Hador, en 2360, fit ajouter 1 jour, bien que le déficit n’eût pas encore atteint cette ampleur. Il n’y eut pas d’autres ajustements. (En 3000 T.A., avec la menace d’une guerre imminente, ces questions ne retinrent pas l’attention.) À la fin du Troisième Âge, 660 années après, le Déficit n’avait pas encore atteint 1 jour.
Le Calendrier Révisé proposé par Mardil, appelé « Comput de l’Intendant », finit par être adopté par la plupart des usagers de la langue occidentalienne, sauf les Hobbits. Les mois comptaient tous 30 jours, et deux jours s’ajoutèrent en dehors des mois : le premier entre les troisième et quatrième mois (mars et avril), le second, entre les neuvième et dixième (septembre et octobre). Ces cinq jours à part, yestarë, tuilérë, loëndë, yáviérë et mettarë, étaient jours fériés.
Les Hobbits, plus conservateurs, continuèrent d’utiliser le Comput du Roi sous une forme adaptée à leurs propres usages. Leurs mois, tous de même longueur, comptaient 30 jours chacun ; mais ils ajoutaient 3 Jours d’Été, appelés Jours de Lithe (ou simplement Lithe) dans le Comté, entre juin et juillet. Le dernier jour de l’année et le premier de la suivante étaient les Jours de Yule. Les Jours de Yule et de Lithe restaient en dehors des mois ; ainsi, le 1er janvier était le deuxième et non le premier jour de l’année. Tous les quatre ans, sauf dans la dernière année du siècle2, il y avait 4 Jours de Lithe. Les Jours de Lithe et de Yule étaient les principaux jours de vacances et de célébrations. Le Lithe supplémentaire suivait le Jour la Mi-Année, aussi le 184e jour des années bissextiles se nommait-il Grand Lithe ; et c’était l’occasion de réjouissances toutes spéciales. La période de Yule, en tout et pour tout, durait six jours, soit les trois derniers de l’année et les trois premiers de la suivante.
Les Gens du Comté introduisirent une légère innovation de leur cru (adoptée à Brie par la suite), appelée la Réforme du Comté. Pour eux, le fait que les jours de la semaine ne tombaient jamais à la même date d’une année à l’autre n’était ni élégant, ni très pratique. Ainsi, du temps d’Isengrim II, ils firent en sorte que le jour intrus, qui bouleversait toute la séquence, ne soit pas compté parmi les jours de la semaine. Dès lors, le Jour de la Mi-Année (de même que le Grand Lithe) ne fut connu que par son nom, sans indication de jour de semaine (I 225). Par suite de cette réforme, l’année débuta toujours sur le premier jour de la semaine et se termina sur le dernier ; et le jour de la semaine, pour une date donnée, était toujours le même d’une année à l’autre, si bien que les Gens du Comté ne se donnaient plus la peine d’inscrire le jour de la semaine dans leurs lettres et leurs journaux3. Tant qu’ils restaient chez eux, ils trouvaient cela bien commode ; mais ce l’était beaucoup moins s’ils avaient à voyager au-delà de Brie.
Dans les commentaires ci-dessus tout comme dans le récit, j’ai fait figurer nos noms modernes, tant pour les mois que pour les jours de la semaine, même si bien entendu, ni les Eldar ni les Dúnedain, ni les Hobbits d’ailleurs, ne les connaissaient. Il semblait indispensable de traduire les noms occidentaliens pour éviter toute confusion ; du reste, les caractères saisonniers de nos noms sont plus ou moins équivalents, du moins dans le Comté. Toutefois, le Jour de la Mi-Année coïncidait semble-t-il, autant que faire se peut, au solstice d’été. Auquel cas, les dates du Comté devaient avoir une dizaine de jours d’avance sur les nôtres, et notre Nouvel An correspondait plus ou moins au 9 janvier du Comté.
S’agissant des mois, l’usage occidentalien conservait le plus souvent la forme quenya, comme le latin apparaît aujourd’hui dans nombre de langues étrangères. Ces noms étaient : narvinyë, nénimë, súlimë, víressë, lótessë, nárië, cermië, úrimë, yavannië, narquelië, hísimë et ringarë. Les noms sindarins (que seuls les Dúnedain utilisaient) étaient : narwain, nínui, gwaeron, gwirith, lothron, nórui, cerveth, úrui, ivanneth, narbeleth, hithui et girithron.
Sur ce point de nomenclature, toutefois, les Hobbits, tant du Comté que de Brie, ne se conformaient pas à l’usage occidentalien, mais conservaient des noms traditionnels tout à fait particuliers, hérités, semble-t-il, des Hommes des vaux de l’Anduin dans l’antiquité ; des noms similaires se retrouvaient, à tout le moins, au Val et au Rohan (cf. les commentaires sur les langues, III 501-502, 509-511). La signification de ces noms, inventés par les Hommes, était bien oubliée des Hobbits de façon générale, même lorsqu’ils l’avaient déjà sue ; conséquemment, la forme de ces noms était passablement corrompue : math, par exemple, en finale de quelques-uns, est une réduction de monath.
Les noms des mois du Comté figurent sur le Calendrier. Soulignons que solmath se prononçait habituellement (et s’écrivait parfois) somath ; thrimidge s’écrivait souvent thrimich (anciennement thrimilch) ; et blotmath se prononçait blodmath ou blommath. À Brie, on employait des noms différents, soit : frery, solmath, rethe, chithing, thrimidge, lithe, les Jours d’Été, mede, wedmath, harvestmath, wintring, blooting et yulemath. Frery, chithing et yulemath étaient également en usage dans le Quartier Est4.
La semaine hobbite avait été empruntée aux Dúnedain : les noms des jours étaient des traductions de ceux qui étaient en usage dans l’ancien Royaume du Nord, lesquels étaient à leur tour hérités des Eldar. Les six jours de la semaine des Eldar étaient consacrés à différentes réalités du monde ou nommés d’après elles : les Étoiles, le Soleil, la Lune, les Deux Arbres, le Firmament et les Valar ou Puissances, dans cet ordre, le dernier jour de la semaine étant le plus important des six. En quenya, ils se nommaient elenya, anarya, isilya, aldúya, menelya, valanya (ou tárion) ; en sindarin, orgilion, oranor, orithil, orgaladhad, ormenel, orbelain (ou rodyn).