7 – Ne jamais bluffer si on n'est pas capable de passer aux actes. Sinon on perd toute crédibilité.
8 – Les handicaps apparents peuvent devenir les meilleurs atouts. Il faut revendiquer chacune de ses spécificités comme une force et non comme une faiblesse.
9 – Si on obtient la victoire, il faut être capable de l'assumer et d'occuper le terrain. Un nouveau chef élu doit tenir en stock un nouveau programme pour remplacer l'ancien. Sinon cela ne sert à rien de prendre le pouvoir.
10 – Focaliser la cible et ne pas en changer durant la bataille. Il faut que cette cible soit la plus petite, la plus précise et la plus représentative possible.
Règne du calife Al Akhim
Le calife de la dynastie fatimide Al Akhim vivait au Caire. Cet homme était fasciné par le contrôle de sa ville et les limites du concept de pouvoir. Il se mit donc à édicter des lois absurdes, puis il se promena dans sa ville déguisé en simple promeneur pour observer les réactions de son peuple. En somme, il se livra à des expériences sociologiques directes en prenant toute sa population comme cobaye.
Pour tester la soumission de son peuple, il com-Imence par interdire le travail de nuit. Il prétend que le manque de lumière est mauvais pour les lyeux. Toujours est-il que toute personne surprise à travailler la nuit à la bougie sera mise à mort. Déguisé en promeneur du soir, il surprend un boulanger en train de faire des heures supplémentaires et le condamne à être brûlé dans son propre four. Puis, s'étant aperçu que tout le monde se conforme à sa loi sur la nuit, il l'inverse. Interdiction de travailler le jour. Tout le monde n'a désormais le droit de travailler QUE la nuit.
Comme un animal dompté, son peuple obéit bien vite au doigt et à l'œil dès la promulgation de ses lois originales.
Dès lors, tout devient possible. Pour dominer toutes les confessions, il fait raser les églises des catholiques et les synagogues des juifs puis, toujours maître du chaud et froid, il fournit aux deux: religions l'argent nécessaire pour reconstruire leurs temples.
Il interdit ensuite le parfum aux femmes. Il leur interdit de se maquiller pour finalement leur interdire carrément de sortir de chez elles. Il interdit pour cela qu'on leur fabrique des chaussures. La ville est interdite aux femmes, point. Un jour, alors qu'il effectue sa tournée de vérification, il surprend un groupe de femmes dans un bain public. Il en fait aussitôt murer toutes les issues afin qu'elles y meurent de faim.
Comme il a aussi l'instinct du jeu, il sème derrière lui des lettres cachetées, adressées aux émirs. Elles contiennent soit le message «couvrez le messager d'or», soit le message «tuez le messager». Ramasser une lettre devient ainsi une;sorte de Loto national si ce n'est que les perdants mouraient.
On retrouva un jour ses vêtements ensanglantés le long d'une rivière. Probablement l'un de ses multiples ennemis l'avait-il assassiné.
On n'a jamais retrouvé son corps. Mais le culte d'Al Akhim s'est développé en secret. Avec le temps, on lui prêta les dons d'un chef plein de sagesse et d'imagination.
La religion druze (on trouve des Druzes notamment au Liban) est une religion initiatique qui s'est finalement revendiquée comme étant une prolongation de l'esprit d'Al Akhim.
Rencontre entre les civilisations
La première croisade en direction de Jérusalem fut lancée en 1096 par le pape Urbain IL Elle était" composée d'une bande de pèlerins déterminés, mais dénués d'expérience militaire. Guidés par Gauthier Sans Avoir et Pierre l'Ermite, ils avançaient vers l'est sans même savoir quels pays ils traversaient. Comme ils n'avaient rien à manger, ils pillaient ce qu'ils pouvaient sur leur passage et commirent bien plus de dégâts en Occident qu'en Orient. Ils étaient si affamés qu'ils se livrèrent au cannibalisme et ces «représentants de la vraie foi» se transformèrent rapidement en une bande de clochards loqueteux, sauvages et dangereux.
Le roi de Hongrie, chrétien lui aussi, mais agacé par les saccages de ces va-nu-pieds, se décida à les massacrer pour éviter que ses paysans ne se fassent agresser. Les rares survivants qui touchèrent la côte turque étaient précédés d'une telle réputation de barbares mi-hommes, mi-bêtes que les l autochtones les achevèrent sans hésitation à Nicée.
Le deuxième groupe de croisés à partir en direction de Jérusalem fut dirigé par Godefroi de Bouillon. Quatre mille cinq cents chevaliers aguerris s'étaient chargés de protéger les cent mille pèlerins. Il s'agissait généralement de jeunes nobles, qui n'avaient hérité d'aucun fief car ils étaient cadets, or seuls les aînés possédaient les Iterres. Sous le couvert de la religion, ces hobereaux espéraient conquérir des châteaux étrangers et acquérir ainsi des domaines.
Ce qu'ils firent. Dès qu'un château était pris, les chevaliers s'y installaient et abandonnaient la croisade. A plusieurs reprises, des croisés se battirent entre eux pour la possession d'une ville vaincue. Le prince Bohémond de Tarente, par exemple, décida de prendre Antioche pour son compte personnel.
On en arriva à ce paradoxe que des nobles occidentaux firent alliance avec des émirs pour lutter contre d'autres nobles occidentaux associés à d'autres émirs. A la fin, on ne sut plus qui luttait avec qui ni contre qui et beaucoup avaient même oublié le but: originel de la croisade.
République des idées
Si on devait comparer la société fourmi à une société humaine, il faudrait la comparer à une communauté hippie. En effet, la première caractéristique du monde fourmi est l'absence de chef ou de hiérarchie. C'est plutôt un système de type anarchiste. Certes, il y a une reine, mais celle-ci reste enfermée dans sa loge et ne fait que pondre. Elle n'a aucun pouvoir politique.
Comment sont prises les décisions? C'est le gouvernement des suggestions. Quand une fourmi a une idée, elle en parle à un groupe de soldates ou d'ouvrières et tente de les convaincre de la justesse de son point de vue. Elle ne réussira pas forcément. Mais tous les arguments seront soupesés. L'initiatrice pourra par exemple présenter des morceaux de terre, pour montrer qu'il faut déplacer le nid sur un sol plus meuble.
Si la fourmi-à-idée arrive à convaincre un groupe, le groupe fera tache d'huile et il se pourra même que toute la cité se déplace dans les cinq minutes qui suivent la première expression de l'idée. La cité évolue comme cela sur des «idées» de simple citoyen. Une fois l'idée réalisée, l'initiatrice n'en tirera pas gloire. Il n'y aura même pas, de souvenir de réussite. Le seul avantage, en cas de réussite, sera que cette fourmi saura comment convaincre plus rapidement ses congénères pour sa prochaine idée.
La récompense, c'est juste de l'expérience et elle ne concerne que l'individu qui a agi. En cas d'échec, il n'y aura pas de blâme pour l'initiatrice. Réussite ou échec, pour la fourmilière, c'est toujours une information supplémentaire.
Le fait que n'importe quel individu puisse à tout moment mouvoir la société entière sans avoir de «diplôme» ou de «grade» hiérarchique est un plus par rapport aux sociétés humaines où l'on n'écoute les gens que s'ils ont fait leurs preuves ou s'ils ont un titre quelconque.
A force de vouloir placer des fourches caudines pour éduquer les jeunes et pour les autoriser à fêtre entendus, la société humaine perd énormément d'énergie et d'inventivité.
Rêve
Au fond d'une forêt de Malaisie vivait lune tribu primitive, la tribu des Senoïs. Ceux-ci rorganisaient toute leur vie autour des rêves. On les a d'ailleurs baptisés «le peuple du rêve».
Le matin, au petit déjeuner, autour du feu, tout le monde ne parle que des rêves qu'il vient d'effectuer. Des rêves racontés dépend toute la vie sociale de la tribu. Si uni Senoï a rêvé qu'il a nui à quelqu'un, il devra offrir un cadeau à la personne lésée. S'il a rêvé qu'il s'est fait frapper par quelqu'un de l'assistance, l'agresseur devra s'excuser et offrir un cadeau à la victime supposée.