Bard d’Esgaroth terrassa le Dragon, mais le Val fut le théâtre de combats. Car les Orques marchèrent sur l’Erebor sitôt qu’ils eurent vent du retour des Nains ; et leur chef n’était autre que Bolg, le fils d’Azog tué par Dáin dans son jeune temps. Dans cette première Bataille du Val, Thorin fut blessé à mort ; et on l’ensevelit dans une tombe sous la Montagne avec la Pierre Arcane sur son sein. Fíli et Kíli, ses fils de sœur, y périrent également. Mais Dáin Piédefer, son cousin, qui vint à son secours des Collines de Fer, et qui était aussi son légitime héritier, devint alors le roi Dáin II ; et le Royaume sous la Montagne fut rétabli comme Gandalf l’avait recherché. Dáin se révéla un grand roi et un homme de sagesse, et les Nains retrouvèrent puissance et prospérité sous son règne.
À la fin de l’été de la même année (2941), Gandalf réussit enfin à persuader Saruman et le Conseil Blanc d’attaquer Dol Guldur, et Sauron se retira et s’enfuit au Mordor, afin d’y être protégé, croyait-il, de tous ses ennemis. Ainsi donc, quand la Guerre arriva enfin, le principal assaut fut dirigé vers le sud ; mais même alors, Sauron, de sa main droite tendue au loin, eût pu causer de grands ravages dans le Nord, si le roi Dáin et le roi Brand ne s’étaient mis en travers de sa route. C’est là précisément ce que Gandalf dit à Frodo et à Gimli, lorsque après la Guerre ils séjournèrent un temps ensemble à Minas Tirith. Des nouvelles étaient parvenues quelques jours avant au Gondor, en rapport avec ces lointains événements.
« La chute de Thorin m’avait beaucoup peiné, dit Gandalf ; et maintenant, nous apprenons que Dáin est tombé à son tour, au Val encore une fois, alors même que nous combattions ici. Je dirais que c’est une lourde perte, si ce n’était pas un pur émerveillement de savoir que, dans son grand âge, il ait encore pu manier la hache aussi puissamment qu’on le décrit, debout sur le corps du roi Brand devant la Porte d’Erebor, jusqu’à la venue des ténèbres.
« Mais les choses auraient pu tourner autrement, et bien plus mal. Quand vous songerez à la grande Bataille du Pelennor, n’oubliez pas les batailles du Val et la valeur du Peuple de Durin. Songez à ce qui aurait pu advenir. Feu de dragon et coups d’épées barbares en Eriador ; la nuit à Fendeval. Le Gondor pourrait ne pas avoir de Reine. Nous n’aurions plus qu’à rentrer, après notre victoire ici, vers un pays de cendre et de ruine. Mais cela fut évité – parce que je rencontrai Thorin Lécudechesne, un soir au seuil du printemps, à Brie. Une pure rencontre de hasard, comme on dit en Terre du Milieu. »
Dís était la fille de Thráin II. Elle est la seule femme du peuple nain à être nommée dans ces récits. D’après ce que rapportait Gimli, les femmes naines sont peu nombreuses, ne constituant pas plus du tiers de la population, selon toute vraisemblance. Elles sortent peu au-dehors, sauf en cas d’extrême nécessité. Elles sont, par la voix et l’apparence, et par leur costume lorsqu’elles doivent voyager, si semblables à leurs pendants masculins que les yeux et les oreilles des autres peuples n’arrivent pas à les distinguer. Ceci est à l’origine de l’absurde croyance, fort répandue chez les Hommes, voulant qu’il n’y ait pas de femmes naines, et que les Nains soient « issus de la pierre ».
C’est à cause de la rareté de ses femmes que le peuple des Nains s’accroît avec lenteur, et qu’il en est péril lorsqu’ils ne disposent pas d’habitations sûres. Car les Nains ne prennent jamais qu’une seule femme ou un seul mari au cours de leur existence, et ils sont jaloux, comme dans tout ce qui touche à leurs droits. Chez eux, la proportion d’hommes mariés est en fait de moins d’un tiers. Car toutes les femmes ne prennent pas mari : certaines n’en veulent pas ; d’autres en désirent un qu’elles ne peuvent obtenir, et ne veulent d’aucun autre. Quant aux hommes, ils sont aussi fort nombreux à ne pas s’intéresser au mariage, trop absorbés par le travail manuel.
Annales des rois et dirigeants
Fondation d’Erebor, 1999.
Dáin I tué par un dragon, 2589.
Retour à Erebor, 2590.
Mise à sac d’Erebor, 2770.
Meurtre de Thrór, 2790.
Rassemblement des Nains, 2790-2793.
Guerre entre Nains et Orques, 2793-2799.
Bataille de Nanduihirion, 2799.
Thráin part en errance, 2841.
Mort de Thráin et perte de son Anneau, 2850.
Bataille des Cinq Armées et mort de Thorin II, 2941.
Balin se rend en Moria, 2989.
* Les noms ainsi marqués sont ceux des Nains considérés comme ayant été rois du Peuple de Durin, en exil ou non. Parmi les autres compagnons de Thorin Lécudechesne lors du voyage à Erebor, Ori, Nori et Dori étaient également de la Maison de Durin et des parents plus éloignés de Thorin ; Bifur, Bofur et Bombur étaient des descendants des Nains de la Moria, mais non de la lignée de Durin. Pour le signe †, voir ici.
Gimli fils de Glóin jouit d’une grande renommée, car il était des Neuf Marcheurs qui partirent avec l’Anneau ; et il demeura aux côtés d’Elessar tout au long de la Guerre. Il fut surnommé Ami-des-Elfes à cause du profond attachement qui se développa entre lui et Legolas, le fils du roi Thranduil, et de son adoration pour la dame Galadriel.
Après la chute de Sauron, Gimli fit venir une partie du peuple d’Erebor dans le Sud, et il devint Seigneur des Brillantes Cavernes. Lui et ses gens accomplirent de grands travaux, tant au Gondor qu’au Rohan. À Minas Tirith, ils façonnèrent des portes de mithril et d’acier en remplacement des anciennes, renversées par le Roi-Sorcier. Son ami Legolas fit également venir des Elfes de Vertbois, et ils vécurent en Ithilien, et ce devint comme autrefois le plus beau pays de toutes les terres de l’ouest.
Mais quand le roi Elessar renonça à la vie, Legolas suivit enfin le désir de son cœur et fit voile outre-Mer.
Suit l’une des dernières notes du Livre Rouge
On a entendu raconter que Legolas emmena Gimli fils de Glóin avec lui en raison de leur grande amitié, plus forte que toutes celles qui ont pu exister entre Elfe et Nain. Si cela est vrai, c’est pour le moins étonnant : qu’un Nain ait consenti à quitter la Terre du Milieu pour une quelconque amitié, que les Eldar aient voulu l’accueillir, ou que les Seigneurs de l’Ouest l’aient autorisé. Mais il est dit que Gimli s’en fut également par désir de revoir la beauté de Galadriel ; et il se peut que la Dame, puissante parmi les Eldar, lui ait obtenu cette faveur. Il est impossible d’en dire plus à ce sujet.
1.
On trouvera notamment quelques renvois à la présente édition du Seigneur des Anneaux, ainsi qu’à l’édition brochée du Hobbit (2012).
2.
Cf. I 314, II 240, III 297 : aucun arbre à la ressemblance de Laurelin le Doré ne subsistait en Terre du Milieu.
3.
I 312, II 384.
4.
I 255, II 384.
5.
Le Hobbit, p. 77 ; Le Seigneur des Anneaux, I 400.
6.
I 300-304.
7.
I 455, 459, II 384, 395, III 225, 234.
8.
I 78, 244-245.
9.
Voir III 301, 306.
10.
I 303.
11.
II 238, III 297.
12.
I 311.
13.
I 313-314.
14.
I 312.
15.
Quatrième fils d’Isildur, né à Imladris. Ses frères furent tués aux Champs de Flambes.
16.
Après Eärendur, les Rois cessèrent de se donner des noms en haut-elfique.
17.