[7] Proudhon, Pierre-Joseph (1809-1865), publiciste économiste et sociologue français, idéologue de la petite bourgeoisie, un des fondateurs de l'anarchisme. Proudhon aspirait à perpétuer la petite propriété privée et critiquait la grande propriété capitaliste à partir de positions petites-bourgeoises; il proposa d'organiser "une banque populaire" spéciale qui, grâce à "un crédit de faveur", permettrait aux ouvriers d'acquérir en propre des moyens de production et de devenir des hommes de métiers. Le même caractère réactionnaire s'attache à son utopie sur la création "des banques d'échange" grâce auxquelles les travailleurs pourraient assurer une vente "équitable" de leurs produits sans toucher à la propriété capitaliste des instruments et moyens de production. Proudhon ne comprenait pas le rôle historique du prolétariat, se montrait hostile à la lutte des classes, à la révolution prolétarienne et à la dictature du prolétariat. Marx et Engels menaient une lutte suivie contre les tentatives des adeptes de Proudhon d'imposer leurs vues à la Ire Internationale. Marx critiqua vigoureusement le proudhonisme dans sa misère de la philosophie.(N.R.)
[8] Lassale nous a toujours affirmé, personnellement, qu'il était le disciple de Marx et, comme tel, il se plaçait sur le terrain du Manifeste. Mais dans sa propagande publique (1862-1864), il n'allait pas au-delà des associations productives créditées par l'Etat. (Note d'Engels.)
[9] Partisans et adeptes du socialiste utopique anglais Robert Owen (1771-1858) qui critiquait vigoureusement le régime capitaliste mais ne savait mettre à nu les véritables racines des contradictions du capitalisme. Il estimait que la cause première de l'inégalité sociale résidait dans la diffusion insuffisante de l'instruction et non dans le mode de production capitaliste lui-même, que cette inégalité pouvait être supprimée par la diffusion des connaissances et par des reformes sociales dont il préconisait un large programme. Il se représentait la future société "rationnelle" sous forme d'une libre fédération de petites communes autonomes. Cependant les efforts tentés par Owen pour appliquer ses idées n'eurent pas de succès. (Voir également III.3 de la présent ouvrage). (N.R.)
[10] Partisans et disciples de Charles Fourier (1772-1837), socialiste utopique français qui critiqua violemment et profondément le régime bourgeois et traça l'image de la future société humaine "harmonieuse" basée sur la connaissance des passions humaines. Adversaire d'une révolution violente, il croyait que le passage à la future société socialiste pouvait s'effectuer par le biais d'une propagande pacifique des phalanstères modèles (association du travail) où le travail bénévole et attrayant deviendrait un besoin pour l'homme. Fourier manquait cependant d'esprit de suite: il n'abolissait pas la propriété privée et laissait subsister dans ses phalanstères riches et pauvres (voir également III.3 du présent ouvrage). (N.R.)
[11] Cabet, Etienne (1788-1856), publiciste petit-bourgeois français, représentant marquant du communisme utopique. Il estimait que les défauts du régime bourgeois pouvaient être éliminés par une réorganisation pacifique de la société. Il exposa ses conceptions dans le Voyage en Icarie (1840) et tenta de les mettre en pratique en créant une communauté communiste en Amérique, mais toutes ses tentatives échouèrent. (Voir aussi fin de III.3 du présent ouvrage.)
[12] Weitling Wilhelm (1808-1871), militant en vue du mouvement ouvrier d'Allemagne à ses débuts, un des théoriciens du communisme "égalitaire" utopique. Les conceptions de Weitling, selon Engels, jouèrent un rôle positif "en tant que première manifestation théorique indépendant du prolétariat allemand", toutefois, dès la naissance du communisme scientifique, elle freinèrent le développement de la conscience de classe du prolétariat. (N.R.)
[13] The Condition of the Working Class in England in 1844. By Frederick Engels. Translated by Florence K. Wischnewetzky, New York, Lovell-London, W. Reeves, 1888. (Note d'Engels)
[14] Il s'agit du procès de provocation (4 octobre-12 novembre 1852) monté par le gouvernement prussien contre onze membres de la Ligue des communistes (1847-1852) accusés de haute trahison, sept d'entre eux furent condamnés, en vertu de faux documents et témoignages, à des peines de trois à six ans de prison. (N.R.)
[15] Lassalle se déclarait toujours personnellement avec nous, le disciple de Marx, et, comme tel, il se tenait évidemment sur le terrain du Manifeste. Il en est autrement de ceux de ses partisans qui n'allèrent pas au-delà de son programme d'associations de production bénéficiant de crédits de l'Etat et qui divisèrent toute la classe ouvrière en ouvriers comptant sur l'Etat et en ouvriers ne comptant que sur eux-mêmes. (Note d'Engels).
[16] Voir K. Marx: "Statuts généraux de l'Association internationale des travailleurs". (N.R.)
[17] Ce nom désignait la partie de la Pologne qui, sous le titre officiel de Royaume de Pologne, passa à la Russie par décision du Congrès de Vienne (1814-1815). (N.R.)
[18] Bismarck, Otto (1815-1898), homme d'Etat et diplomate prussien Dans la politique intérieure et extérieure qu'il pratiquait, il se guida sur les intérêts des hobereaux et de la grande bourgeoisie. Grâce à des guerres d'agression et à une série de démarches diplomatiques heureuses, il réussit, en 1871, l'unification de l'Allemagne sous l'égide de la Prusse. De 1871 à 1890, il fut le chancelier de l'Empire allemand.
"La révolution de 1848, comme nombre de celles qui la précédèrent, a connu d'étranges destins. Les mêmes gens qui l'écrasèrent, sont devenus, selon le mot de Marx, ses exécuteurs testamentaires. Louis-Napoléon fut contraint de créer une Italie unie et indépendante, Bismarck fut contraint de faire en Allemagne une révolution à sa manière et de rendre à la Hongrie une certaine indépendance…" (Engels, La situation de la classe laborieuse en Angleterre. Préface à l'édition allemande de 1892.) (N.R.)
[19] Allusion à l'insurrection nationale qui commença en janvier 1863 dans les terres polonaises faisant partie de l'Empire russe et qui fut sauvagement réprimée par les troupes du tsar. Les gouvernements des puissances de l'Europe occidentale-en qui les chefs de cette insurrection, gens de tendances conservatrices avaient placé leurs espoirs-, se bornèrent à des démarches diplomatiques et trahirent en fait les insurgés.(N.R.)
[20] Pie IX, élu pape en 1846, passait pour "un libéral", mais il n'était pas moins hostile au socialisme que le tsar Nicolas I° qui, dès avant la révolution de 1848, joua en Europe le rôle de gendarme. Juste à ce moment-là, il y eut lieu un rapprochement entre Metternich, chancelier de l'Empire autrichien et chef reconnu de toute la réaction européenne, et Guizot, historien éminent et ministre français idéologue de la grande bourgeoisie financière et industrielle et ennemi intransigeant du prolétariat. A la demande du gouvernement prussien, Guizot expulsa Marx de Paris. La police allemande persécutait les communistes non seulement en Allemagne mais aussi en France, en Belgique et même en Suisse, s'efforçant par tous les moyens d'entraver leur propagande. (N.R.)