Выбрать главу

C'est peut-être pour cela que le rock, avec son battement de batterie deux temps et ses basses bien frappées, nous touche profondément. Cela nous rappelle la période tiède et tranquille où nous étions de gros poissons sans souci dans le ventre de notre mère.

Folie

Individuellement, nous devenons chaque jour tous un peu plus fous et d'une folie différente les uns des autres. C'est pour cela que nous nous comprenons si mal. Je me sens moi-même atteint de paranoïa et de schizophrénie. Je suis en outre Lmélfi hypersensible, ce qui déforme ma vision de la réalité. Je le sais. Mais j'essaie, plutôt que de les subir, d'utiliser ces folies comme moteur de ce que j'entreprends. Plus je réussis, plus je deviens fou. Et plus je deviens fou, plus je réussis dans les objectifs que je me suis fixés. La folie est un lion furieux qu'il ne faut surtout pas tuer, il suffit de l'identifier, de le traquer, de le coincer et d'y attacher une carriole.

Votre lion apprivoisé vous mènera alors bien plus loin que ne pourra vous amener aucune école, aucun maître, aucune drogue, aucune religion. Mais comme toute source de puissance, il y a un risque à trop jouer avec sa propre folie: parfois la carriole, prise de vitesse, casse et le lion furieux se retourne contre celui qui voulait le piloter.

Fonctionnalité

Qu'y a-t-il de plus fonctionnel qu'une fourmi?

Son aérodynamisme est parfait. Ses lignes sont toutes courbes et épurées. Toute la carrosserie de l'insecte est étu diée pour que chaque membre s'emboîte parfaitement dans l'encoche prévue à cet effet. Chaque articulation est une merveille mécanique. Les plaques s'encastrent comme si elles avaient été conçues par un designer» assisté par ordinateur. Jamais ça ne grince, jamais ça ne frotte. La tête triangulaire creuse l'air, les pattes longues et fléchies donnent au corps une suspension confortable au ras du sol. On croirait une voiture de sport italienne.

Les griffes lui permettent de marcher au plafond. Les yeux ont une vision panoramique à 360°. Les antennes saisissent des milliers d'informations invisibles à l'humain et leur extrémité peut servir de marteau. L'abdomen est rempli de poches, de sas, de compartiments où l'insecte peut stocker des produits chimiques. Les mandibules coupent, pincent, attrapent. Un formidable réseau de tuyauterie interne lui permet de laisser des messages odorants.

Formique (acide)

L'acide formique est une composante essentielle de la vie. L'homme en possède d'ailleurs dans ses cellules. Jadis, l'acide formique était employé pour conserver les aliments ou les cadavres d'animaux. Mais on l'utilisait principalement pour nettoyer les taches sur les draps. Comme on ignorait comment fabriquer cette substance chimique de manière synthétique, on la prenait directement chez les insectes. Pour ce faire, on entassait des millions de fourmis dans un pressoir puis on serrait l'écrou jusqu'à ce qu'il sorte un jus jaunâtre. Cette «huile de fourmis», une fois filtrée, était vendue dans toutes les drogueries au rayon détergents.

Fusil organique

Les carabes bombardiers (Brachynus crepitans) possèdent un «fusil organique». Lorsqu'ils sont attaqués, ils dégagent unei petite fumée et soudain une détonation éclate. Le carabe bombardier la produit en associant deux substances chimiques de deux glandes distinctes.) La première libère une solution contenant 25 pourî cent d'eau oxygénée et 10 pour cent d'hydroqui-none. La deuxième glande fabrique une enzyme, la peroxydase. En se mélangeant dans une chambre de combustion, ces jus atteignent la température de l'eau bouillante, 90°, ce qui dégage tout d'abord de la fumée, puis propulse un jet de vapeur rempli de gouttelettes d'acide nitrique. Si l'on approche laj main d'un carabe bombardier, son canon projette sur la peau une nuée de gouttes rouges, brûlantes et très odorantes. L'acide nitrique provoque des cloques sur la peau.

Ces coléoptères savent viser en orientant le bec flexible où le mélange détonant s'opère. Ils peuvent ainsi frapper une cible à quelques centimètres de distance. S'ils ne la touchent pas, le vacarme de la détonation est suffisamment fort pour faire fuir n'importe quel assaillant.

Un carabe conserve normalement trois ou quatre salves en réserve. Mais certains entomologistes ont dépisté des espèces de carabes bombardiers capables, lorsqu'ils sont stimulés, de tirer 24 coups d'affilée. Les carabes bombardiers sont orange et bleu argenté. Ils se repèrent très facile ment. On dirait que, armés de leur canon, ils se sentent si invulnérables qu'ils n'ont pas peur de s'afficher en vêtements bariolés. De manière générale, tous les coléoptères qui déploient des couleurs flamboyantes et des élytres gravés de graphismes éclatants recèlent un «gadget de défense» destiné à éloigner les curieux.

Nota: Sachant que l'animal est délicieux si on ne tient pas compte de ce gadget, les souris sautent sur les carabes bombardiers et enfoncent immédiatement leur abdomen dans le sable avant que le mélange détonant n'ait eu le temps d'entrer en action. Le coup part alors dans le sable, et lorsque l'animal a tiré toutes ses munitions, la souris le dévore en commençant par la tête.

G

Gestalt

Une expérience scientifique répétée dans plusieurs pays démontre que les souris avaient en 1901 une note de 6 sur 20 par rapport à tune batterie de tests d'intelligence donnée.

La même expérience reprise en 1965 avec exactement les mêmes tests effectués dans les mêmes pays montra que les souris avaient maintenant une moyenne de 8 sur 20. Cette moyenne n'était pas restreinte géographiquement. Les souris européennes n'étaient pas plus ou moins intelligentes que les souris américaines, africaines, australiennes ou asiatiques. Toutes les souris de 1965 de tous les continents avaient obtenu globalement une meilleure note au test que celles de 1901. Toutj s'était passé comme si les souris terriennes avaient progressé simultanément et partout.

Cette expérience laisse penser qu'il existe une sorte d'intelligence planétaire «souris» qui s'estl améliorée avec le temps.

Chez les humains, on a constaté de même que certaines inventions ont été découvertes simultanément en Chine, aux Indes, en Europe: le feu, la poudre, le tissage. Encore de nos jours, des découvertes sont effectuées dans plusieurs points du globe durant des périodes restreintes. A croire quel certaines idées flottent dans l'air au-dessus de l'atmosphère et que ceux qui ont la capacité de les y pêcher uniformisent l'intelligence planétaire de l'espèce.

Grillon du métro

L'histoire des grillons du métro parisien commence en 1900. Nul ne sait comment ils sont montés à Paris. Sans doute ont-ils voyagé clandestinement dans des cageots de légumes ou d'épices.

Débarqués dans la capitale, voici nos insectes aussi perdus que des provinciaux. La plupart meurent de froid. Les survivants squattent les endroits les plus chauds: fournils de boulangers et cuisinières de grands-mères. Enfin un petit groupe découvre la terre promise: le métro parisien. Au» ras du sol, entre les rails, règne du fait des frottements des roues un climat quasi tropical. Le ballast, formé de roche éruptive, stocke les calories libérées par les rames. La température entre lesy rails est de 27° entre 4 et 5 heures du matin, et de 34° entre 18 et 23 heures.

Les grillons se nourrissent des miettes, des détritus, des papiers gras, brins de laine, et même des mégots qui traînent sur les ballasts. Entre deux rames, les mâles stridulent pour attirer les femelles. Lorsque celles-ci s'approchent, les mâles se réunissent entre les rails pour sel défier au chant. Ceux qui stridulent le plus fortj font fuir les autres. Les grillons en viendront auxi pattes si les mauvais chanteurs refusent de décamper. Puis les mâles et les femelles grillons restent là à attendre le métro. Quand la rame arrivera, ils se placeront sous le rhéostat des voitures, là où Fair est le plus brûlant, pour se livrer à leurs ébats romantiques. C'est à la station Saint-Augustin qu'ils sont actuellement les plus nombreux et les plus faciles à observer. Ils ne craignent que deux choses: les araignées cra-cheuses de glu (scytodes) et les grèves qui font trefroidir les rails…