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Il se reposa quelques instants pendant que Hay hurlait des encouragements à son camarade dont la tête était emprisonnée dans le seau. Des phrases étaient hachées, car il fallait profiter du moment où l’eau était basse. Robert trouva le temps de murmurer au Chasseur :

« Vous comprenez pourquoi je ne voulais pas venir seul ici ! » Puis s’accrochant d’une main ferme à la perche, il plongea une fois de plus. Bob pu trouver alors un meilleur endroit pour faire levier et il appuya de toutes ses forces. Le morceau de corail se souleva lentement et Bob voyait déjà la fin de cette aventure lorsque la perche-cassa. Un éclat pointu lui entama profondément la poitrine. Le Chasseur ne pouvait lui en vouloir, car la blessure provenait d’un accident reçu en accomplissant son devoir, et il referma les bords de la plaie. Bob revint à la surface.

« J’ai l’impression qu’il va falloir s’y mettre tous. J’ai réussi à le faire remuer, mais la perche a cassé. Vous devriez aller chercher les autres bouts de bois ou plutôt les deux avirons et tout le monde s’y mettrait.

— Mieux vaudrait peut-être aller chercher une barre de mine, proposa Malmstrom.

— Mieux vaudrait que nous en venions rapidement à bout, répliqua Bob d’un ton sec. La marée monte et le petit truc du seau ne tiendra que tant que l’eau descendra au-dessous des bords. Allez, dépêchez-vous. »

Quelques secondes plus tard les quatre garçons étaient dans l’eau, entourant leur camarade, chacun muni ou d’un bout de bois ou d’un aviron. Bob plongeait constamment afin de placer correctement les extrémités des leviers pendant que les autres s’apprêtaient à appuyer de toutes leurs forces à son signal. Personne ne savait évidemment qu’il pouvait voir sous l’eau, mais tous acceptaient d’obéir à ses ordres pour la simple raison qu’il avait pris la direction des opérations à un moment où ils ne savaient que faire, et d’autre part ce n’était vraiment pas le moment de discuter de question de préséance.

Bien que gros, le bloc se souleva sous les efforts conjugués de tous les garçons, qui faillirent casser un aviron. Ils tinrent le bloc en équilibre la fraction de seconde nécessaire à Rice pour enlever rapidement son pied. Avec l’aide de ses camarades, il parvint à se hisser sur le rocher et s’assit pour masser son pied endolori.

En dépit de son hâle, Rice était pâle et quelques minutes se passèrent avant qu’il reprît sa respiration normale et que son pouls devienne plus régulier. Il put alors se mettre debout. Les autres garçons avaient eu au moins aussi peur que lui et personne ne proposa de chercher à repêcher l’objet de métal qui était à l’origine de l’incident. Dix minutes plus tard, Rice déclara qu’il serait dommage de s’être donné tant de mal pour rien. Bob releva le gant et plongea une fois de plus. L’objet n’était plus visible parmi les coraux et les algues qui tapissaient le fond du lagon. Bob se piqua les doigts à un oursin et estima qu’il était inutile de pousser plus avant les recherches. Rice était extrêmement déçu de ne rien rapporter de sa promenade, lui qui mettait un point d’honneur à toujours montrer quelque chose à ses parents en revenant de ses explorations. Il ne pourrait que leur raconter l’aventure dont il avait failli être victime, ce qui était peu.

Il était alors quatre heures et demie, ce qui laissait assez de temps avant le dîner pour poursuivre l’exploration des récifs, mais le cœur n’y était plus. Ils décidèrent alors de ramer jusqu’à l’appontement distant de deux bons kilomètres.

« On ne trouvera pas grand monde là-bas, remarqua Hay d’un ton calme. Il n’y aura pas de bateau avant une semaine. »

Sur le moment personne ne répondit, car tous avaient une idée en tête, mais par la suite, Hay entendit souvent parler de sa phrase que tous trouvèrent anodine sur le moment.

Le Chasseur entendit la remarque comme les autres sans y attacher beaucoup d’importance, car il était trop préoccupé. Il avait, en effet, reconnu une enveloppe de générateur qui ne provenait pas de son engin.

XII

LA CHUTE

Ils ramèrent pendant une demi-heure dans un silence à peu près complet, car tous avaient eu très peur ; mais lorsque Norman Hay fit une remarque au sujet de son aquarium la conversation reprit de plus belle.

« Nous trouverons peut-être quelque chose là-bas pour enlever le bouchon de ciment que j’ai mis dans mon aquarium, dit-il.

— Il te faudra un instrument solide, répondit Tout-Petit, car le ciment sous-marin durcit très vite. C’est ce qui a été employé pour l’appontement et on ne voit aucune marque sur le quai, même à l’endroit où s’amarrent les bateaux.

— Aucun navire ne vient toucher le quai à moins d’un accident, fit remarquer Rice assis à l’avant. Ce qui n’empêche pas Norman d’avoir raison quand il dit qu’il te faudra des outils solides. En tout cas chez moi, je ne vois rien qui puisse faire l’affaire.

— Mais, au juste, que cherches-tu ? Un marteau et un ciseau à froid ?

— Tu n’arriveras certainement à rien avec un marteau pour travailler sous l’eau. Il faut une longue barre à mine très lourde et très pointue. Personne ne sait où on pourrait en trouver une ? » La question demeurant sans réponse, Hay reprit au bout d’un moment : « Nous pourrons toujours demander à l’un des types du ponton et si par hasard il n’a rien, ceux qui construisent la maison en haut de la colline devraient posséder ça dans leurs outils.

— Si seulement nous pouvions avoir un casque de plongée, le travail serait vite fait, déclara Rice.

— Les seuls casques de l’île se trouvent dans le bâtiment de l’équipe de sécurité de l’appontement et des réservoirs et je n’ai pas l’impression qu’ils seraient enchantés de nous en prêter un, fit remarquer Bob. Et puis en admettant même que l’on puisse avoir la combinaison, personne ne pourrait la mettre sauf Tout-Petit, et encore.

— Ce n’est pas la peine de rêver, ils ne nous la laisseront pas prendre.

— Pourquoi ne pas faire un équipement ? Ce n’est pas très compliqué.

— Peut-être pas, mais cela fait quatre ou cinq ans que l’on en parle et pour l’instant on est toujours obligé de compter uniquement sur sa respiration pour travailler sous l’eau. »

Colby venait de lancer une de ses rares remarques et, comme d’habitude, personne ne trouva rien à répondre. Rice rompit le silence le premier en demandant :

« Que vas-tu faire pour empêcher tes poissons d’aller se promener ? Bob parlait tout à l’heure d’un grillage ; c’est très joli, mais où veux-tu trouver cela ?

— Je n’en ai pas la moindre idée. Et s’il en existe dans l’île, il ne peut s’en trouver que dans l’un des magasins de l’appontement. Je tâcherai d’en piquer un morceau, ou tout au moins du gros fil de fer pour en faire un moi-même. De toute façon il ne m’en faudra pas beaucoup, car le trou ne sera pas grand. »

L’embarcation fut amarrée au pied d’une échelle de fer scellée dans l’appontement du côté de la terre. Rice et Bob firent rapidement deux nœuds à l’avant et à l’arrière du bateau pendant que les autres grimpaient sans plus attendre. Rice éprouvait quelque difficulté à monter à cause de son pied, mais parvint néanmoins en haut sans encombre. Une fois sur l’appontement, les jeunes garçons regardèrent longuement autour d’eux, se demandant ce qu’ils allaient faire.

L’appontement était une énorme construction et la production en huile de la semaine en occupait une bonne partie. Le nombre de barils augmentant, on avait multiplié les endroits de stockage. Quatre énormes réservoirs cylindriques arrêtaient la vue à l’autre bout. Aucun mur pare-feu ne séparait les réservoirs construits en acier et en béton d’où partaient d’énormes tuyaux aboutissant au ras de l’eau. Le matériel d’incendie se résumait en tout et pour tout à des tuyaux renfermant de l’eau sous pression qui devait servir, en principe, à balayer l’huile enflammée dans le lagon.