Je me suis infiltré, j’ai trouvé la mention de l’arrestation de John Doe et je l’ai fait disparaître. Puis j’ai cherché son dossier administratif à elle ; je lui ai octroyé deux échelons d’avancement et j’ai doublé son salaire. Ce n’était pas grand-chose comme réparation. Mais bon, je ne pouvais pas faire grand-chose. Puis j’ai effacé mes traces derrière moi et je suis sorti du programme.
« Voilà, j’ai dit. C’est fait.
— Parfait. » Et elle a sonné les flics.
Ils se sont excusés pour l’erreur d’identité, m’ont conduit hors du bâtiment et m’ont lâché sur Figueroa Street. L’après-midi touchait à sa fin ; la rue s’assombrissait et l’air était frais. Même à Los Angeles l’hiver reste l’hiver, d’une certaine manière. Je me suis dirigé vers un terminal public et j’ai appelé la Toshiba, où qu’elle soit allée se garer. Elle est arrivée cinq ou dix minutes plus tard et je lui ai dit de me conduire vers le nord. On se traînait un peu, l’heure de pointe, mais ça allait comme ça. Nous avons atteint le mur à la porte de Sylmar, à quelque quatre-vingts kilomètres du centre-ville. La porte m’a demandé mon nom. « Richard Roe, j’ai dit. Bêta Pi Epsilon 104324x. Destination : San Francisco. »
L’hiver est pluvieux à San Francisco. Mais c’est une jolie ville. J’aurais préféré Los Angeles à cette époque de l’année, mais que voulez-vous, on ne fait pas toujours ce qu’on veut. La porte s’est ouverte et la Toshiba l’a franchie. Simple comme Bêta Pi.
Titre original :
The Pardoner’s Tale
paru dans Playboy,
juin 1987