conique.

Alors, tu remontes vers le sommet du cône.

Et à la pointe, tu retrouves l'explosion originelle.

Coïncidence.

Au bout du temps, il y a le Big-Bang.

Aux confins de l'espace il y a encore le Big-Bang.

Est-ce donc la limite de l'univers explorable?

Demande-le directement à cette lumière.

Elle te répond que tu n'as exploré qu'un seul univers espace-temps.

Elle te suggère d'augmenter la perception de tes sens extérieurs et de tes sens intérieurs pour en visiter d'autres.

Tu lui réponds que tu es prêt.

Alors, tes horizons, qui se sont bien élargis depuis le début du voyage, se surdimensionnent.

Tu croyais faire un grand voyage.

Il est maintenant d'une taille au-delà de toute description.

Mieux, tu perçois des univers parallèles, en dehors des dimensions que tu connais.

Ces univers se touchent comme des bulles de savon.

Ces univers ont des différences d'échelle faramineuses.

Ton univers est peut-être tout entier compris dans un seul caractère d'un livre appartenant à une dimension supérieure.

Ton univers est peut-être compris dans un point comme celui-ci:

Et, dans ce point, il y a peut-être des infinités de minuscules univers.

Avec à l'intérieur des galaxies et des planètes miniatures.

Où des gens ont peut-être découvert des choses que nous ignorons encore.

Cela n'a rien d'effrayant, au contraire, car tu es non seulement branché sur l'Univers, mais tu es aussi branché sur quelque chose qui le transcende.

La vie.

Elle est la grande force de toutes les dimensions de l'Univers.

La vie.

Tu sens la pulsion de vie en toi.

C'est la vie qui a voulu le Big-Bang.

C'est la vie qui a créé l'Univers.

C'est la vie qui a créé la Terre.

C'est la vie qui transforme la graine en arbre.

C'est la vie qui fait qu'une étreinte amoureuse donnera un bébé.

Apprécie d'être vivant.

Je te l'avais dit que c'était simple.

Bon, mais ce n'est pas tout.

En bas, ton corps matériel commence à avoir des crampes.

Revenons sur Terre.

Non, n'insiste pas.

C'est suffisant pour aujourd'hui.

Voilà, ta journée de voyage doit se clore.

Viens, on rentre.

Retour dans ton réel

Tu reprends ton apparence d'oiseau transparent.

Vas-y, bats des ailes, plane, glisse vers les nuages.

Suis-moi.

Je t'emmène vers le rayon de lumière qui part de ton nombril.

Allons, on a assez traîné, le livre en bas arrive à sa fin, il faut que tu sois revenu dans ton corps au moment où tes doigts tourneront la dernière page, et trouveront le mot «au revoir».

Comment ça tu veux encore planer?

Allez viens, tu sais bien que tu pourras relire «Le Livre du Voyage» quand tu le voudras, et même autant de fois que tu le souhaiteras.

Je t'appartiens.

Mais c'est pour toi qu'il faut rentrer.

Pour la nostalgie.

Tu sais, vivre des aventures originales, c'est bien.

Mais se rappeler qu'on a vécu une aventure, ce n'est pas mal non plus.

C'est un peu comme les lasagnes réchauffées le lendemain.

C'est encore meilleur.

Regarde en bas.

Tu reconnais l'endroit?

Tu repasses devant ton territoire et tu revois ton refuge.

Tu survoles les continents, les montagnes et les océans.

Tu descends un peu.

Des foules de gens courent dans tous les sens, telles des fourmis, et tu sais que c'est ton espèce.

L'espèce humaine qui essaie de faire mieux que ses ancêtres.

Un instant, tu visualises ton espèce comme une horde immense.

Une horde à la recherche de la lumière.

Peut-être par nostalgie du Big-Bang dont subsistent encore d'infimes traces en elle.

Une horde qui veut quitter son animalité pour atteindre quelque chose d'inconnu et de plus spirituel que tu as approché lors de ton voyage dans les quatre éléments.

Tu descends lentement.

Te voici au-dessus de ta maison.

Un rayon de lumière part du toit.

C'est ton rayon.

Tu t'y accroches et tu te laisses descendre comme s'il s'agissait d'une liane.

Tu franchis les étages, les voisins, les planchers et tu débouches dans le lieu où tu me lis.

Le «type que ton esprit habite» tourne les pages.

C'est amusant comme sensation, hein?

Viens, esprit de lecteur,

retournons tous deux dans nos coquilles habituelles.

Tu connais la procédure?

Voilà ton corps.

Voilà ton esprit.

Il suffit de les réunir.

Tu observes une dernière fois ton corps de l'extérieur.

Ton corps est comparable à une nation remplie de pouvoirs qui ne se gênent pas les uns les autres.

Il n'y a pas de rivalité entre ta main droite et ta main gauche.

Tu es toi-même un exemple de politique d'entente et de solidarité entre des cellules différentes et pourtant complémentaires.

Et, après ce voyage, ton corps est parfaitement en équilibre interne et externe.

Tu te sens bien.

Détendu. Plus énergique.

Plus calme. Plus serein.

C'est pour cela que tu peux revenir sans crainte dans ton corps désormais apaisé.

Ton esprit revient dans ta chair comme un voleur s'introduit par la cheminée dans une maison.

Il reprend le contrôle de l'être humain que tu étais avant le Voyage.

Bats des paupières.

Déglutis.

Voilà, tu es en train de me lire.

Ta respiration devient un peu plus ample.

Souviens-toi précisément de chaque étape de ce voyage imaginaire.

Ta visite du monde de l'Air.

Celle du monde de la Terre.

Du monde du Feu.

Du monde de l'Eau.

Tu te souviens de la phrase qui t'était destinée dans ton livre.

Tu te souviens de ta réponse.

Ta respiration devient un peu plus profonde.

Tu te sens comme lorsque tu te réveilles après une nuit où tu as fait de beaux rêves.

Mais ce n'était pas un rêve.

C'était une escapade de ton esprit.

Tu te souviens de ton symbole.

Ta respiration devient plus ample.

Ton cœur s'accélère.

Tu déglutis encore.

Tu reprends conscience de la pièce où tu te trouves

et de ce que tu es en train de faire.

Tu lis.

Si tu ne te rappelles plus bien dans quel corps ton esprit habite, prends une glace et va redécouvrir ton visage.

Puis reviens.

Tu me regardes avec mes pages blanches rectangulaires couvertes de petits caractères.

Arrête de me fixer comme ça, ça m'intimide.

Tu te demandes ce qu'il s'est passé au juste?

Il s'est passé que je suis un livre qui a le pouvoir de te faire faire des choses extraordinaires.