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LES CALENDRIERS

Le Calendrier du Comté se distinguait du nôtre à plusieurs égards. L’année avait assurément la même durée1, car, si lointaine que nous semble aujourd’hui cette époque en nombre d’années et de générations, elle n’est pas très reculée à l’échelle de la mémoire terrestre. Les chroniques hobbites rappellent que, du temps de leurs errances, ils n’observaient pas la semaine, et que malgré leur observance des mois, plus ou moins dictée par la Lune, leur calcul des dates et leur notion du temps étaient, au mieux, vagues et imprécises. Lorsqu’ils eurent commencé à se fixer dans les terres de l’ouest, en Eriador, ils adoptèrent le Comput du Roi, emprunté aux Dúnedain, mais lui-même d’origine eldarine ; à la suite de quoi les Hobbits du Comté y apportèrent plusieurs modifications de détail. Ce calendrier, plus connu sous le nom de « Comput du Comté », finit par être adopté à Brie, hormis l’usage local faisant correspondre l’An 1 à celui de la colonisation du Comté.

Il est souvent malaisé de tirer, à partir d’anciens récits et de vieilles traditions, des renseignements précis sur ce que les gens connaissaient bien et tenaient pour acquis à leur époque (les noms des lettres, ceux des jours de la semaine, ou encore les noms et la durée des mois, par exemple). Mais en raison de leur intérêt pour la généalogie, communément répandu, et de l’intérêt pour l’histoire ancienne qui se développa chez les plus érudits après la Guerre de l’Anneau, les Hobbits du Comté semblent avoir prêté une attention particulière aux dates : il leur arrivait même de dresser des tables d’une étonnante complexité, mettant leur propre système en rapport avec les autres usages. N’étant moi-même pas très savant en la matière, j’ai pu commettre beaucoup d’erreurs ; fort heureusement, la chronologie des années cruciales, 1418 et 1419 C.C., est si soigneusement délinéée dans le Livre Rouge qu’il ne peut guère y avoir de doute quant aux dates et aux circonstances de ces événements.

On peut affirmer que les Eldar de la Terre du Milieu, qui, comme le faisait remarquer Samsaget, disposaient d’un temps considérable, calculaient sur de plus longues périodes, aussi le mot quenya yén, souvent traduit par « an » (I 476), correspond-il en réalité à 144 de nos années. Les Eldar calculaient, de préférence, par multiples de six et de douze. Ils disaient pour désigner le « jour » solaire, qui s’étendait du couchant au couchant. Le yén comptait 52 596 jours. À des fins plutôt rituelles que pratiques, les Eldar observaient une semaine – ou enquië – de six jours ; le yén comptait 8 766 de ces enquier, continûment dénombrés au cours de cette période.

En Terre du Milieu, les Eldar observaient une période courte équivalente à l’année solaire, appelée coranar ou « tour de soleil » lorsque envisagée sous une perspective plus ou moins astronomique, mais le plus souvent appelée loa « croissance » (en particulier dans les régions du Nord-Ouest) lorsqu’ils se référaient plutôt aux rythmes saisonniers de la végétation, comme c’était généralement le cas chez les Elfes. La loa était divisée en périodes qui s’apparentaient à de longs mois ou encore à de courtes saisons. Elles différaient probablement selon les régions ; mais les écrits des Hobbits ne nous renseignent que sur le Calendrier d’Imladris. Dans ce calendrier, il y avait six « saisons » dont les noms quenya étaient tuilë, lairë, yávië, quellë, hrívë et coirë, que l’on pourrait traduire par : « printemps, été, automne, évanescence, hiver, renaissance ». Les noms sindarins allaient comme suit : ethuil, laer, iavas, firith, rhîw, echuir. L’« évanescence » se disait aussi lasse-lanta « chute des feuilles », ou encore, en sindarin, narbeleth « déclin du soleil ».

Les saisons de lairë et de hrívë comptaient 72 jours, les autres seulement 54 chacune. Le premier jour de la loa se nommait yestarë et précédait immédiatement la saison de tuilë, tandis que le dernier, mettarë, suivait immédiatement la saison de coirë. Entre les saisons de yávië et de quellë étaient intercalés trois enderi ou « jours mitoyens ». L’on obtenait ainsi une année de 365 jours, complétée par un redoublement des enderi (ajout de 3 jours) tous les douze ans.

Il reste à savoir comment l’on remédiait aux inexactitudes pouvant résulter de cet arrangement. En supposant que l’année fût alors de même durée qu’aujourd’hui, le yén eût comporté plus d’un jour de trop. Une note figurant dans les Calendriers du Livre Rouge montre bien qu’il y avait inexactitude : on y apprend que, dans le « Comput de Fendeval », la dernière année du yén, une fois sur trois, était écourtée de trois jours. Le redoublement des trois enderi prévu pour cette année-là était donc omis ; « mais pareille occurrence ne s’est pas produite de notre temps ». Il n’est fait mention d’aucun autre ajustement visant à corriger toute inexactitude restante.

Les Númenóréens transformèrent ces conventions. Ils divisèrent la loa en périodes plus courtes et plus égales ; et ils préservèrent la tradition de commencer l’année à la mi-hiver, tradition héritée des Hommes du Nord-Ouest qui avaient été leurs ancêtres au Premier Âge. Plus tard, ils augmentèrent leur semaine à 7 jours, et ils firent commencer la journée avec le soleil (à son lever sur la mer de l’Est).

Le système númenóréen, en usage à Númenor, de même qu’en Arnor et au Gondor jusqu’à la fin des rois, était connu sous le nom de « Comput du Roi ». L’année normale comportait 365 jours. Elle était divisée en douze astar ou mois, dont dix comptaient 30 jours et les deux autres 31. De ces deux astar de 31 jours, l’un précédait la Mi-Année et l’autre la suivait, ce qui en faisait plus ou moins les équivalents de nos mois de juin et juillet. Le premier jour de l’année se nommait yestarë, celui du mitan (le 183e) se nommait loëndë, et le dernier avait nom mettarë ; ces trois jours ne faisaient partie d’aucun mois. Tous les quatre ans, sauf dans la dernière année du siècle (haranyë ), deux enderi ou « jours mitoyens » prenaient la place du loëndë.

Le calendrier de Númenor avait pour point d’origine l’An 1 D.A. Le Déficit entraîné par la suppression d’une journée à chaque fin de siècle n’était pas ajusté avant la dernière année du millénaire, ce qui laissait un déficit millénaire de 4 heures, 46 minutes et 40 secondes. À Númenor, ce déficit fut comblé aux ans 1000, 2000 et 3000 D.A. Après la Chute en 3319 D.A., le système númenóréen demeura en usage chez les exilés, non sans avoir été compromis par un nouveau compte des années au début du Troisième Âge, 3442 D.A. devenant alors 1 T.A. En désignant 4 T.A. comme année bissextile au lieu de 3 T.A. (3444 D.A.), une année supplémentaire de 365 jours se trouva être intercalée dans le cycle normal, entraînant un déficit de 5 heures, 48 minutes et 46 secondes. Les ajouts millénaires furent appliqués avec 441 ans de retard, aux ans 1000 T.A. (4441 D.A.) et 2000 T.A. (5441 D.A.). Afin de réduire les aberrations ainsi causées et le déficit millénaire accumulé, Mardil l’Intendant fit paraître un calendrier révisé qui prendrait effet en 2060 T.A., après un ajout extraordinaire de 2 jours à l’an 2059 (5500 D.A.), marquant cinq millénaires et demi depuis l’adoption du système númenóréen. Ces ajustements laissèrent tout de même un déficit d’environ 8 heures.