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— Bon, on va pouvoir y aller, je crois. Éteins la lumière, Ed !

La Maison Hantée fut aussitôt plongée dans la pénombre. Un murmure de grognements et de rires nerveux s’ensuivit, et Elena se résigna à rentrer.

— Il faut rejoindre ton poste, dit-elle à Bonnie, qui acquiesça en disparaissant dans le noir.

Matt réglait la sono, couvrant le brouhaha d’une musique un peu psychédélique.

Elena eut peine distinguer Stefan devant elle, tant sa tenue sombre se fondait dans l’obscurité.

— Tanner s’est calmé, maintenant. Je peux t’aider à quelque chose ? Demanda-t-il.

— Ben, tu n’as qu’à rester ici, avec Matt, pour faire entrer les gens…

Elena s’arrêta net devant l’expression glaciale de Stefan, et constata que Matt n’avait même pas levé la tête.

— … Ou alors, tu peux aller t’occuper de la machine à café, dans les vestiaires…

— D’accord pour les vestiaires.

Comme il faisait demi-tour, elle le vit vaciller légèrement.

— Stefan ? Ça va ?

— Oui, dit-il en retrouvant son équilibre. Je suis juste un peu fatigué.

Elle le regarda partir avec tristesse, puis se tourna vers Matt. À ce moment, les premiers visiteurs apparurent.

— C’est parti ! murmura-t-il en s’accroupissant dans le noir.

Elena passa de salle en salle vérifier le bon déroulement des opérations. Les années précédentes, c’était la partie qu’elle avait préférée : voir les visiteurs pris d’une délicieuse terreur. Ce soir-là, pourtant, une vive appréhension avait pris le dessus sur son enthousiasme habituel.

Une silhouette encapuchonnée de noir, qu’elle prit pour une Faucheuse, la frôla. Elle ne se souvenait pas en avoir vu aux autres fêtes d’Halloween : elle était d’autant plus intriguée que sa démarche lui semblait vaguement familière.

Arrivée dans la Salle de la Druidesse, Bonnie échangea un sourire fatigué avec Meredith, qui accueillait les visiteurs juste à côté, dans la Salle aux Araignées. Cette dernière poussait les gamins du collège vers son amie énervée de les voir essayer, à peine entrés, d’attraper les insectes.

Dans la pièce où se trouvait Bonnie, l’éclairage augmentait l’aspect saisissant du spectacle : la vue de M. Tanner allongé sur l’autel, les bras écartés, les yeux fixant le plafond et baignant dans la sauce tomate, redonna le moral à Bonnie.

— Trop cool ! s’écria un des garçons en courant vers l’autel.

Bonnie resta en retrait, un petit sourire au coin des lèvres à l’idée que le professeur se redresserait bientôt pour lui flanquer la trouille de sa vie.

Mais M. Tanner ne bougeait toujours pas, même lorsqu’un des gamins plongea sa main dans la flaque de sang, près de sa tête. « C’est bizarre », se dit Bonnie tout en s’élançant vers un autre qui s’emparait du couteau du sacrifice.

— Lâche ça ! lança-t-elle d’un air si furieux que le gamin s’exécuta, le bras en l’air.

Quand elle vit sa main sanguinolente, elle fut prise de panique. Elle essayait de se persuader que M. Tanner attendait qu’elle se penche sur lui pour se redresser et elle sauterait en l’air. Pourtant, il était toujours immobile.

— Monsieur Tanner ? Ça va ? Monsieur Tanner ?

Pas un seul mouvement. Une petite voix lui intimait de ne pas le toucher. Mais ce fut plus fort qu’elle. Elle avança sa main lentement, la posa sur l’épaule et le secoua. La tête du professeur roula sur le côté. Ses yeux étaient grands ouverts, et sa gorge exposée à la lumière. Bonnie se mit à hurler.

Les cris perçants qu’Elena entendit détonnaient parmi ¡es autres. Ceux-ci exprimaient tout sauf une peur feinte, Il n’y avait aucun doute là-dessus. Quand elle se précipita en direction de la Salle de la Druidesse, d’où venaient les hurlements, elle n’imaginait pas qu’elle se retrouverait en plein cauchemar.

Elle trouva Bonnie, hystérique, que Meredith essayait de calmer. Trois garçons tentaient désespérément de sortir, mais le passage était bloqué par deux portiers qui cherchaient à entrer. M. Tanner gisait sur l’autel, les bras en croix. Son visage baignait dans une flaque de sang.

— Il est mort, hoqueta Bonnie. Le… le sang… c’est du vrai… Il est mort. Je l’ai touché, Elena… il est vraiment mort.

Quelqu’un d’autre se mit à crier et, aussitôt, la panique se répandit ; les gens se mirent à courir en tous sens en traversant les cloisons de carton.

— Rallumez la lumière ! hurla Elena. Meredith, vite, il faut appeler une ambulance et la police. La lumière !

Quand enfin on put y voir quelque chose, Elena fut désemparée de l’absence d’un quelconque adulte qui aurait pu prendre les choses en main. Il fallait garder assez de sang-froid pour réfléchir à la situation, et, en même temps, combattre la terreur qui la clouait sur place. La situation était rendue encore plus difficile par le qu’elle n’avait jamais porté Tanner dans son cœur.

— Faites sortir tous les visiteurs ! Seuls les gens de la Maison Hantée doivent rester.

— Non ! Fermez les portes. Ne laissez sortir personne avant l’arrivée de la police ! cria un loup-garou à côté d’elle.

Ne reconnaissant pas la voix de Matt, Elena se retourna, perplexe. L’individu ôta la tête de son déguisement, et elle reconnut Tyler Smallwood.

Il avait réintégré le lycée au début de la semaine, le visage encore tuméfié par les coups de Stefan. Le ton employé ne semblait tolérer aucune contestation, si bien que les deux portes du gymnase se refermèrent aussitôt avec un claquement sourd. Une dizaine de personnes se trouvait dans la Salle de la Druidesse. L’une d’entre elles, un garçon déguisé en pirate, s’adressa à Tyler :

— Il veut dire que… celui qui a fait ça est toujours ici ?

— Oui, c’est évident, répondit Tyler. Au ton enjoué de sa voix, on devinait qu’il tirait plaisir des événements.

— Regardez, le sang n’a pas eu le temps de sécher, ajouta-t-il en désignant la flaque. Ça s’est donc passé. Il n’y a pas longtemps. Et vous voyez comment la gorge tranchée ? Le tueur a dû se servir du couteau.

— Alors, il doit être encore parmi nous,… , chuchota une fille en kimono.

— Oui, et j’ai déjà une petite idée de celui qui a fait le coup. C’est pas difficile : qui se disputait constamment avec Tanner, et pas plus tard que ce soir ?…

« C’était donc lui le loup-garou tout à l’heure », pensa Elena. Mais pourquoi se trouvait-il là ? Il ne fait pas partie de l’organisation de la soirée… » quelqu’un connu pour être violent, continuait Tyler avec un demi-sourire. Tellement violent, en fait, qu’il est sans doute venu à Fell’s Church dans le seul but de tuer…

Ce dernier commentaire tira Elena de sa torpeur.

— Tyler, qu’est-ce que tu racontes ? T’es complètement dingue ! s’écria-t-elle, furieuse.

— Voyons ça, sa petite amie essaie de le défendre, répliqua-t-il sans même la regarder. Mais sans doute n’est-elle pas tout à fait objective…

— Parce que toi tu l’es, peut-être ? demanda une voix.

Elena vit un second loup-garou s’approcher. C’était Matt.

— Tiens, tiens, et voilà un autre défenseur… Dans ce cas, tu sauras répondre aux questions que tout le monde se pose sur Salvatore. D’où est-ce qu’il vient ? Est-ce qu’il aune famille ? D’où vient tout son fric ? (Tyler se tourna vers le reste du groupe.) Quelqu’un a-t-il seulement une seule info concrète sur ce type ?