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En général, sur 2 000 princesses (en moyenne) qui s'envolent d'un nid de fourmis rousses, une ou deux seulement parviennent à survivre pour fonder une nouvelle cité.

Dès lors commence la plus terrible des épreuves. La ponte. La reine (une fois fécondée, la princesse mérite bien ce titre…) s'enterre à moitié dans le sol pour se protéger des ennemis. Mais, immobile, elle ne peut trouver de pitance. Alors elle commence à dévorer ses propres ailes qui ne lui servent plus à rien.

Puis elle mange tout ce qui peut traîner de comestible autour d'elle. Elle est bien obligée ensuite de trouver une autre solution. Cette solution, c'est de manger ses propres œufs.

Elle pond un œuf et le mange. Pour ne pas mourir tout de suite et pour trouver l'énergie de pondre d'autres œufs.

Dès lors commence une arithmétique macabre. Elle pond trois œufs, en mange deux, en laisse grandir un. Qu'elle mangera plus tard pour pondre trois nouveaux œufs dont elle laissera le troisième survivre un peu plus longtemps.

Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'enfin une fourmi, chétive, malingre et faiblarde parce que malnutrie ' soit capable de sortir du trou pour rapporter un peu de nourriture de l'extérieur.

Cette fourmi nourrira la reine qui, ainsi, pourra enfin pondre des œufs de qualité. Lorsque ceux-ci seront éclos, donnant naissance à la première génération de citoyens «normaux», ils auront comme première tâche de tuer la première fourmi malingre. Ainsi sera effacée toute trace de douleur et de cannibalisme. En tuant cette première fourmi qui a permis à la ville de naître, la fourmilière redevient sans taches. Toutes les nouvelles générations de fourmis ignoreront que tout a commencé par des actes de cannibalisme d'une mère sur ses enfants et par le meurtre de l'individu héroïque qui a sauvé la cité.

Destructeur de cité

Il existe dans l'histoire toute une série de grandes figures allergiques à la notion de la cité. Parmi elles, on peut citer Attila et Pol Pot. Ces deux tyrans considéraient que la ville avec sa surface exiguë sur laquelle s'entasse toute une masse d'individus ne peut générer que la corruption, la malveillance et la perversion. Selon eux, seuls la campagne et le grand air pouvaient être l'avenir de l'homme.

Deuil du bébé

A l'âge de 8 mois, le bébé connaît une angoisse particulière que les pédiatres nomment «le deuil du bébé». Chaque fois que sa mère s'en va, il croit qu'elle ne reviendra plus jamais. Il est persuadé qu'elle est morte. Cela peut susciter des crises de larmes et tous les symptômes de l'angoisse. Même si sa mère revient, il s'angoissera à nouveau lorsqu'elle repartira. En fait, c'est à cet âge que le bébé comprend qu'il y a dans ce monde des choses qui se passent et qu'il ne contrôle pas. Le «deuil du bébé» peut s'expliquer par la prise de concience de son autonomie par rapport au monde. Drame insoutenable: «je» est différent de tout ce qui m'entoure.

Le bébé et sa maman ne sont pas irrémédiablement liés, donc on peut se retrouver seul, on peut être en contact avec des «étrangers qui ne sont pas maman» (est considéré comme étranger tout ce qui n'est pas maman et à la rigueur papa, pépé et même).

Il faudra attendre que le bébé ait l'âge de 18 mois pour qu'il accepte la disparition momentanée de sa mère.

La plupart des autres angoisses (peur de la solitude, de la perte d'un être cher, peur d'affronter des étrangers hostiles) que le bébé connaîtra jusqu'à la vieillesse découleront de cette première douleur.

Dieu

Dieu existe-t-IL? Si Dieu existe, IL est par définition omniprésent et omnipotent. Il est partout et IL peut tout faire.

Mais s'il peut tout faire, est-Il aussi capable de créer un monde où IL ne se trouve pas et où IL ne peut rien faire?…

Dinosaure

Parmi la variété des dinosaures qui peuplaient la Terre il y a soixante-cinq millions d'années, il existait des dinosaures de toutes les tailles et de toutes les formes. Or une espèce particulière avait notre taille, marchait sur deux pattes et possédait même un cerveau occupant pratiquement autant de volume que le nôtre: les sténony-chosaures.

Alors que notre ancêtre ne ressemblait qu'à une musaraigne, les sténonychosaures étaient vraiment des animaux très évolués. Ces bipèdes aux allures de kangourou à peau de lézard avaient des yeux en forme de soucoupe capables de voir devant et derrière leur tête (avouons que ce gadget nous manque). Grâce à une sensibilité oculaire extraordinaire, ils pouvaient chasser même à la tombée de la nuit. Ils possédaient des griffes rétractables comme les chats, de longs doigts et de longs orteils aux capacités de préhension étonnantes. Ils pouvaient par exemple prendre un caillou et le jeter.

Les professeurs canadiens Dale Russel et R. Seguin (Ottawa), qui ont bien étudié les sténo-nychosaures, pensent qu'ils disposaient d'une capacité d'analyse de l'environnement exceptionnelle, surpassant celle de toutes les autres espèces de l'époque et leur permettant d'être une espèce dominante malgré leur taille réduite.

Un squelette de sténonychosaure, trouvé dans l'Alberta (Canada) en 1967, confirme que ces reptiles avaient des zones d'activité cérébrale très différentes des autres dinosaures. Comme nous, ils avaient le cervelet et le bulbe rachidien anormalement développés. Ils pouvaient comprendre, réfléchir, mettre au point une stratégie de chasse, même en groupe.

Bien sûr, d'allure générale, le sténonychosaure ressemblait davantage à un kangourou qu'à une concierge du 19e arrondissement parisien, mais selon Russel et Seguin, si les dinosaures n'avaient pas disparu, ce serait probablement cet animal qui aurait su développer la vie sociale et la technologie.

A un petit accident écologique près, ce reptile aurait très bien pu conduire des voitures, bâtir des gratte-ciel et inventer la télévision. Et nous, malheureux primates retardataires, n'aurions plus eu de places que dans les zoos, les laboratoires et les cirques…

E

Echecs

L'ancêtre de tous les jeux d'échecs, de tous les jeux de cartes et même de certains dominos est un seul et unique jeu: le jeu de Shatu-ranga (mot sanscrit). Les plus anciennes traces de ce jeu remontent à environ mille ans avant J.-C, on pense qu'il est né dans le sud de l'Inde.

C'est une sorte de jeu d'échecs à 4.

Chacun joue dans un coin.

Les coups sont tirés aux dés pour savoir qui va jouer. Le dé est un osselet. Et l'osselet porte sur ses facettes les noms des quatre principales castes hindoues.

La caste des prêtres est symbolisée par une sorte de vase, la caste des militaires par une épée, celle des paysans par un épi ou un bâton et celle des marchands par une pièce de monnaie.

Chaque couleur est soumise à une hiérarchie: vizir, ministre, éléphant, une tour, un chevalier et quatre pions. Le tout correspond à la fois aux pièces d'un échiquier et aux figures d'un jeu de cartes.

Par la suite, les castes se sont transformées en couleurs.

Bâton égale trèfle.

Pièce de monnaie égale carreau.

Le vase c'est le cœur.

L'épée c'est le pique.

(Aux échecs, l'invention de la reine est entièrement occidentale. De même, le canon est chinois. L'apparition de la reine dans le jeu d'échecs date de l'époque de Christophe Colomb. Elle symbolise le pouvoir de se déplacer tous azimuts. De fait, en Occident, on joue aux dames espagnoles.)

On ne sait pas d'où part cette subdivision en quatre. Peut-être des quatre bases azotées ATGC gravées dans le plus profond de nos cellules.

Economie

Jadis, les économistes pensaient qu'une société saine est une société en expansion. Le taux de croissance était le thermomètre de la santé de n'importe quelle structure: État, entreprise, salaire. Cependant, on ne peut pas sans cesse foncer en avant tête baissée. Le temps est venu de stopper l'expansion avant qu'elle ne nous retombe dessus. L'expansion économique n'a pas d'avenir. Le seul état durable est celui d'équilibre des forces. Une société, un État ou un travailleur sain sont une société, un État ou un travailleur qui n'abîment pas et ne sont pas abîmé(e)s par leur entourage.