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— J’ai dit à Stefan qu’on devait absolument passer ici mais on ne peut pas rester trop longtemps… Ça ne t’embête pas si je me le réserve pour danser ?

Curieusement, une fois l’effet de surprise passé, Elena avait retrouvé son calme.

— Non, pas du tout, dit-elle en regardant Caroline s’éloigner avec Stefan.

Tous les yeux étaient fixés sur elle. Faisant mine de les ignorer, elle alla retrouver Matt.

— Il savait qu’il viendrait avec elle, hein ?

— J’ai juste compris qu’elle l’avait tanné pour l’accompagner. Elle n’a pas arrêté de le coller partout où il allait maintenant.

— OK J’ai compris.

En voyant Bonnie et Meredith approcher, elle devina qu’elles avaient assisté au spectacle. Comme la quasi-totalité de la salle, sans doute. Elle prit la direction des toilettes, certaine qu’elles allaient l’y rejoindre. Mais le lieu était bondé : Meredith et Bonnie se contentèrent d’abord de remarques anodines, sans pour autant parvenir à cacher leur air inquiet.

— Vous avez vu sa robe ? demanda Bonnie, en pressant discrètement la main d’Elena. On se demande comment elle l’a pas fait exploser, surtout devant La prochaine fois, elle mettra un truc en cellophane !

— Ou pire ! renchérit Meredith. T’es sûre que ça va ? ajouta-t-elle à mi-voix à l’adresse d’Elena.

— Oui.

Le miroir lui renvoya l’image de ses pommettes en feu et de ses yeux humides. Elle se repoudra un peu et se donna un coup de brosse. En se retournant, elle constata que les toilettes s’étaient enfin vidées.

— C’est peut-être pas si mal, finalement, dit Bonnie. Ça fait presque un mois que ça t’obsède, cette histoire. Il est temps de passer à autre chose, non ?

« Traîtresse ! » pensa Elena, avant d’ajouter tout haut :

— Merci pour ton soutien !

— Arrête ! intervint Meredith. Elle veut juste…

— Alors, toi aussi, tu me lâches… Bon, il me reste plus qu’à revoir mon plan. Et trouver d’autres amies…

Elle quitta la pièce brusquement, laissant Bonnie et Meredith bouche bée. Elle se lança alors à corps perdu dans le tourbillon de la fête, dansant avec tout le monde, riant fort et se pendant au cou de tous ceux qui se présentaient.

On l’appela sur scène pour lui remettre sa couronne. Elle regarda comme dans un songe les visages souriants à ses pieds, prit machinalement les fleurs qu’on lui tendait, s’inclina légèrement pour recevoir la tiare en strass, et entendit d’une oreille le tonnerre d’applaudissements lui rendant hommage.

Lorsqu’elle descendit de l’estrade, Tyler l’agrippa. Elle se colla aussitôt à lui en lui offrant une rose de son bouquet, car elle se souvint de ce que lui et Dick avaient fait à Stefan. Matt l’observait de loin, les lèvres pincées, tandis que la cavalière de Tyler sanglotait. Celui-ci, tout rouge, empestait l’alcool. Ses amis entouraient maintenant Elena, criant et riant pour capter son attention. À un moment, elle vit Dick verser quelque chose dans son verre de punch.

Mais elle n’y prêta pas attention, trop occupée à s’amuser des plaisanteries stupides qui fusaient. Le bras de Tyler enlaça sa taille : elle rit encore plus fort. Elle aperçut le regard désapprobateur de Matt qui s’en allait. L’excitation des filles et l’indiscipline des garçons étaient à leur comble, et Tyler en profita pour déposer un baiser mouillé dans le cou d’Elena.

— J’ai une idée, annonça-t-il au groupe en la serrant contre lui. Si on allait s’éclater ailleurs ?

— Où ça, Tyler ? cria quelqu’un. On peut aller chez ton père !

— Non, je pensais à un endroit tranquille. Le cimetière, par exemple.

Les filles poussèrent des cris d’orfraie. Les garçons se regardèrent.

— Tyler, non, gémit sa cavalière. Tas oublié ce qui est arrivé à cet homme. J’ai trop peur d’y aller.

— Super. Alors, reste ici. Tyler agita ses clés de voiture.

— Qui prend le risque ?

— Moi ! répondit Dick.

Un concert d’approbations suivit.

— Moi aussi, déclara Elena d’un ton décidé.

Elle sourit à Tyler, qui l’entraîna aussitôt vers la sortie. Un groupe bruyant les escorta sur le parking, où ils s’entassèrent dans les voitures. Tyler replia le toit de sa décapotable. Elena s’installa à l’avant tandis que Dick et une fille du nom de Vickie Bennett s’asseyaient à l’arrière.

— Elena ! cria une voix depuis la salle de danse.

— Démarre ! ordonna-t-elle à Tyler en ôtant sa tiare.

Le moteur vrombit, les pneus crissèrent sur le macadam du parking, et Elena sentit le vent lui balayer le visage.

7.

Bonnie, les yeux fermés, se laissait porter par le rythme de la musique. Lorsqu’elle entrouvrit les paupières, elle aperçut Meredith qui tentait d’attirer son attention. Devant ses gesticulations insistantes, elle finit par la rejoindre à contrecœur, suivie de Ray.

Derrière Meredith, Matt semblait furieux, et Ed, mal à l’aise.

— Elena vient de partir, dit Meredith.

— Et alors, elle fait ce qu’elle veut !

— Mais elle est partie avec Tyler. Matt, tu sais vraiment pas où ils sont allés ?

Le jeune homme secoua la tête, avant de répondre :

— De toute façon, ce sera de sa faute si elle a des ennuis. Pourtant, j’y serai aussi pour quelque chose. Il faut aller la chercher.

— Quoi ? Tu veux quitter la soirée ? s’indigna Bonnie.

Meredith lui rappela à mi-voix :

— Tu as promis…

Puis elle ajouta tout haut :

— Je n’ai aucune idée d’où ils sont allés… Bonnie, tu ne le saurais pas, par hasard ?

— Moi ? Comment veux-tu que je sois au courant ? Je dansais, figure-toi. C’est en général ce qu’on fait dans ce genre de soirées…

Matt se tourna vers Ed :

— Bon, toi et Ray, vous n’avez qu’à rester là. Si elle revient, vous lui direz qu’on la cherche.

— Puisque c’est comme ça, autant y aller tout de suite, dit Bonnie de mauvaise grâce.

Elle fit demi-tour et se heurta à une veste noire.

— Pardon ! fit-elle, d’autant plus exaspérée qu’il s’agissait de Stefan.

Meredith, Bonnie et Matt quittèrent la salle sous le regard de celui-ci, laissant Ray et Ed visiblement mécontents de leur sort.

Dans le ciel sans nuages, les étoiles brillaient tristement. Elena riait et hurlait avec Dick, Vickie et Tyler jusqu’à couvrir le bruit du moteur. En réalité, son cœur n’y était pas.

Tyler se gara à mi-chemin du pied de la colline et de l’élise en ruine, laissant ses phares allumés. En descendant de la voiture, ils constatèrent que les autres avaient renoncé à les suivre.

Tyler ouvrit le coffre et en sortit un pack de bières.

— Ça en fera plus pour nous !s’exclama-t-il en tendant une bouteille à Elena.

Brusquement mal à l’aise, elle refusa. Elle se rendait compte qu’elle avait eu tort de venir, même si elle ne voulait pas l’avouer à ses camarades. Ils s’engagèrent sur le sentier, les deux filles s’accrochant aux bras de leurs cavaliers pour ne pas trébucher avec leurs talons hauts.

Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la colline, le spectacle qu’ils découvrirent leur fit un choc. Vickie laissa échapper un cri de surprise : une énorme boule rouge était suspendue juste au-dessus de l’horizon. Il fallut un moment à Elena pour réaliser qu’il s’agissait de la lune. Elle était gigantesque au point d’en paraître irréelle et brillait d’un éclat lugubre. Elena avait l’impression de se trouver dans un film fantastique.

— On dirait une grosse citrouille pourrie, dit Tyler en lançant une pierre en direction de l’astre.