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Stefan avait beau brasser l’air furieusement, ses mains se refermaient toujours sur le vide.

— Ici, Stefan ! Cette fois, la voix parlait à son esprit Elle était si claire que la supériorité de Damon ne faisait aucun doute : Stefan savait que cette faculté n’était donnée qu’aux plus forts.

Il se retourna pour voir Damon là où il l’avait d’abord trouvé, contre le grand chêne. Mais cette fois, toute ironie l’avait quitté : son regard était impénétrable lèvres pincées dans une moue méprisante.

— De quelles autres preuves as-tu besoin, Stefan. Tu es sans doute moins faible que ces pitoyables êtres humains ! Mais mon pouvoir à moi surpasse largement le tien ne peux pas le nier. Je suis bien plus rapide que toi, de toute façon. Et j’ai d’autres pouvoirs dont tu imagines à peine l’existence : ceux qu’utilisaient les tous premiers êtres de notre espèce. Et je n’aurai aucune hésitation à les utiliser contre toi.

— Alors, c’est pour ça que tu es venu ? Pour me torturer ?

— J’ai été plus clément envers toi que tu le penses. Tu t’es trouvé sur mon passage plus d’une fois, et je t’ai laissé la vie sauve. Mais, maintenant, c’est différent.

Damon s’écarta de l’arbre, continuant à voix haute :

— Je te préviens Stefan, n’essaie pas de te mettre en travers de ma route. Peu importe la raison de ma venue. Ce que je veux, c’est Elena, et si tu tentes quoi que ce soit pour m’en empêcher, je te tuerai.

— Tu peux toujours essayer…

La rage qui dévorait Stefan était plus ardente que jamais : Damon savait que cette force-là pouvait le pousser à entraver sa volonté.

— Tu ne m’en crois pas capable, sans doute ? Mais quand est-ce que tu comprendras enfin ?

À peine eut-il prononcé ces mots qu’il disparut. Stefan sentit alors de puissantes mains le saisir, et les premières tentatives qu’il fit pour les repousser restèrent inutiles. Il essaya ensuite d’atteindre son frère sous la mâchoire, sans plus de succès : il fut complètement immobilisé, dans le dos, aussi vulnérable qu’un moineau dans les griffes d’un chat.

Il feignit d’abandonner la lutte, puis soudain bomba tous ses muscles. La poigne d’acier de Damon ne fit que resserrer son étreinte, réduisant à néant ses efforts. La petite leçon que je vais te donner te guérira de ta stupide obstination.

Des doigts lui agrippèrent les cheveux, lui renversant la tête pour exposer sa gorge. Il se débattit comme il put.

— Tu te fatigues pour rien.

Des dents pénètrent sa chair, et il ressentit l’humiliation de la victime. Puis une douleur l’envahit, celle qui survient lorsque le donneur n’est pas consentant. Il commit l’erreur de vouloir lutter contre cette souffrance : elle ne fit que l’intensifier, à tel point qu’il eut l’impression de mourir. Tout son corps était en feu, en particulier à l’endroit où Damon avait planté ses dents. Un vertige le saisit.

Tout à coup, les mains le lâchèrent, et il s’écroula sur un tapis de feuilles mortes. Épuisé, il parvient péniblement à se mettre à quatre pattes.

— Tu vois bien que je suis plus fort que toi : je peux prendre ta vie quand je veux. Laisse-moi Elena, ou tu mourras.

Stefan fut frappé de l’expression de Damon : le regard fier, les jambes écartées, et le sang de sa victime encore sur les lèvres, il avait tout l’air d’un conquérant savourant sa victoire.

Souvent, Stefan avait regretté ce qu’il avait fait subir à son frère ; il se demandait comment réparer sa faute. A cet instant, submergé par la haine, il aurait voulu l’avoir plus cruellement traité, au contraire.

— Elena ne t’appartiendra jamais, dit-il en se relevant.

Il s’efforça d’avancer. Chaque partie de son corps le faisait terriblement souffrir, mais ce n’était rien par rapport à la honte que Damon lui avait infligée.

— Alors, ma leçon ne t’a pas servi ?

Stefan ne se retourna pas. Les dents serrées, il essayait de gagner du terrain, pas à pas, malgré la faiblesse qui avait gagné tous ses membres, luttant contre le besoin de se reposer par terre. Mais la voiture n’était plus très loin…

Il entendit un bruit dans son dos, et il tenta de se retourner. Mais ses réflexes ne répondaient plus : le mouvement derrière lui l’atteignit de plein fouet. Les ténèbres l’engloutirent tout à coup : il se sentit sombrer dans une obscurité absolue. Alors, soulagé, il comprit que c’était fini.

16.

Elena avait hâte d’arriver au lycée. La soirée précédente avait été si mouvementée que la fête d’halloween semblait très lointaine. La jeune fille s’était pourtant préparée aux répercussions immédiates que les terribles événements ne manqueraient pas d’avoir.

Déjà, elle avait dû répondre aux questions angoissées de Judith. Celle-ci avait été bouleversée par la nouvelle du meurtre ; lorsqu’elle s’était rendu compte que personne ne savait où se trouvait Elena, elle était devenue folle d’inquiétude, jusqu’à ce que la jeune fille réapparaisse, vers deux heures du matin.

Les explications d’Elena étaient restées vagues. Elle avait simplement dit à sa tante qu’elle venait de voir Stefan et qu’elle le savait innocent du meurtre dont on l’accusait.

Elle avait passé tout le reste sous silence, craignant ça tante ne comprenne pas, en supposant d’abord qu’elle la croit.

Ce matin-là, Elena, qui n’avait pas entendu son réveil et était en retard. Les rues étaient désertes, balayées par la brise, et le ciel était gris. Sa nuit avait été hantée par l’image de Stefan ; elle mourait d’envie de le voir.

Pourtant, le rêve qui l’avait le plus marqué était cauchemardesque. Stefan blanc de colère, lui montrait un livre en s’exclamant : « Comment as-tu pu faire une chose pareille, Elena ? » Puis il s’en allait après lui avoir jeté l’objet aux pieds. Elle avait beau le supplier de ne pas la quitter, il s’évanouissait dans la nuit Et quand elle regardait le livre, elle constatait qu’il était recouvert de velours bleu. C’était son journal intime.

Elena était profondément agacée par la façon dont celui-ci avait disparu.

Que signifiait ce rêve qui semblait si réel ? Qu’est-ce qui pouvait faire réagir ainsi Stefan ? Tout en se posant ces questions, Elena ressentait le pressant besoin d’entendre sa voix et de sentir ses bras autour d’elle. Il était devenu la moitié d’elle-même, désormais.

Elle gravit les escaliers en courant, puis parcourut les couloirs vides en direction des salles de langues étrangères : elle se souvenait que Stefan avait cours de latin, à cette heure-ci. Elle voulait juste le voir un instant.

À travers le carreau de la porte, elle vit sa place vide. L’expression inquiète de Matt, assis à côté, n’avait rien pour la rassurer. Elle se détourna à contrecœur de la pour se diriger machinalement vers la salle de cour.

Lorsqu’elle entra, tous les visages se tournèrent dans sa direction. Elle se glissa vite derrière la table libre, à côté de Meredith. Toute la classe la regardait, y compris Mme Halpem, qui s’était tue. Puis celle-ci reprit son cour. Elena se tourna vers Meredith, qui lui prit la main dans un geste de réconfort.

— Ça va ?

— J’en sais rien, dit-elle d’un air sonné.

En réalité, elle était terriblement oppressée, au point de manquer d’air.

— Meredith, est-ce que tu sais où est Stefan ?

— Meredith écarquilla les yeux.

— Tu veux dire que toi non plus, tu n’en sais rien ?

La réplique de son amie lui fit l’effet d’un coup dans l’estomac : elle eut l’impression qu’elle ne parviendrait jamais à reprendre son souffle.

— Ils ne l’ont pas… arrêté ?