— Elena, c’est pire que ça. Il a disparu. Les policiers sont allés à la pension tôt ce matin, mais il n’y était pas. Ils sont venus au lycée aussi : personne ne l’a vu. Sa voiture a été retrouvée pas loin d’ici, vide, à ce qu’il paraît. En fait, tout le monde pense que sa fuite prouve sa culpabilité.
— C’est faux, dit Elena entre ses dents. Il est innocent.
Elle sentait les regards que lui lançaient les autres élèves. Mais elle s’en moquait.
— Alors, pourquoi s’est-il enfui ?
— Il n’a tué personne. Et il n’est pas parti. Il ne serait jamais parti de son plein gré.
Toute son angoisse s’était évanouie. Une colère sourde l’avait remplacée.
— Tu veux dire que quelqu’un l’aurait obligé à s’enfuir ? Mais qui ? Tyler n’aurait jamais…
— À fuir, ou pire.
La classe entière s’était tournée vers elle si bien que Mme Halpern s’apprêtait à intervenir. Elena se leva tout à coup, les fixant sans les voir.
— Ça lui coûtera cher, s’il a fait du mal à Stefan ! Très cher !
Elle se dirigea vers la porte.
— Elena ! Reviens !
Mais elle était déjà dans le couloir, marchant droit devant elle avec une seule idée en tête. Ils devaient penser qu’elle allait demander des comptes à Tyler Smallwood. Tant mieux ! Elle serait tranquille !
Elle quitta le lycée, prit la direction d’Old Creek Road, et de là, bifurqua vers le pont Wickery.
Un vent glacial lui balaya le visage, mais la rage folle qui bouillait en elle la rendait insensible au froid. Lorsqu’elle parvint au centre du vieux cimetière, elle s’arrêta, scrutant les alentours. Les nuages défilaient à grande allure, et autour d’elle, les branches des arbres s’entremêlaient violemment.
Une bourrasque lui souffla des feuilles mortes en plein visage. C’était comme si le cimetière lui-même tentait de la dissuader de rester, en lui montrant l’étendue de sa puissance : il semblait vouloir mi faire comprendre quelle terrible épreuve l’attendait.
Elena ignora l’avertissement. Elle fit volte-face plusieurs fois, à la recherche du moindre mouvement, entre ¡es tombes, qui aurait pu trahir une présence. Puis, elle se dressa face au vent en hurlant de toutes ses forces un seul mot, qui le ferait venir à coup sûr : Damooon !
— Damooon !