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À droite, s’étendait une petite zone qui ressemblait à une plantation de bambous. Les tiges étaient nettement séparées et montaient toutes droites. Comme presque toutes les plantes qui poussaient sur l’île celles-ci possédaient des épines pointues comme des aiguilles et dures comme de l’acier, qui s’étageaient en partant du sol. L’objet qui avait attiré l’attention du Chasseur se trouvait à l’extrémité de cet endroit un peu différent des autres. Il ne pouvait voir très bien, car l’image qui s’offrait à lui n’était pas dans l’axe optique de la pupille de Bob. Cependant sa curiosité fut éveillée sur-le-champ.

« Bob ! Regardez là-bas ! »

Bob tourna immédiatement son regard dans la direction indiquée, se fraya un chemin avec quelque difficulté et se pencha sur le squelette blanc à demi dissimulé par des hautes herbes.

« Maintenant je sais ce que Tip est devenu, dit le jeune garçon à voix basse. Chasseur, avez-vous une idée de ce qui a pu le tuer ? »

Le Chasseur ne répondit pas tout de suite et se contenta d’examiner soigneusement les os. Selon toute apparence l’animal était mort là et ses restes n’avaient pas été dérangés depuis.

« À première vue, il ne semble pas avoir été dévoré, du moins pas par un animal aussi gros que lui, déclara le Chasseur.

— Vous avez raison. Les fourmis ou tout autre insecte semblable ont très bien pu nettoyer les os après sa mort, mais il n’existe aucune espèce dans l’île qui ait pu en être la cause directe. Savez-vous à quoi je pense ?

— Je ne suis pas fakir, bien que je commence à vous connaître assez pour pouvoir prédire exactement ce que vous allez faire. Néanmoins je crois deviner votre idée. J’admets qu’il est fort possible que le chien ait été tué et mangé par notre fugitif après avoir été conduit ici en partant de la côte. Pourtant, je tiens à vous faire remarquer qu’il n’existe aucune raison logique pour que le chien ait été tué ici. Cet endroit était certainement le dernier de toute l’île où il pouvait espérer trouver un hôte. De plus, le chien possédait assez de viande pour permettre à notre criminel de vivre pendant des semaines. Pourquoi donc serait-il resté assez longtemps en cet endroit pour tout dévorer ?

— Par peur. Peut-être pensait-il que vous le suiviez de très près et il a préféré se cacher. »

Le Chasseur ne s’attendait pas à recevoir une réponse aussi rapide à la question qu’il avait posée sans y penser sérieusement. Il dut admettre, cependant, que l’hypothèse de Bob pouvait être valable. Avant qu’il n’ait eu le temps de dire autre chose, le jeune garçon demanda :

« Chasseur, pouvez-vous dire si la chair a été enlevée par un de vos semblables, en examinant simplement ces os ? Je vais en prendre un dans la main et le tiendrai aussi longtemps que vous le voulez, si vous pouvez l’examiner de plus près.

— C’est cela, je découvrirai peut-être un indice quelconque. »

Bob ramassa aussitôt un des fémurs du chien et s’aperçut que les autres os avaient du mal à se séparer. Il devait rester encore un peu de cartilage entre les jointures. Le jeune garçon tint l’os solidement dans sa main fermée, sachant très bien par quel moyen le Chasseur allait l’examiner. Pour la première fois, une possibilité s’offrait à lui de voir une portion du corps du Chasseur, mais il eut assez de volonté pour résister à la tentation d’ouvrir la main. L’aurait-il fait, d’ailleurs, qu’il n’aurait rien vu. Le Chasseur envoya en effet des filaments assez minuscules pour passer par les pores de la peau de son hôte, et on ne pouvait les voir à l’œil nu. L’examen se prolongea durant plusieurs minutes.

« Vous pouvez le jeter maintenant.

— Avez-vous trouvé quelque chose ?

— À peine. Mais selon toute évidence notre fugitif n’a rien à voir là-dedans. La moelle de l’os s’est décomposée normalement ainsi que le sang et les autres matières organiques qui emplissaient les tubes minuscules de l’os. On comprendrait mal ce qui aurait poussé notre fugitif à rester ici assez longtemps pour consommer toute la chair du chien et en laissant ce que j’ai découvert. Notre hypothèse des fourmis a toutes les chances d’être vraie.

— Mais vous n’en n’êtes pas certain ?

— De quoi peut-on être sûr dans ce domaine ? Cependant il faudrait admettre une coïncidence extraordinaire pour imaginer que notre arrivée à fait partir le fugitif sans lui laisser le temps de tout dévorer. Mais il faut examiner toutes les possibilités.

— Et où serait-il alors ?

— Bob, ne croyez pas que je veuille défendre cette hypothèse ridicule. Cependant si l’on veut aller jusqu’au bout, le seul endroit possible pour lui aurait été de se réfugier dans votre corps. Mais je puis vous affirmer qu’il n’a fait aucune tentative de ce genre.

— Peut-être a-t-il deviné votre présence. »

Le Chasseur aimait bien le jeune garçon, mais à certains moments, il le trouvait particulièrement énervant.

« Effectivement il a pu déceler ma présence et peut-être est-il en train de fuir à toute vitesse à travers les buissons. »

Si la voix du Chasseur avait pu être entendue, Bob y aurait décelé une certaine note de lassitude. Il se contenta de sourire et se mit à redescendre la colline. Le Chasseur remarqua pourtant qu’il faisait le tour de l’endroit où gisait le squelette du chien. Aussi improbable que pût être son hypothèse, Bob tenait beaucoup à la vérifier puisqu’il en avait la possibilité sur-le-champ.

« Vous semblez oublier qu’un de vos camarades vous attend.

— Non ! Non ! Mais ce ne sera pas long.

— Je croyais que vous aviez l’intention de faire tout le tour de ce massif de plantes piquantes et j’allais vous faire remarquer que si votre supposition est juste, vous risquez fort de tomber dans un piège. J’admets fort bien que vous n’ayez pas peur, mais essayez au moins d’être logique.

— Jolie phrase, murmura Bob, il faudra que vous m’en appreniez d’autres semblables. Si vous regardiez un petit peu autour de vous vous verriez que nous descendons vers la crique, et que l’on va rencontrer le sentier où nous étions hier, pour regagner la maison. Je sais que ce n’est pas le chemin le plus rapide, mais c’est le plus sûr. »

Bob cessa brusquement de parler et fit un bond sur le côté au moment où un petit animal jaillit soudainement d’un buisson pour aller se cacher sous un autre.

« Ces sacrés rats, reprit Bob. Si l’on pouvait seulement trouver quelques millions d’êtres comme vous pour nous débarrasser de ce fléau.