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Les deux garçons ne s’en voulaient plus du tout et pendant qu’on les soignait ils avaient fait assaut de politesse pour s’excuser mutuellement. Bob et Norman trouvèrent même très drôle de les voir s’éloigner bras dessus, bras dessous pour aller comparaître devant M. Rice.

« On lui avait pourtant dit qu’il tomberait un jour sur un os, remarqua Hay ; j’espère quand même qu’il n’aura pas d’ennui du côté de ses parents, Charlie l’a déjà assez sonné.

— Ça, répliqua Bob, on peut dire qu’il avait choisi le bon moment pour dire une blague ! Juste à l’instant où Charlie annonçait qu’il ne partait pas. Tu penses s’il était de bon poil.

— Tiens, mais je ne savais pas. Charlie a dit qu’il ne partait pas ?

— Oui. » Bob se souvint à temps qu’en principe il ne devait pas savoir la cause de ce contrordre. « Tout s’est passé si vite que personne n’a eu le temps de lui demander des explications. J’ai l’impression que maintenant mieux vaut ne pas lui en parler. On remonte là-haut voir ce qui se passe ?

— Je ne crois pas que ce soit la peine. D’autre part je n’ai pas encore eu le temps d’installer le grillage à mon aquarium. Jusqu’ici on n’a fait que réparer ce maudit bateau. Qui veut venir avec moi dans la petite île ? D’ailleurs on n’a pas besoin de bateau, il suffit de passer à la nage. »

Bob hésita un instant. Il lui fallait absolument retourner voir le docteur pour essayer un nouveau vaccin, mais il ne voyait pas comment il pourrait quitter ses amis sans éveiller leurs soupçons et risquer de trahir ses véritables motifs.

« Et Hugh, demanda-t-il, il n’est pas encore redescendu ? Il n’avait pourtant pas à aller loin pour porter sa lame de scie.

— Il a dû trouver autre chose à faire en route. Je crois bien que je vais rentrer aussi si l’on ne va pas à l’aquarium. Tu viens, Bob ?

— J’ai encore quelque chose à faire, répondit-il, et je vais y aller tout de suite.

— Bon, alors à tout à l’heure. »

Hay se dirigea vers la colline et aperçut devant lui les vagues silhouettes des deux pugilistes qui n’avaient pas l’air pressés d’aller s’expliquer devant M. Rice. Bob, se demandant toujours si les autres ne soupçonnaient rien à son sujet, se dirigea vers la plage en direction de l’appontement. Il marchait lentement, car de nombreuses pensées se pressaient dans son esprit et le Chasseur ne le dérangea pas. Il devait sans doute avoir lui aussi des préoccupations personnelles. Parvenu à l’extrémité de l’appontement, Bob bifurqua vers la route, dépassa la maison de Teroa et, ayant tourné à droite, atteignit la demeure du docteur. Ses projets se trouvèrent brusquement dans une impasse lorsqu’il aperçut sur la porte la petite pancarte indiquant que le médecin était sorti sans que soit précisée l’heure de son retour.

Comme Bob le savait, la porte n’était jamais fermée. Après quelques instants d’hésitation, il l’ouvrit et pénétra dans le cabinet. Il avait le temps d’attendre et, d’autre part, le médecin ne restait jamais très longtemps absent. En outre, il découvrirait beaucoup de livres qu’il n’avait pas lus et dans lesquels il pourrait peut-être trouver des renseignements utiles. Il parcourut du regard les rayons de la bibliothèque, tirant quelques volumes aux titres prometteurs, et s’installa pour lire.

La plupart étaient des ouvrages techniques destinés à des professionnels où il trouva de nombreux termes médicaux qui lui parurent hermétiques. Bob était loin d’être ignare, mais il manquait simplement des connaissances nécessaires pour interpréter correctement ce qu’il lisait. Aussi son esprit s’éloigna-t-il souvent du sujet pour vagabonder en toute liberté.

Ses pensées se concentraient sur les événements de l’après-midi qu’il essayait de rattacher aux problèmes qui le préoccupaient tant. Il n’avait pas encore eu l’occasion de demander l’opinion du Chasseur sur les conclusions auxquelles il était arrivé la veille au soir et en particulier sur les soupçons que Bob et le docteur Seever avaient formulés au sujet de Hay et Rice. Il profita de cet instant de répit pour interroger le Chasseur.

« Je me suis abstenu de critiquer vos efforts, répliqua celui-ci, bien qu’à mon avis vous vous soyez trompés complètement. Vous aviez malgré tout de sérieuses raisons d’en arriver là. Je préfère ne pas vous donner mon opinion au sujet de Rice et Hay, ni même envers vos autres camarades, car si je commence à démolir vos hypothèses en partant du principe qu’elles ne concordent pas avec les miennes, mieux vaudrait pour moi décider de travailler tout seul. »

Le blâme était indirect, mais Bob comprit très bien que le Chasseur ne partageait pas leur avis. Il ne comprenait d’ailleurs pas pourquoi, car il estimait que le docteur et lui-même avaient été parfaitement logiques dans leurs raisonnements. Cependant le Chasseur devait avoir plus de renseignements qu’eux-mêmes sur le criminel qu’ils recherchaient.

Où pouvaient-ils s’être trompés ? À proprement parler ils n’avait tiré aucune conclusion encore définitive. Connaissant les limites de leurs connaissances, ils s’étaient contentés de parler de probabilités. Si le Chasseur était d’un avis différent, il devait posséder quelques certitudes.

« Je ne suis pas encore sûr », répondit le détective, lorsque Bob lui exposa le film de son raisonnement et une fois de plus Bob se remit à passer en revue les événements récents. Il venait d’avoir une idée qui lui paraissait sensée, mais n’eut pas le temps d’en faire part au Chasseur, car à l’instant même il entendit les pas du médecin dans la pièce voisine. Bob se dressa d’un bond, le visage tendu et au moment où le docteur ouvrit la porte, il lui lança d’un trait :

« Il y a du nouveau. Vous pouvez laisser partir Charlie dès demain et ce n’est pas la peine de nous occuper de Rice non plus. »

XVIII

PREMIERES ELIMINATIONS

Surpris par le ton de la voix de Bob, le docteur s’était arrêté sur le seuil de la porte. Puis il se dirigea vers le fauteuil où il avait l’habitude de s’asseoir et dit alors :

« Je suis heureux de l’apprendre, mais moi aussi j’ai du nouveau. Racontez-moi d’abord ce que vous savez. Le Chasseur a-t-il procédé à des examens de son côté ?

— Non. C’est moi. Enfin, cela découle de ce que j’ai vu. Je n’en avais d’ailleurs pas compris l’importance sur-le-champ, c’est en réfléchissant à l’instant que j’ai pu tout raccorder. Charlie et Rice se sont battus près du nouveau réservoir. Tout a commencé lorsque Rice s’est moqué de Charlie parce qu’il ne partait pas demain. Il venait sans doute de vous quitter. Enfin, peu importe la raison, ils se sont bagarrés et sérieusement. Ils y ont gagné pas mal de traces de coups. Rice en particulier a les deux yeux d’une jolie couleur sombre et tous deux ont récolté un saignement de nez de première classe. Je vous assure que c’était du travail bien fait.

— Et d’après toi, cet étalage sanguinolent implique forcément qu’aucune créature ressemblant au Chasseur ne pouvait habiter l’un ou l’autre des combattants ? Nous avions pourtant estimé que notre fugitif pouvait fort bien ne pas intervenir pour arrêter une hémorragie, de peur de révéler sa présence. Je ne vois donc pas ce que peut prouver ton histoire.

— Vous me comprenez mal, docteur. Je sais très bien qu’une blessure ou une égratignure saignant très fort ne prouverait rien, mais vous devez vous rendre compte de la différence qui existe entre une plaie ouverte et un saignement de nez. Personne ne peut voir ce qui se passe et il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’un coup sur le nez n’entraînât pas immédiatement un flot de sang. Je vous assure que cela coulait dru et que nous avons eu du mal à arrêter le flot. » Durant un court instant de silence, le médecin parut réfléchir aux paroles de Bob, puis il déclara :