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— Eh bien alors, examinez-moi à votre façon. Je sais que vous n’avez pas de raison particulière de me suspecter, mais mieux vaut être fixé d’une manière ou d’une autre. Vous saurez alors si je suis digne de confiance et j’avoue que je ne serais pas fâché de l’apprendre moi-même. Je reconnais avoir été un peu effrayé au cours de ces dernières minutes, car je redoutais de vous voir quitter mon bureau sans que je sache à quoi m’en tenir.

— Je comprends votre point de vue, répliqua Bob, mais le Chasseur n’entrera ou ne quittera jamais une créature humaine tant que celle-ci sera éveillée. Vous devez comprendre ses raisons. »

Le docteur baissa la tête à plusieurs reprises, en proie à de profondes réflexions.

« Oui, je vois les motifs qui le retiennent, mais je crois que l’on peut tout concilier. »

Le docteur Seever se leva, prit une petite pancarte et alla l’accrocher à l’extérieur de la porte d’entrée, puis la refermant soigneusement, il tira les deux verrous.

« Combien pèses-tu, Bob ? » demanda le docteur en rentrant dans son cabinet. Bob lui dit son poids et après avoir fait un bref calcul mental, le docteur alla chercher une bouteille contenant un liquide incolore. Le flacon à la main, il se retourna vers son visiteur et déclara d’une voix un peu plus forte qu’à l’ordinaire :

« Chasseur, je ne sais si ce produit peut avoir des effets sur vous, aussi je vous propose de quitter le système digestif et circulatoire de Bob avant que nous ne l’avalions. Nous allons dormir une à deux heures et je suppose que ce temps est plus qu’il ne vous en faut. Mais ne sachant pas si une quantité moindre nous endormirait vraiment, je préfère m’en tenir à celle-ci. Vous pourrez vous livrer à votre examen pendant notre sommeil et revenir à votre point de départ pour nous donner des résultats à notre réveil, à moins que vous ne soyez obligé d’agir autrement. Nous ne serons pas dérangés, j’ai fait le nécessaire. Voyez-vous autre chose ?

« — Je crains fort de ne pouvoir accepter votre proposition », répondit le Chasseur par le truchement de Bob, car je ne saurais pas d’une façon certaine si vous êtes réellement endormis ou non. Cependant, je me rends compte que cet examen doit avoir lieu le plus rapidement possible et à la réflexion j’accepte de courir le risque, à une condition. Vous allez vous asseoir à côté de Bob et vous lui tiendrez la main fortement serrée en me promettant de ne pas la lâcher pendant vingt minutes. Je pourrai ensuite me glisser dans votre corps et voir ce qui s’y passe. »

Le docteur accéda immédiatement à cette demande, car il n’avait proposé l’emploi de la drogue que pour vaincre la résistance du Chasseur, et ce que celui-ci demandait serait infiniment plus simple et moins dangereux. Il approcha sa chaise de celle de Bob, prit la main du jeune garçon et banda les deux mains jointes très serrées pour sauvegarder la tranquillité d’esprit du Chasseur.

Après un peu plus de vingt minutes, le Chasseur annonça à leur grand soulagement que son rapport était négatif. Pour la première fois depuis le début de la visite de Bob, la conversation se fit plus libre et la discussion sur le problème devint si chaude que le médecin en oublia la jambe blessée de Bob. Ce ne fut qu’au moment de partir que le médecin lui dit :

« Si j’ai bien compris, Bob, votre ami ne peut rien faire pour accélérer le progrès de la guérison, mais, en revanche, il peut très bien empêcher une plaie de saigner et de s’infecter. À mon avis, vous devriez essayer de vous servir le moins possible de cette jambe afin de laisser à vos muscles le temps de reprendre leurs forces.

— Je vous remercie de votre conseil, docteur, seulement je ne peux pas me reposer, car pour l’instant je sers de véhicule au commandant en chef de l’armée des microbes.

— Alors, vous vous remettrez moins vite, mais je ne crois pas qu’il faille redouter des complications dans l’état actuel des choses. C’est à vous de décider ce qu’il faut faire. Je sais très bien que quelqu’un est en danger, mais dans la mesure du possible essayez de vous reposer le plus que vous pourrez ».

Le docteur referma la porte derrière Bob et retourna dans son laboratoire où il se plongea aussitôt dans ses travaux sur l’immunisation. Le Chasseur et ses semblables avaient appris à triompher des anticorps, mais heureusement la médecine offrait d’autres ressources.

Peu avant l’heure du dîner Bob et le Chasseur se dirigèrent vers la crique où devait se trouver toute la bande. Bien avant qu’il n’arrivât à l’endroit où l’on cachait le bateau, un bruit de scie avertit Bob que la réparation était en cours, mais le travail s’arrêta à son approche.

« Où as-tu été ? Tu n’as pas dû attraper beaucoup d’ampoules cet après-midi ! Regarde un peu le bateau ! »

En fait il ne restait plus qu’un embryon d’embarcation car en ôtant les mauvaises planches, il avait fallu presque tout déclouer et jusqu’alors bien peu d’endroits avaient été refaits. Bob crut deviner la raison du peu de travail accompli en jetant un regard autour de lui. Il n’y avait presque pas de bois pour remplacer les morceaux pourris.

« Où sont tous les bouts de bois que nous avions mis de côté hier soir ? demanda-t-il à Hay.

— J’aimerais bien que tu me le dises, répondit l’autre un peu sèchement. Il y en avait encore un petit peu là où nous les avions cachés et c’est ce que tu vois. Quant au reste, tout a disparu. Je ne sais pas si des gosses se sont amusés avec ou si les maçons s’en sont servis. En tout cas, il n’y avait plus rien. Nous ne sommes pas restés là-bas pour en trouver d’autres, car il valait mieux se servir de ceux-là avant qu’ils ne disparaissent à leur tour. Il faudra retourner en chercher d’autres, quoiqu’il n’en manque plus que très peu maintenant.

— Tu parles ! » dit Bob en jetant un regard étonné sur le squelette d’embarcation qui gisait à demi démoli sur la plage. Le mot et l’image lui rappelèrent aussitôt l’importante découverte faite la veille et, se tournant vers Rice, il lui dit :

« Red, je crois bien avoir trouvé ce qui reste de Tip. »

Tous posèrent aussitôt leurs outils et s’approchèrent, pleins d’intérêt.

« Où l’as-tu trouvé ?

— Là-haut, dans le bois, tout près du ruisseau. Je suis tombé tout de suite après et j’ai oublié tout le reste, sans cela je vous en aurais parlé ce matin. Je ne suis pas encore certain que ce soit Tip, car il n’en reste pas grand-chose, mais en tout cas c’était un chien de sa taille. Je vous montrerai l’endroit plus tard, car nous n’avons plus le temps maintenant.

— As-tu une idée de ce qui a pu le tuer ? demanda Rice qui tenait pour certaine la mort du chien.

— Aucune idée et tu ne seras pas plus avancé que moi lorsque tu l’auras vu. J’ai l’impression que Sherlock Holmes lui-même aurait du mal à découvrir des indices, mais rien ne vous empêche d’essayer. »

Cette nouvelle marqua la fin du travail sur le bateau pour l’après-midi. Comme Bob l’avait annoncé, l’heure du dîner approchait et toute la bande de garçons remonta le ruisseau jusqu’à la route où chacun prit une direction différente pour rentrer chez lui. Avant de disparaître au détour d’un sentier, Rice héla Bob pour lui rappeler qu’il devait l’emmener dans les bois après le repas.

Comme il était facile de le prévoir, tout le monde était là, car la description de Bob avait éveillé la curiosité de tous et chacun tenait à avoir son opinion sur la question. Bob prit la tête de la petite troupe et remonta lentement le sentier qui bordait le ruisseau jusqu’à l’endroit de son accident. Hay, toujours curieux, jeta un regard dans le trou formé par la chute de Bob, et retrouva la branche qui était à l’origine de tous les ennuis. Après s’être donné beaucoup de mal, il réussit à en tirer un gros bout.