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La Ford brinquebalante de Matt se gara sur le bord de la route. Bonnie, Matt et Meredith distinguèrent une silhouette blanche venant vers eux.

— Regardez ! s’exclama Meredith. C’est Vickie.

La jeune fille, trébuchant dans la lumière des phares, agitait les bras. Ses cheveux étaient emmêlés, son regard et son visage barbouillé de mascara et de terre. Elle ne portait plus qu’une très fine combinaison blanche.

— Fais-la monter, dit Matt Meredith était aussitôt sortie de la voiture.

— Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Ça va ? Vickie ne paraissait pas la voir : elle fixait l’obscurité d’un air hébété, laissant échapper un gémissement en guise de réponse.

Tout à coup, elle se tourna vers Meredith, lui saisit le bras et y planta ses ongles.

— Allez-vous-en d’ici, prévint-elle. Si voix était étranglée et son regard rempli d’horreur.

— Partez tous d’ici, vite ! Il arrive !

— Qui ça, Vickie ? Qui arrive ? Où est Elena ?

— Allez-vous-en ! Maintenant !

— Viens avec nous, dit Meredith en l’entraînant dans il voiture. Qu’est-ce qui s’est passé ? «Bonnie, passe-moi l’étole, elle tremble de froid.

— Elle a été battue, fit observer Matt, et elle est en état de choc. Où sont les autres, Vickie ? Elena était avec toi ?

Elle se mit à sangloter, le visage dans ses mains, pendent que Meredith l’enveloppait.

— Non… hoqueta-t-elle. Avec Dick… on était dans… C’était horrible… il y avait comme du brouillard autour de nous… du brouillard noir… et des yeux… J’ai vu des yeux dans le noir qui brûlaient… Ils m’ont brûlée…

— Elle délire complètement constata Bonnie. Elle doit faire une crise d’hystérie.

— Vickie, insista Matt, s’il te plaît, dis-nous si Elena était avec toi. Est-ce qu’il lui est arrivé quelque chose ?

Vickie leva la tête.

— Je… je ne sais pas. Dick et moi, on était seuls. On était en train de… enfin… et puis, tout d’un coup… ce… truc nous a enveloppés… Je n’ai pas réussi à m’enfuir. Elena avait dit que la tombe s’était ouverte… Peut-être que ça venait de là… C’était horrible…

— Ils étaient dans le cimetière, dans l’église en ruine, devina Meredith. Et Elena était avec eux. Mais… Regardez !

La lumière du plafond leur permit de distinguer les écorchures qui zébraient la peau de Vickie : elle en était couverte du cou jusqu’à la naissance de la poitrine.

— On dirait des griffures, dit Bonnie. C’est peut-être un chat.

— Ce n’est certainement pas un animal qui a attaqué l’homme sous le pont, dit Matt entre ses dents.

— Matt, reprit Meredith. Je suis aussi inquiète pour Elena que toi, crois-moi, mais on n’a pas le choix : il faut d’abord s’occuper de Vickie. On doit la conduire chez un médecin et avertir la police.

Le jeune homme resta un long moment immobile, puis claqua la portière avec un soupir, et fit demi-tour. Pendant le trajet, Vickie ne cessa de répéter des propos incohérents.

La bouche de Stefan avait rencontré celle d’Elena, tout se déroula ensuite comme dans un rêve. Les questions, les peurs et les doutes de la jeune fille s’étaient envolés, laissant place à un sentiment qui s’élevait bien au-delà de la simple passion.

C’était un amour véritable, si intense que tout son être en frissonnait. En d’autres circonstances, elle en aurait été effrayée. Mais Stefan lui était toute appréhension. Elle avait une confiance absolue en lui tout à coup, goûtant enfin à la paix qu’elle avait désespéré d’atteindre. Car elle savait où se trouvait sa place dorénavant. Auprès de Stefan.

Il se redressa légèrement, et elle le sentit trembler.

— Oh, Elena, murmura-t-il. Nous ne pouvons pas…

— Trop tard… répondit-elle en l’attirant.

L’osmose entre eux était si parfaite qu’ils se sentaient vibrer du même plaisir. Elena avait l’impression de percevoir très nettement les pensées de Stefan à travers son étreinte : il la serrait comme s’il voulait la protéger pour l’éternité, et unir sa vie à la sienne. La douceur voluptueuse de ses lèvres était presque insupportable. « Moi aussi, je veux être à toi pour toujours », pensa-t-elle. L’amour du jeune homme réchauffait toutes les zones d’ombre de son âme, et un incroyable bien-être l’avait envahie.

Leurs yeux émerveillés se rencontrèrent en silence : tes mots étaient inutiles. Il lui caressa les cheveux d’un geste Infiniment doux, comme s’il avait peur de la casser, elle comprit soudain pourquoi il l’avait ni longtemps évitée : c’était tout sauf la haine qui l’y avait poussé.

Lorsqu’ils descendirent sans bruit l’escalier de la pension, Elena avait perdu la notion du temps. En n’importe quelle autre occasion, elle aurait été surexcitée à l’idée de monter dans la luxueuse voiture de Stefan. Ce soir-là, elle n’avait d’attention que pour la main du jeune homme serrée autour de la sienne.

Quand ils arrivèrent dans sa rue, des gyrophares les éblouirent. Ça faisait tellement longtemps qu’aucune parole n’avait été prononcée qu’elle eut du mal à parler.

— C’est la police… Et cette voiture dans l’allée, c’est celle de Robert. Et il y a celle de Matt, aussi… Qu’est-ce qui s’est passé ? Tyler ne leur a pas déjà dit… ?

— Il n’est pas stupide à ce point ! Stefan se gara derrière l’un des véhicules. Elena lui lâcha la main à contrecœur. Elle regrettait de devoir sortir de leur isolement pour faire face au reste du monde.

La porte d’entrée était ouverte, et toutes les lumières étaient allumées. Quand elle franchit le seuil, une dizaine de visages se tournèrent vers elle ; elle prit soudain conscience qu’elle était toujours drapée dans sa cape de velours sombre, et que Stefan Salvatore l’accompagnait. Tante Judith se précipita pour la serrer contre elle.

— Elena Dieu merci tu n’as rien ! Où étais-tu ? Pourquoi n’as-tu pas appelé ? Tu ne te rends pas compte du souci que tu nous as fait.

Elena regarda l’assemblée d’un air stupéfait. Elle n’y comprenait rien.

— Mais tu es là ! C’est tout ce qui compte ! Intervint Robert.

— J’étais à la pension avec Stefan, expliqua Elena d’une voix hésitante. Tante Judith, je te présente Stefan Salvatore. Il loue une chambre là-bas. C’est lui qui m’a ramenée.

— Merci, dit Judith à celui-ci avant de détailler la tenue de sa nièce. Mais enfin, qu’est-il arrivé ? Ta coiffure, ta robe…

— Vous ne savez pas ? Tyler ne vous a donc rien dit. Mais pourquoi la police est ici, alors ?

Elle se rapprocha instinctivement de Stefan, qui eut le même mouvement vers elle.

— Vickie Bennett a été attaquée cette nuit dans le cimetière, dit Matt.

Il se tenait avec Meredith et Bonnie derrière tante Judith et Robert, et tous les trois avaient l’air à la fois soulagé et exténué.

— On l’a retrouvée il y a quelques heures, et depuis, on te cherchait, reprit-il.

— Attaquée ? Mais par qui ?

— C’est la question que tout le monde se pose, dit Meredith.

— En fait, il n’y a pas vraiment lieu de s’inquiéter, déclara Robert d’un ton qui se voulait réconfortant. Le médecin affirme qu’elle ne souffre que de vilaines plaies, et qu’elle avait bu. Toute l’histoire qu’elle a racontée n’est peut-être que le fruit de son imagination.

— Ses griffures sont pourtant bien réelles, fit remarquer Matt.

— Quelles griffures ? De quoi parlez-vous ? Demanda Elena.

Meredith lui expliqua alors dans quelles circonstances ils avaient trouvé Vickie.

— Elle nous a dit qu’elle ne savait pas où tu étais, et qu’elle était seule avec Dick quand c’est arrivé. Quand on l’a amenée ici, le médecin a constaté que, en dehors des griffures, elle n’avait absolument rien. Il pense que c’est un chat qui lui a fait ça.