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Surprise

Le contact entre deux civilisations est toujours un instant délicat. Parmi les grandes remises en question qu'ont connues les êtres humains, on peut noter le cas des Noirs africains enlevés comme esclaves au XVIIIe siècle.

La plupart des populations servant d'esclaves vivaient à l'intérieur des terres dans les plaines et les forêts. Ces gens n'avaient jamais vu la mer. Soudain, un roi voisin leur déclarait la guerre sans la moindre raison apparente.

Au lieu de chercher le massacre, il s'emparait d'un maximum de captifs, les enchaînait et les faisait marcher en direction de la côte.

Au bout du périple, les prisonniers découvraient deux phénomènes incompréhensibles: 1) la mer et son immensité; 2) les Européens et leur peau blanche. Or la mer, même s'ils ne l'avaient jamais vue, leur était connue par l'entremise des contes évoquant le pays des morts. Quant aux Blancs, ils étaient pour eux comme des extra-terrestres, ils avaient une odeur bizarre, leur peau était d'une couleur bizarre, ils s'habillaient avec des vêtements bizarres.

Beaucoup mouraient de peur, d'autres, affolés, sautaient des bateaux pour être dévorés par les requins. Les survivants allaient, eux, de surprise en surprise. Ils voyaient quoi? Par exemple des Blancs boire du vin. Et ils étaient sûrs que c'était du sang, le sang des leurs.

Symbiose

Le cornigera (acacia cornigerà) est un arbuste qui ne pourra devenir arbre adulte que s'il est habité par des fourmis.

En effet, il a besoin que des fourmis le soignent et le protègent. Pour attirer les fourmis, cet arbre s'est au fil des ans constitué en fourmilière!

Toutes ses branches sont creuses et, à l'intérieur des branches, un réseau de couloirs et de salles est prévu uniquement pour l'agrément des fourmis. Mieux: dans les couloirs vivent le plus souvent des pucerons blancs dont le miellat fait le délice des ouvrières et des soldates myrmé-céennes. Notre cornigera fournit donc le logis et le couvert aux fourmis qui voudront bien lui faire l'honneur de le hanter.

En échange, les fourmis remplissent des devoirs d'hôtes. Elles évacuent toutes les chenilles, pucerons extérieurs, limaces, araignées et autres xylophages qui pourraient traîner dans ses ramures. En outre, tous les matins, elles coupent à la mandibule les lierres et toute plante grimpante qui tentent de vampiriser l'arbre. Les fourmis coupent les feuilles mortes, grattent les lichens, utilisent leur salive désinfectante pour soigner l'arbre des maladies qui peuvent l'atteindre. Les pucerons blancs consomment très peu de sève, suffisamment pour nourrir les fourmis, mais pas assez pour nuire à l'arbre.

Si bien que tous vivent en autarcie dans le meilleur des mondes.

On rencontre rarement une collaboration aussi réussie entre un représentant du monde végétal et un représentant du monde animal. Grâce aux fourmis, l'acacia comigera arrive le plus souvent à s'élever au-dessus de la masse des autres arbres qui lui font ombrage, il domine les cimes et peut donc capter directement les rayons du soleil.

Le comigera constitue une véritable énigme. Comment un végétal pratiquement immobile a-t-il pu se pencher à tête reposée sur ce problème: comment se protéger des insectes et trouver une solution dans le monde des «très mobiles»?

Système probabiliste

Une méthode infaillible pour gagner aux dés. Défiez votre adversaire au lancer de deux dés. Et pariez que vous obtiendrez une somme de 7 points.

Ce chiffre est en effet celui qui a le plus de probabilités d'apparaître. Précisions: pour les nombres additionnels 2 et 12, il n'y a qu'une formule: 1 + 1 et 6+6. Pour les nombres 3 ou 11, il existe deux combinaisons possibles, pour les nombres 4 ou 10, il y a trois combinaisons, quatre combinaisons pour 5 ou 9, cinq combinaisons pour 6 ou 8 et six combinaisons pour que le total soit de 7 points. Donc il y a six fois plus de chances de tomber sur 7 points que sur 2.

T

Temple de Salomon

Le temple de Salomon à Jérusalem était un modèle de formes géométriques parfaites. Il était composé de quatre plates-formes ceintes chacune d'un mur de pierre. Celles-ci représentant les quatre mondes qui composent l'existence:

– le monde matérieclass="underline" le corps physique;

– le monde émotionneclass="underline" l'âme;

– le monde spiritueclass="underline" l'intelligence;

– le monde mystique: la part de divinité qu'il y a en nous.

Au sein du monde divin, on trouvait trois portiques censés représenter:

– la Création;

– la Formation;

– l'Action.

La forme générale était un grand rectangle de 100 coudées de longueur sur 50 coudées de largeur et 30 coudées de hauteur. Le temple, situé au centre, mesurait 30 coudées de longueur sur 10 coudées de largeur. Au fond du temple, on trouvait le cube parfait du Saint des Saints dont chaque côté mesurait 20 coudées.

Dans le Saint des Saints était disposé lAutel en bois d'acacia. Il était parfaitement cubique et mesurait 5 coudées de hauteur et autant de largeur. Déposés sur sa surface, les 12 pains représentant les mois de l'année. Au-dessus de lui: le chandelier à sept branches représentant les sept planètes.

Selon les textes anciens, et notamment ceux de Philon d'Alexandrie, «le sanctuaire est une figure géométrique calculée pour former un champ de forces. Au départ, le nombre d'or est la mesure de la dynamique sacrée. Le tabernacle est censé condenser l'énergie cosmique. Le temple est conçu comme un lieu de passage entre deux mondes: du visible à l'invisible».

Temps

La perception de l'écoulement du temps est très différente chez les humains et chez les fourmis. Pour les humains, le temps est absolu. Quoi qu'il arrive, les secondes seront de taille et de périodicité égales.

Chez les fourmis, en revanche, le temps est relatif. Quand il fait chaud, les secondes sont très courtes. Quand il fait froid, elles s'étirent et s'allongent à l'infini, jusqu'à la perte de conscience hibernale.

Ce temps élastique leur donne une perception de la vitesse très différente de la nôtre. Pour définir un mouvement, les insectes n'utilisent pas seulement l'espace et la durée, ils ajoutent une troisième dimension: la température.

Temps des comploteurs

Le système d'organisation le plus répandu parmi les humains est le suivant: une hiérarchie complexe d'«administratifs», hommes et femmes de pouvoir, «encadre» ou plutôt gère un groupe plus restreint de «créatifs». Les travaux des créatifs sont ensuite distribués par les «commerciaux». Administratifs, créatifs, commerciaux. Telles sont les trois castes qui correspondent de nos jours aux ouvrières, sexuées et soldates des fourmis.

La lutte entre Staline et Trotski, deux chefs russes du début du XXe siècle, illustre le passage d'un système avantageant les créatifs à un système privilégiant les administratifs.

Trotski, le mathématicien, l'inventeur de l'Armée Rouge, a en effet été évincé par Staline, l'homme des complots.