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— Je suis prêt à tout faire pour avoir la paix, déclara alors le père. Vous allez tous rester auprès de vos vélos… Toi aussi, Kinnaird. Je vais porter les cartouches tout seul.

— Il n’y a pas de danger, répondit Bob qui voulait voir de plus près tout le matériel d’extraction et les explosifs.

— Pas de réflexion de ce genre, veux-tu ! lança M. Rice. Ton père tient essentiellement à ce que vous restiez tous assez loin pendant qu’il posera les charges et qu’il reviendra avec la boîte des détonateurs. Et il a rudement raison de ne pas vouloir vous voir traîner autour de lui. »

Sur ces paroles, M. Rice mit la voiture en marche et Bob, qui sentait qu’au fond M. Rice avait dit la vérité au sujet des volontés de son père, remonta à bicyclette et s’éloigna suivi du reste de la troupe.

La Jeep fut rangée devant la maison de Hay et le matériel débarqué. M. Rice insista pour porter lui-même les cartouches de dynamite ainsi que les détonateurs, bien que Bob ait déclaré qu’il était imprudent de tout transporter à la fois. Bob et Malmstrom se chargèrent des fils et du flotteur, puis la petite troupe partit à pied en direction de la plage. Ils s’en gagèrent nettement plus à gauche du chemin qu’ils avaient suivi le mercredi et se retrouvèrent bientôt à l’extrémité de la longue bande de sable.

À cet endroit, les récifs, de nouveau visibles, dessinaient une courbe très marquée qui, du sud à l’est, encerclait presque complètement la petite île. Vers le sud, le lagon était moins large, car les récifs n’étaient jamais à plus de cinq cents mètres de la terre et personne n’avait jamais songé à construire la moindre installation de ce côté-là. Au sud de la petite plage, à l’endroit où les coraux réapparaissaient, un passage étroit conduisant à la mer libre isolait la petite île, mais la passe était si exiguë que même une embarcation ne pouvait s’y aventurer.

C’était la « porte » dont Rice avait parlé. De loin on avait l’impression que le passage était facile, mais en regardant de plus près, on s’apercevait, comme Rice n’avait pas manqué de le faire remarquer, qu’il y avait un obstacle. Du côté de la plage, l’extrémité du passage qui recevait en plein les vagues était obstrué par un bloc de corail de plus de deux mètres de diamètre. Les tempêtes successives avaient dû l’amener d’un autre point de la côte et le rouler jusqu’au moment où il s’était calé entre des branches du récif. Les garçons n’eurent pas à regarder deux fois pour se rendre compte qu’il était impossible de bouger le bloc à la main, quoiqu’ils aient essayé de casser des morceaux de corail de chaque côté pour le faire glisser.

On pouvait, bien sûr, aller en barque dans le lagon du sud en faisant le tour de l’île, mais la route était longue et tous les garçons étaient d’accord pour estimer que l’ouverture du passage valait largement les efforts qu’ils déployaient.

M. Rice s’écarta un peu pour permettre à Colby de placer la charge. Il n’avait aucune envie de descendre sous l’eau et se contenta de donner des instructions très précises. Puis il obligea tout le monde à le suivre sous les cocotiers et à s’abriter derrière les troncs avant d’appuyer sur le détonateur. L’explosion se produisit comme souhaité. Une haute colonne d’embruns et de morceaux de corail s’éleva dans l’air, accompagnée d’un bruit sourd qui parut assez faible aux garçons. Lorsque la pluie de fragments eut cessé, tous se précipitèrent vers le passage et virent tout de suite qu’il ne serait pas nécessaire de recourir à une deuxième charge de dynamite. Du bloc qui obstruait l’entrée on n’apercevait plus qu’un morceau assez petit qui avait glissé au fond. Le reste semblait s’être dissous dans l’eau. À présent un bateau pouvait largement passer.

Les garçons modérèrent leur joie quelques instants pour aider M. Rice à remettre tout son matériel dans la jeep. Ceci fait, on se posa la question de l’emploi du temps. Hay et Malmstrom voulaient retourner pour travailler à l’aquarium, alors que Bob et Rice souhaitaient profiter immédiatement de l’ouverture du passage pour aller explorer les récifs du sud. Comme d’habitude Colby n’émit pas d’opinion. Aucun d’eux ne songea un instant à abandonner ses camarades et Hay emporta la décision en faisant remarquer que l’après-midi était déjà avancé et que mieux valait revenir le matin pour avoir toute la journée à passer sur les récifs.

Normalement, Bob aurait insisté davantage afin de permettre au Chasseur d’examiner un autre secteur des récifs, mais celui-ci lui avait révélé la veille au soir la nature du morceau de métal, cause indirecte de l’accident de Rice.

« C’était l’enveloppe d’un générateur appartenant à un engin similaire au mien, avait dit le Chasseur. Je suis absolument certain que cela ne vient pas de mon appareil. Si je l’avais seulement vu j’aurais évidemment pu me tromper, car il y a de grandes chances pour que vos semblables possèdent des objets ayant la même allure vus de loin, mais je l’ai senti pendant que vous tiriez dessus avec la main. Des petites marques étaient gravées dans le métal et j’ai reconnu des lettres de mon propre alphabet.

— Comment a-t-il pu venir là puisqu’il n’y avait pas d’autres débris aux alentours ?

— Je vous ai déjà dit que notre fugitif était un lâche. Il a dû détacher cette partie de son appareil et l’emmener avec lui pour se protéger, malgré le poids. Je reconnais que c’était une armure solide, car je n’imagine pas de moyen de percer ce métal. D’autre part, le fugitif devait se maintenir tout au fond de la petite coquille qu’aucun poisson ne pouvait naturellement avaler. Le stratagème était habile bien qu’en agissant ainsi il nous ait fourni la preuve qu’il avait effectivement atterri sur cette île et de plus nous savons à présent où il a pris pied sur la côte.

— Pouvez-vous imaginer ce qu’il a pu faire alors ?

— Exactement ce que je vous ai déjà dit : il a dû prendre un hôte pour se cacher à la première occasion et je crois pouvoir avancer qu’il ne s’est pas montré difficile dans son choix. Vous voyez que nous avions raison de soupçonner tous vos amis, y compris le jeune homme qui allait dormir près des rochers dans un bateau plein d’explosifs. »

Sachant cela, Bob acceptait volontiers de remettre à plus tard l’exploration des récifs, car il aurait ainsi le temps de réfléchir aux nouveaux problèmes qui se posaient. Il était donc tout prêt à aider ses camarades dans ce travail qui ne l’enchantait guère. Au cours de l’après-midi il eut une idée mais ne put s’écarter suffisamment des autres pour l’exposer au Chasseur. Il décida donc de remettre à plus tard la conversation et s’attela avec les autres à enlever les morceaux de ciment restant.

Lorsque le moment fut venu de rentrer chez eux pour le dîner, les garçons avaient réussi à entamer le bouchon de ciment. Ils avaient pu ouvrir une ouverture suffisante pour y faire passer entièrement une des barres à mine. Le trajet du retour leur parut très court, car ils étaient lancés dans une discussion passionnée pour savoir si l’ouverture ainsi pratiquée serait assez grande pour permettre à l’eau de l’aquarium de se renouveler assez vite. Lorsqu’ils se séparèrent, ils n’étaient pas encore d’accord sur l’importance du résultat acquis.

Dès qu’il fut seul, Bob soumit aussitôt son idée au Chasseur.

« Vous m’avez dit à plusieurs reprises que vous ne voudriez jamais quitter ou entrer dans mon corps sans que je sois endormi, car vous ne voulez absolument pas que je vous voie. Je ne crois pas que cela ait beaucoup d’importance, mais enfin je ne veux pas discuter encore une fois cette question. Mais imaginez que je pose un récipient dans ma chambre durant la nuit, une boîte ou tout autre objet suffisamment grand. Dès que je serai endormi, et vous êtes à même mieux que quiconque de vous en rendre compte, vous pourriez facilement sortir pour passer dans la boîte. Si vous le désirez je puis vous donner ma parole de ne pas regarder à l’intérieur. Je pourrais alors vous transporter près de la maison de chacun de mes camarades à tour de rôle et vous y laisser pour une nuit. Vous auriez toute latitude pour vous rendre compte par vous-même de ce qui se passe chez chacun d’eux et de vous réfugier dans la boîte le matin. Je ferais un signe quelconque que vous modifiriez à votre guise afin de m’indiquer si vous voulez revenir chez moi ou être transporté ailleurs. »