Elle lui posa la main sur la jupe. Il ne restait qu’une fermeture Éclair et un brandebourg. Malko défit le brandebourg. Anne-Liese, avec un léger rire, lui échappa et sauta hors du lit. Pendant quelques secondes, elle tournoya au rythme de la musique. La longue jupe, maintenant fendue jusqu’au ventre, s’ouvrit, découvrant les jarretières à l’ancienne mode qui enserraient les bas à mi-cuisse et un slip de dentelle noire opaque. On aurait dit une gravure érotique du XVIIe. D’un coup de hanche, Anne-Liese se débarrassa de la jupe qui tomba par terre. Ne gardant que la dentelle, le haut infernal et les chaussures rouges. D’un saut, elle remonta sur le lit et se laissa tomber, très droite, avec une souplesse incroyable, jusqu’à ce que ses fesses reposent sur ses talons.
— J’ai fait de la danse, dit-elle.
« La Danse de la Mort », pensa Malko. En ce moment, Anne-Liese s’amusait, jouissant pleinement de la situation. Ses seins imposants montaient et descendaient au rythme de son ondulation.
Elle se pencha de nouveau, comme pour ranimer la flamme de Malko qui n’en avait vraiment pas besoin. Sa bouche l’engloutit une seconde, chaude et douce, et le quitta aussitôt. Lui aussi appréciait cette danse de la mort qui allait mal se terminer pour l’un des deux. Anne-Liese n’était pas une proie déshonorante au tableau de chasse d’un gentleman. C’était au moins aussi dangereux que la chasse au grand fauve…
Les yeux jetèrent un éclair bleu. Les deux grands traits noirs donnaient une expression diabolique au visage en apparence si sage.
Malko s’avança et s’attaqua au premier bouton du haut infernal. Juste au creux du cou. Puis au second et ainsi de suite. Ses mouvements n’étaient pas facilités par l’ondulation incessante du buste.
— N’arrête pas de me caresser, souffla Anne-Liese.
Ses seins se soulevaient à un rythme de plus en plus rapide. Malko pouvait presque entendre son cœur battre. Millimètre par millimètre, il libérait la chair blanche. Tout en agaçant les seins là où ils étaient le plus sensibles.
Pris par le jeu, il allait de plus en plus vite, libérant des courbes rondes et blanches, puis de larges aréoles brunes, au centre desquelles pointaient des pointes brunes et cylindriques. Il termina enfin de défaire le haut infernal. Dévoilant entièrement des seins superbes, très lourds, blancs, ronds comme d’énormes pommes.
D’un geste gracieux, Anne-Liese fit glisser le haut sur le lit. Puis ses mains remontèrent le long de ses flancs et elle se prit les seins à pleines mains, par-dessous, les offrant à Malko comme sur une coupe. Ils étaient tellement importants qu’ils pointaient orgueilleusement de dix centimètres au-delà des mains mises en coupe.
Le regard d’Anne-Liese s’abaissa sur eux. Ravi.
— Je les aime beaucoup, dit-elle. Tu as remarqué comme ils étaient ronds ? J’ai horreur des seins en poire.
Malko avança la main, mais elle recula vivement d’une ondulation de toute sa colonne vertébrale.
— Non, je ne veux pas que tu les touches. Ils sont trop fragiles. Lèche-les.
Elle attendit, dans la même position, puis un éclair passa dans ses yeux bleus. D’une voix douce, elle ajouta :
— Après, tu me feras l’amour. Viens, lèche-moi.
Malko, au lieu d’obéir, avança les deux mains d’un geste rapide et emprisonna les deux poignets d’Anne-Liese. Dans le même mouvement, il les rabattit derrière son dos et la renversa en arrière, la maintenant dans cette position en appuyant sur ses épaules. Les mains coincées sous elle la rendaient impuissante. Malko avança un peu et s’installa à califourchon sur les hanches de la Polonaise.
Les yeux bleus jetèrent un éclair furibond.
— Lâche-moi ! Lâche-moi, tout de suite !
Il n’y avait plus ni douceur ni sensualité dans sa voix. Les deux seins, aplatis par la position, ressemblaient à deux énormes œufs sur le plat.
Immobilisant Anne-Liese par un bras passé sur sa gorge, Malko libéra sa main gauche. Du bout de son index, il se mit à frotter une des larges aréoles brunes. Cette fois, Anne-Liese hurla, faisant des bonds furieux sous lui.
— Arrête ! Tu me fais mal. Je ne veux pas que tu me touches.
Le doigt de Malko s’enfonçait comme dans du beurre. Lorsqu’il l’eut frotté pendant plusieurs secondes, il le porta vivement vers le visage d’Anne-Liese et le frotta contre ses lèvres, atteignant l’intérieur humecté de salive.
D’un effort de tout son être, elle rejeta la tête en arrière, essayant d’échapper à son contact, hurlant comme une possédée. Mais Malko tenait bon. Il recommença le même manège, frottant son doigt contre l’autre aréole. Puis il attendit, maintenant Anne-Liese sous lui. Les prunelles de la Polonaise s’étaient démesurément agrandies. Elle dit quelques mots qu’il ne comprit pas, les traits durcis. Puis, la lueur bleue dans les yeux s’effaça comme une lampe qui s’éteint. Ses yeux se révulsèrent. Tout à coup, elle fut toute molle contre lui.
Malko attendit encore quelques secondes, posa une main contre un des énormes seins mous et sentit le cœur battre.
Il se releva d’un bond, regarda l’heure à sa montre : quatre heures moins dix. Il était dans les temps. Anne-Liese était allongée, inerte sur le lit. Il ignorait combien de temps le puissant soporifique qui imprégnait la peau de ses seins faisait de l’effet. À toute vitesse, il s’habilla.
Maintenant, le compte à rebours était vraiment commencé. Les micros du S.B. avaient enregistré toute la scène. Ils allaient réagir. Heureusement, ils ignoraient tout des plans de Malko. Avant de partir, il se pencha sur le corps inerte et tira légèrement sur le slip de dentelle noire.
C’était bien ce qu’il avait pensé depuis un certain temps. Anne-Liese était un homme. Un travesti au sexe atrophié. Voilà pourquoi il avait autant de succès avec les femmes que les hommes et qui expliquait ce narcissisme pour son extraordinaire poitrine obtenue sûrement à coups de piqûres… Partagé entre le dégoût et l’angoisse, il vérifia le chargeur du Tokarev, le glissa dans sa ceinture et ouvrit la porte.
Personne sur le palier. Ils avaient dû pourtant prévoir quelque chose pour le transporter. À moins que la suite de l’opération n’ait pas été prévue dans l’appartement d’Anne-Liese.
Il descendit jusqu’au rez-de-chaussée et inspecta la rue. Il l’identifia rapidement. Un homme en train de lire son journal dans une Polski grise. Il prit le Tokarev, le passa dans la poche de son manteau et s’avança vers la voiture. En le voyant venir vers lui, l’agent du S.B. leva la tête, surpris. Malko ne lui laissa pas le temps de réagir. Ouvrant la portière, il se laissa tomber à côté de lui. Le Polonais pâlit devant le Tokarev braqué sur lui. Il ne s’attendait visiblement pas à ça. Il resta strictement immobile, les mains sur le volant, et demanda seulement :
— Qui êtes-vous ? Je ne comprends pas…
D’un coup d’œil, Malko vérifia qu’il n’y avait pas de radio dans la voiture. Personne ne savait à la « centrale » ce qui se passait en ce moment… Plus tard, cela n’aurait pas d’importance.
— Descendez, dit Malko.
Il le poussa avec le canon du pistolet dans la rue déserte. Le policier se laissa faire. Médusé. Malko avait pris les clefs : il ouvrit le coffre.
— Montez là-dedans. L’autre secoua la tête.
— Vous êtes fou !
— Montez.
À la voix de Malko, le Polonais comprit qu’il ne fallait pas discuter. Il enjamba le rebord du coffre et se laissa tomber dedans. Lorsqu’il fut bien tassé, Malko le fouilla rapidement, mais il n’avait pas d’arme. Il prit ses papiers, dont un laissez-passer barré de rouge et de blanc. Cela pouvait servir. Il claqua la porte du coffre et prit place au volant, mit le moteur en route et demeura immobile quelques instants, passant tout en revue.