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Sommeil paradoxal

Tous les soirs, durant notre sommeil, nous connaissons une phase un peu particulière: «le sommeil paradoxal». Cette phase dure de 15 à 20 minutes, puis elle s'arrête et reprend une heure plus tard. C'est le professeur Michel Jouvet, du laboratoire d'onirologie moléculaire (Lyon), qui a donné ce nom à cet événement. Pourquoi paradoxal? Parce qu'il est paradoxal d'être dans son sommeil le plus profond et d'avoir néanmoins une activité nerveuse intense. On pense que les nuits des bébés sont très agitées car elles sont essentiellement formées de sommeil paradoxal (dans une proportion d'un tiers de sommeil normal, un tiers de sommeil léger, un tiers de sommeil paradoxal). Durant cette phase de sommeil très agité, on remarque même que les bébés ont souvent des expressions étranges, comme des expressions de personnes beaucoup plus âgées. Ils miment successivement les grimaces de la colère, la joie, la tristesse, la peur, la surprise, même s'ils n'ont jamais vécu de telles émotions.

Chez les adultes, c'est plus discret et plus intense. «On dirait que chaque nuit nous avons un message à recevoir, explique le professeur Pierre Salzurelo de I'INSERM. NOUS avons fait une expérience: nous réveillons un adulte en plein milieu de son sommeil paradoxal et nous lui demandons de nous raconter ce qu'il vivait dans son rêve. Nous l'avons ainsi réveillé cinq fois. Chaque fois l'histoire était différente… mais il y avait un noyau commun. Comme si le rêve dérangé s'y reprenait d'une manière différente pour faire passer le même message.»

Depuis peu, les chercheurs ont émis une autre idée. Le rêve serait un moyen d'oublier les pressions sociales. En rêvant, nous désapprenons ce qu'on nous a forcés à apprendre et qui heurte nos convictions profondes. On se déconditionne de toutes les influences extérieures. Tant que les gens rêvent, ils ne peuvent être complètement manipulés par qui que ce soit.

Source de peur

Voici le hit-parade des peurs humaines (d'après un sondage sur 1 000 personnes, effectué en France en 1990):

1 – le serpent

2 – le vertige

3 – les araignées

4 – les rats

5 – les guêpes

6 – les parkings souterrains

7 – le feu

8 – le sang

9 – l'obscurité

10 – la foule

Spécialiste

Dans les grandes cités fourmis modernes, la répartition des tâches, répétée sur des millions d'années, a généré des mutations génétiques.

Ainsi, certaines fourmis naissent avec d'énormes mandibules-cisailles pour être soldates, d'autres possèdent des mandibules broyantes pour produire de la farine de céréales, d'autres sont équipées de glandes salivaires surdéveloppées pour mieux mouiller et désinfecter les jeunes larves.

Un peu comme si chez nous les soldates naissaient avec des doigts en forme de couteau, les paysans avec des pieds en pince pour grimper cueillir les fruits aux arbres, les nourrices avec une dizaine de paires de tétons.

Certaines adaptations sont proprement extraordinaires:

– Pour boucher certaines issues stratégiquement importantes, les fourmis utilisent des individus à tête plate. Les fourmis-concierges. L'ouvrière doit tapoter d'une certaine manière la tête plate. Si elle se trompe dans le «digicode», la porte vivante lui saute dessus et la mange.

– Pour stocker du miellat, les fourmis des régions chaudes suspendent des ouvrières la tête en bas et les gonflent de nourriture jusqu'à ce que leur abdomen soit vingt fois plus gros que le reste de leur corps. Ces fourmis-citernes restent toute leur vie accro chées la tête en bas. Il suffit qu'une ouvrière vienne les caresser pour qu'elles libèrent quelques gouttes de leur nectar.

Mais de toutes les mutations «professionnelles», la plus spectaculaire est celle de l'amour.

En effet, pour que la masse des besogneuses ouvrières ne soit pas distraite par des pulsions érotiques, elles naissent asexuées. Toutes les énergies reproductrices sont concentrées sur des spécialistes: les mâles et les femelles, princes et princesses de cette civilisation parallèle.

Ceux-ci sont nés et sont équipés uniquement pour l'amour. Ils bénéficient de multiples gadgets censés les aider dans leur copulation. Cela va des ailes aux ocelles infrarouges qui leur permettent de voir dans le noir en passant par les antennes émettrices-réceptrices d'émotions abstraites.

Sphères

Dans l'infiniment petit comme dans l'infiniment grand, on tombe sur des sphères. Sphères des planètes, sphères des atomes, sphères des particules, sphères des quarks.

Ces sphères sont régies par quatre forces fondamentales:

1 – La gravité. Qui nous plaque au sol, fait tourner la Terre autour du Soleil et la Lune autour de la Terre.

2 – L'électromagnétisme. Qui fait tourner les électrons autour des noyaux d'atome.

3 – L'interaction forte. Qui lie les particules constituant ce noyau.

4 – L'interaction faible. Qui lie les quarks constituant cette particule.

L'infiniment petit et l'infiniment grand ne sont que des sphères liées par ces forces fondamentales. Il est probable que ces quatre forces n'en font d'ailleurs qu'une. Jusqu'à sa mort, Einstein voulait trouver la loi de «La Grande Unification» des forces.

Squelette

Vaut-il mieux avoir le squelette à l'intérieur ou à l'extérieur du corps?

Lorsque le squelette est à l'extérieur, il forme une carrosserie protectrice. La chair est à l'abri des dangers extérieurs, mais elle devient flasque et presque liquide. Et lorsqu'une pointe arrive à traverser malgré tout la carapace, les dégâts sont irrémédiables.

Lorsque le squelette ne forme qu'une barre mince et rigide à l'intérieur de la masse, la chair palpitante est exposée, elle reçoit toutes les agressions. Les blessures sont multiples et permanentes. Mais justement, cette faiblesse apparente force le muscle à durcir et la fibre à résister. La chair évolue.

J'ai vu des humains ayant forgé, grâce à leur esprit, des carapaces «intellectuelles» les protégeant des contrariétés. Ils semblaient plus solides que la moyenne. Ils disaient «je m'en fous» et riaient de tout. Mais lorsqu'une contrariété arrivait à traverser leur carapace, les dégâts étaient terribles.

J'ai vu des humains souffrir de la moindre contrariété, du moindre effleurement, mais leur esprit ne se fermait pas pour autant, ils restaient sensibles à tout et tiraient des leçons de chaque agression.

Stratégie

Toute stratégie est prévisible. Il existe un moyen d'être imprévisible, c'est d'introduire dans l'un des processus tactiques un mécanisme aléatoire. Les décisions étant par moments chaotiques, l'adversaire ne peut les interpréter ni découvrir la logique qui les soustend, il lui manquera toujours un élément de compréhension.

Stratégie indienne

Les Amérindiens fabriquent un piège à ours très simple: il s'agit d'une grosse pierre accrochée par une ficelle juste au-dessus d'un morceau de bois enduit de miel. Lorsqu'un ours repère sa gourmandise, il s'avance et bouscule la pierre pour attraper le miel. Mais chaque fois que la pierre, située à hauteur de têtel d'ours, est touchée, par un mouvement de balancier elle revient le frapper. L'ours s'énerve à force de recevoir des coups de pierre sans parvenir à manger le miel. Alors il tape de plus en plus fort sur la pierre comme si elle était un adversaire qui le narguerait. Et plus il tape fort, plus la pierre le frappe fort. L'animal n'établit jamais le rapport: c'est un objet inerte, donc dénué de violence. L'ours considère qu'il reçoit un coup et il frappe pour se venger. Normalement ce jeu de coups et de contrecoups ne s'arrête qu'au K.-O. de l'animal. A force de lancer la pierre et de la recevoir, il finit par se blesser et tomber. Jamais l'ours ne se dit: «Et si j'arrêtais ce cycle de violence?» Pourtant, s'il cessait de frapper, la pierre s'immobiliserait et il remarquerait peut-être, le calme rétabli, qu'elle est tout bonnement accrochée à une ficelle. Il lui suffirait donc de couper tranquillement la ficelle avec ses crocs pour faire tomber la pierre et lécher le miel.