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— Mais ce n’est pas toi qui as fait ça ! Tu n’aurais jamais fait une chose pareille, hein, Stefan ?

— Je n’en sais rien. Comment expliques-tu, alors, que je me suis trouvé là à chaque crime, si ce n’est pas moi le coupable ? Et puis, j’ai bu le sang de l’homme sous le pont. Et on l’a retrouvé à moitié mort… Et puis, j’étais là aussi quand Vickie et Tanner ont été attaqués…

— Peut-être, mais ce n’est pas toi le meurtrier. La preuve, c’est que tu ne t’en souviens pas, déclara Elena.

La lumière s’était soudain faite dans son esprit, lui donnant l’absolue certitude que Stefan était innocent.

— Ça ne veut rien dire ! objecta-t-il. Qui d’autre à part moi aurait pu faire une chose pareille ?

— Damon.

Ce nom le fit d’abord tressaillir. Puis ses épaules s’affaissèrent.

— J’y ai pensé, moi aussi : je me suis dis que quelqu’un comme mon frère aurait pu commettre ces attaques. Alors, j’ai sondé autour de moi la présence d’autres esprits. Personne ne s’est manifesté. Tu vois, la seule explication possible, c’est que c’est moi le tueur.

— Non, tu n’as pas compris. Je ne pense pas que quelqu’un comme Damon soit l’auteur de ces crimes. Ce que je veux dire, c’est que Damon est ici, à Fell’s Church. Je l’ai vu.

Stefan la regarda, incrédule.

— C’est forcément lui, reprit-elle. Je l’ai croisé au moins deux fois, peut-être trois. Stefan, c’est mon tour de te raconter.

Elle lui expliqua alors, de façon la plus succincte possible, ce qui s’était passé dans le gymnase, puis chez Bonnie. Lorsqu’elle lui dit que Damon avait essayé de l’embrasser, Stefan eut du mal à contenir sa colère. Et elle eut honte de lui avouer qu’elle avait failli céder. Elle lui parla ensuite du corbeau, et de tous les événements étranges survenus depuis son retour de France.

— Et je pense même qu’il se trouvait dans le gymnase ce soir, acheva-t-elle. Quelqu’un à la démarche familière m’a frôlée dans l’entrée : il était habillé tout en noir, avec un capuchon sur la tête… comme pour incarner la mort. C’était lui, Stefan, j’en suis presque sûre qu’il est là.

— Mais, alors, comment expliques-tu que l’homme sous le pont ait été retrouvé à moitié mort ?

— Tu as dit toi-même que tu n’as bu qu’un peu de sang ! Peut-être que Damon est venu après ton départ et l’a achevé… Rien n’était plus simple pour lui, surtout s’il t’épiait depuis longtemps, peut-être sous une autre forme…

— Un corbeau, par exemple ?

— Oui. Et pour ce qui est de Vickie, j’ai une petite idée. Voilà, tu m’as dit que tu pouvais subjuguer les esprits plus faibles. Est-ce que Damon n’aurait pas pu faire la même chose avec toi ?

— C’est possible. En me cachant sa présence, il aurait pu contrôler ma volonté.

La voix de Stefan retrouva soudain toute sa vigueur.

— Mais, oui ! s’écria-t-il, c’est sans doute pour cette raison qu’il n’a jamais répondu à mes appels. Il volait…

— Il voulait te faire douter, et c’est exactement ce qui s’est passé ! Il a cherché à te faire croire que c’était toi le tueur. Mais c’est faux, Stefan ! Maintenant, tu le sais, et tu n’as plus à avoir peur !

Elena s’était levée. Elle était folle de joie à la pensée que cette atroce nuit s’était conclue de manière si merveilleuse.

— Alors, c’est pour ça que tu étais si distant avec moi ! reprit-elle en lui tendant les mains. Tu avais peur du mal que tu pouvais me faire. Mai tu n’as plus rien à craindre maintenant !

— T’en es bien sûre ? répondit Stefan, qui fixait avec insistance les paumes tendues d’Elena. Tu penses que tu n’as plus aucune raison de me craindre ! Peut-que que Damon a effectivement attaqué ces gens. Mais ça ne rend rien au fait que je peux être dangereux, et que j’ai tenté par de terribles pulsions. Même envers toi…

— Je suis sûre que tu n’as jamais voulu me faite de mal.

— Tu crois ça ! Mais tu ignores qu’à la seule vue de ta gorge, j’ai eu envie plus d’une fois de me jeter sur toi devant tout le monde…

La façon dont il regardait son cou lui faisait tant penser à Damon qu’elle sentit les battements de son cœur s’accélérer.

— Tu sais, Stefan, tu n’as pas besoin de m’y forcer… j’ai bien réfléchi, et, en fin de compte, c’est ce que je veux.

— Tu ne sais pas de quoi tu parles… , dit-il d’un air bouleversé.

— Je crois que si… Tu m’as expliqué ce que tu as ressenti quand Katherine a bu ton sang. Je veux que tu fasses la même chose avec moi. Je ne te demande pas de me changer, tu sais… Je sais à quel point tu aimais Katherine. Mais elle n’est plus là. Moi, si. Et je t’aime Stefan. Je veux tout partager avec toi.

— Il n’en est pas question !

Il s’était levé, furieux qu’elle veuille courir le risque.

— Personne ne sait de quoi je suis capable, quand ma passion se déchaîne…

Peut-être que j’en arriverai à te transformer ! Ou même, à te tuer ! Tu n’as pas encore compris qui j’étais et jusqu’où je pouvais aller ?

Le visage d’Elena était resté impassible, ce qui fit de nouveau enrager Stefan.

— Tu n’en as pas vu assez, c’est ça ? reprit-il. Est-ce qu’il faut que je te montre d’autres horreurs pour que tu comprennes enfin ce qui t’attend ?

Il alla jusqu’à la cheminée et ramassa une bûche dans l’âtre éteint D’un seul geste, il le brisa comme une allumette.

— Voilà ce que je pourrais faire de tes os si fragiles…

Il ramassa ensuite un coussin, et d’un seul coup d’ongle, en lacéra la housse de soie.

— De ta peau si douce… Puis il s’élança vers Elena en un éclair, la prit par les épaules, planta son regard dans le sien et, avec un sifflement sauvage, retroussa ses lèvres dans un rictus horrible, qui lui rappela en tous points la scène du belvédère. Elle avait sous les yeux les mêmes canines démesurées, celles d’un prédateur.

— Et de ton cou si blanc. Elena, pétrifiée par le visage terrifiant de Stefan, fut d’abord incapable du moindre mouvement, puis elle sembla revenir à elle. Elle glissa ses bras entre ceux de Stefan, qui s’agrippait toujours à ses épaules, et les fit remonter jusqu’à son visage, les prenant entre ses mains.

Elle resta longtemps ainsi sans bouger, les joues fraîches du jeune homme, en mettant dans son geste toute la tendresse et la douceur dont elle était capable : c’était comme une réponse à la dureté de des mains de Stefan sur ses épaules nues. Les yeux de celui-ci prirent une expression de stupeur quand il comprit — Elle n’avait pas l’intention de le repousser Elle espéra le sentir enfin vibrer de désir, jusqu’à ce que ses yeux le supplie de l’embrasser. Elle entendit sa respiration s’accélérer ; il frissonnait, comme lorsqu’il avait évoqué le souvenir de Katherine. Alors, tout doucement, elle attira à elle son visage, où une grimace bestiale flottait encore.

La nuque tendue de Stefan lui fît comprendre qu’elle n’avait pas fini de lutter. Pourtant, elle savait qu’il céderait, car sa douceur était une arme plus puissante que sa force à lui, toute surnaturelle qu’elle était Elle ferma les yeux et chercha à évacuer de son esprit les terribles révélations de Stefan, en se rappelant la tendresse de ses caresses. Ses lèvres allèrent rejoindre celles du prédateur qui l’avait menacée quelques instants plus tôt…

Il céda enfin à la douceur de son baiser : sur tes épaules d’Elena, ses doigts lâchèrent prise, et il l’enlaça tendrement.

— Tu n’es pas capable de me faire du mal, murmura-t-elle.

Leur étreinte effaça, dans un élan passionné, toutes leurs peurs et les moments de désespoir qu’ils avaient traversés. Elena s’abandonna entièrement à la volupté ! l’instant. Essoufflée et le cœur battant, elle comprit que le moment était venu.