il est parfois plus difficile d'être anodin qu'extraordinaire. Le cas est net pour les triangles. La plupart des triangles sont isocèles (2 côtés de même longueur), rectangles (avec un angle droit), équilatéraux (3 côtés de même longueur).
Il y a tellement de triangles définis qu'il devient très compliqué de dessiner un triangle qui ne soit pas particulier ou alors il faudrait dessiner un triangle avec les côtés «les plus inégaux possible». Mais ce n'est pas évident. Le triangle quelconque ne doit pas avoir d'angle droit, ni égal ni dépassant 90°. Le chercheur Jacques Loubczanski est arrivé avec beaucoup de difficultés à mettre au point un vrai «triangle quelconque». Celui-ci a des caractéristiques très… précises. Pour confectionner un bon triangle quelconque, il faut associer la moitié d'un carré coupé par sa diagonale et la moitié d'un triangle équilatéral coupé par sa hauteur. En les mettant l'un à côté de l'autre, on doit obtenir un bon représentant de triangle quelconque.
Tricherie de Hans
En 1904, une grande excitation gagna la communauté scientifique internationale, on pensait avoir enfin trouvé un «animal aussi intelligent qu'un homme». Cet animal était un cheval de huit ans éduqué par un savant autrichien, le professeur Von Osten. Au grand étonnement de ceux qui venaient lui rendre visite, le cheval «Hans» semblait parfaitement comprendre les mathématiques modernes. Il donnait les bons résultats aux équations. Mais il savait aussi donner l'heure précise, reconnaître sur des photos des gens qu'on lui avait présentés quelques jours auparavant, résoudre des problèmes de logique.
Hans désignait les objets du bout du sabot, communiquait les chiffres en tapant sur le sol. Les lettres étaient frappées une à une pour former des mots allemands. Un coup pour le a, deux coups pour le b, trois pour c, etc.
On soumit le cheval Hans à toutes sortes d'expériences et l'animal montrait partout ses dons… On l'étudia seul sans son maître afin d'être certain qu'il n'y avait pas un code de connivence entre eux, et là encore les résultats furent positifs. Les zoologistes, puis les biologistes, les physiciens et pour finir les psychologues et les psychiatres du monde entier vinrent voir Hans. Ils arrivaient sceptiques et repartaient décontenancés. Ils ne comprenaient pas où était le truc et finissaient donc par admettre que cet animal était un «cas». Le 12 septembre 1904, un groupe de 13 experts diplômés publiait un rapport rejetant toute possibilité de supercherie. Cela fit grand bruit à l'époque et le monde scientifique commençait à s'habituer à l'idée que cet animal était vraiment aussi intelligent qu'un homme. Ce fut finalement Oskar Pfungst, l'un des assistants de Von Osten, qui trouva l'explication du phénomène. Il remarqua que le cheval Hans se trompait dans ses réponses chaque fois que la solution du problème qui lui était soumis était inconnue des personnes présentes. Lorsqu'il se retrouvait seul devant des photos, des chiffres ou des phrases, il répondait n'importe quoi. De même, si on lui mettait des œillères qui l'empêchaient de voir l'assistance, il échouait systématiquement. La seule explication était donc que ce cheval Hans était un animal hyper-attentif qui, tout en tapant du sabot, percevait les changements d'attitude corporelle des humains de l'assistance. La récompense alimentaire était la motivation de cette attention forcée. Quand le pot aux roses fut découvert, la communauté scientifique regretta tellement de s'être fait aussi facilement berner qu'elle bascula dans un scepticisme systématique devant toutes les expériences ayant trait à l'intelligence animale. On étudie encore dans la plupart des universités le cas de Hans comme un exemple caricatural de tricherie. Pourtant, le pauvre Hans ne méritait ni tant de gloire ni tant d'opprobre. Après tout, ce cheval savait décoder toutes les attitudes humaines au point de se faire passer temporairement pour l'un des leurs. Mais peut-être que l'une des raisons d'en vouloir à Hans est plus profonde. Il est désagréable de se savoir transparent pour les animaux.
Tromperie tactile
Croisez les doigts – l'index et le majeur par exemple. Posez une bille sur la table avec l'autre main. L'extrémité des doigts croisée sur la bille, imprimez à votre main de légers mouvements de rotation. Fermez les yeux. Vous aurez l'impression de toucher deux billes.
On peut faire la même expérience avec un œil de requin pêché de frais.
Trophallaxie
Parfois, l'on me demande: «Mais qu'est-ce que l'homme a copié sur la fourmi?» Eh bien, je réponds en premier le baiser sur la bouche, prétendument inventé vers l'an 300 avant J.-C. par les Romains. Il consiste en fait à mimer une trophallaxie.
La trophallaxie est l'acte de générosité absolu des fourmis. Les fourmis possèdent en effet un deuxième estomac: le jabot social, dans lequel la nourriture n'est pas digérée, mais stockée en prévision de la demande d'un mendiant.
Comment cela?
Si une fourmi a faim, il suffira qu'elle aille voir une autre fourmi et lui demande une trophallaxie pour que celle-ci lui plaque sa bouche contre la sienne et fasse remonter de la nourriture pour l'offrir à la mendiante.
U
Univers
L'univers va vers la complexité. De l'hydrogène à l'hélium, de l'hélium au carbone. Toujours plus complexe, toujours plus sophistiqué est le sens d'évolution des choses.
De toutes les planètes connues, la Terre est la plus complexe. Elle se trouve dans une zone où sa température peut varier. Elle est couverte d'océans et de montagnes.
Mais si son éventail de combinaisons chimiques est pratiquement inépuisable, il ressort deux pointes, deux formes de vie qui culminent par leur intelligence.
Les hommes et les fourmis.
On dirait que Dieu a utilisé la planète Terre pour faire une expérience. Il a lancé deux espèces dotées de deux philosophies complètement anti nomiques sur la course de la conscience pour voir laquelle irait le plus vite.
Le but est probablement de parvenir à une conscience collective planétaire: la fusion de tous les cerveaux de l'espèce. C'est selon moi la prochaine étape de l'aventure de la conscience.
Cependant les deux espèces leaders ont adopté des voies de développement parallèles:
– Pour devenir intelligent, l'homme a gonflé son cerveau jusqu'à lui donner une taille monstrueuse. Une sorte de gros chou-fleur rosâtre.
– Pour obtenir le même résultat, les fourmis ont préféré utiliser plusieurs milliers de petits cerveaux réunis par des systèmes de communication très subtils.
En valeur absolue, il y a autant de matière ou d'intelligence dans le tas de miettes de chou des fourmis que dans le «chou-fleur» humain. Le combat est à armes égales.
Mais que se passerait-il si les deux formes d'intelligence, au lieu de courir parallèlement, coopéraient?…
Usure du Cerveau
Un neuropsychologue américain, le professeur Rosenzweig, de l'université de Berkeley, a voulu connaître l'action du milieu sur nos capacités cérébrales. Il a pour cela utilisé des hamsters issus de mêmes parents, sevrés le même jour, nourris de la même manière, et les a disposés dans trois cages.
La première était vaste, remplie d'objets hétéroclites avec lesquels ils pouvaient jouer et faire du sport grâce à toutes sortes d'ustensiles: roues, grillages, échelles, balançoires. Les hamsters y étaient plus nombreux, se battaient pour accéder aux objets, jouaient.
La deuxième était une cage moyenne, vide mais avec de la nourriture distribuée à volonté. Les hamsters y étaient moins nombreux et, n'ayant pas d'enjeux, pouvaient se reposer tranquillement.