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Les Númenóréens conservèrent ces associations, dans le même ordre, mais ils rebaptisèrent le quatrième jour aldëa (orgaladh) pour renvoyer uniquement à l’Arbre Blanc, dont Nimloth, l’arbre qui poussait dans la Cour du Roi à Númenor, était censément issu. En outre, ils souhaitaient disposer d’une septième journée, et comme c’étaient de grands marins, ils ajoutèrent un « jour de la Mer », eärenya (oraearon), après le jour du Firmament.

Les hobbits s’approprièrent ces conventions, mais ils ne tardèrent pas à oublier la signification des noms traduits ou cessèrent d’y faire attention, et ils en raccourcirent la forme de beaucoup, en particulier dans la prononciation courante. À la fin du Troisième Âge, la première traduction des noms númenóréens était sans doute vieille de deux mille ans ou plus, datant de l’époque où la semaine des Dúnedain (premier principe de leur comput adopté par les peuples étrangers) avait été reprise par les Hommes du Nord. Comme pour les noms des mois, les Hobbits retinrent ces traductions ; ailleurs dans l’espace linguistique de l’occidentalien, on employait plutôt les noms quenya.

On conservait dans le Comté très peu de documents anciens. À la fin du Troisième Âge, le plus remarquable d’entre eux était Peaujaune, autrement appelé l’Annuaire de Tocquebourg5. Les premières entrées semblent dater d’au moins neuf siècles avant l’époque de Frodo ; bon nombre d’entre elles sont d’ailleurs citées dans les annales et les généalogies du Livre Rouge. À cet endroit, les noms des jours apparaissent sous des formes archaïques, dont voici les plus anciennes : (1) sterrendei, (2) sunnendei, (3) monendei, (4) trewesdei, (5) hevenesdei, (6) meresdei, (7) hihdei. Au temps de la Guerre de l’Anneau, ces formes étaient devenues steldi, soldi, lundi, arbredi, cieldi, maridi et hautdi 6.

J’ai également traduit ces noms dans notre langue, en commençant bien sûr par dimanche et lundi, lesquels portent le même nom dans la semaine du Comté, et en modifiant les autres dans l’ordre. Cependant, une précision s’impose. Dans le Comté, le dernier jour de la série, le vendredi (hautdi), était le plus important de la semaine. L’après-midi était jour de congé et le soir était consacré aux fêtes. Ainsi, le samedi correspond davantage à notre lundi, et le jeudi s’apparente plutôt à notre samedi7.

On peut mentionner ici quelques autres noms qui se rapportent au temps, sans pour autant figurer dans les dates et les calendriers. Les saisons le plus souvent énumérées étaient tuilë, le printemps, lairë, l’été, yávië, l’automne (ou la moisson), hrívë, l’hiver ; mais elles n’avaient aucune définition exacte, et quellë (ou lasselanta) servait également à nommer la dernière partie de l’automne et le début de l’hiver.

Les Eldar prêtaient une attention particulière au « crépuscule » (dans les régions septentrionales), à savoir le moment de la disparition des étoiles et celui de leur éclosion. Ils avaient plusieurs noms pour ces deux périodes, les plus usuels étant tindómë et undómë, celui-ci pour le crépuscule du soir, celui-là pour le crépuscule du matin. Le mot sindarin était uial, ou, plus précisément encore, minuial et aduial. Dans le Comté, ces deux mots se disaient souvent brune du matin et brune du soir. Cf. le lac du Crépuscule (Nenuial), que l’on aurait pu traduire Brunesoir.

Le Comput et les dates du Comté sont tout ce qui importe pour le récit de la Guerre de l’Anneau. Tous les jours, mois et dates sont présentés dans le Livre Rouge selon les conventions du Comté, ou des équivalences sont données en note. Ainsi les mois et les jours, tout au long du Seigneur des Anneaux, se rapportent au Calendrier du Comté. Les seuls points où la différence entre ce calendrier et le nôtre a quelque importance par rapport au récit à la période cruciale (la fin de 3018 et le début de 3019, soit 1418-1419 C.C.) sont les suivants : octobre 1418 ne compte que 30 jours, le 1er janvier est le deuxième jour de 1419, et le mois de février est de 30 jours ; si bien que le 25 mars, date de la chute de Barad-dûr, correspondrait au 27 mars de notre calendrier, si notre année commençait au même moment du cycle saisonnier. La date était néanmoins celle du 25 mars, et dans le Comput du Roi, et dans celui de l’Intendant.

Le Nouveau Comput fut adopté au rétablissement du Royaume en l’an 3019 T.A. Dans les faits, il s’agissait d’un retour au Comput du Roi, adapté pour un début d’année en période printanière, comme dans la loa eldarine8.

Dans le Nouveau Comput, l’année commençait le 25 mars, ancienne mode, en commémoration de la chute de Sauron et des exploits des Porteurs de l’Anneau. Les mois conservèrent les mêmes noms, à commencer par víressë (avril), mais ils s’appliquaient à des périodes antérieures de cinq jours en règle générale. Tous les mois comptaient 30 jours. Il y avait 3 enderi ou Jours du Mitan (le deuxième se nommant loëndë ) entre yavannië (septembre) et narquelië (octobre), équivalents aux 23, 24 et 25 septembre, ancienne mode. Mais en l’honneur de Frodo, le 30 yavannië, soit l’ancien 22 septembre, jour de son anniversaire, devint un jour de fête ; et pour les années bissextiles, on avait coutume de doubler cette fête, appelée Cormarë ou Jour de l’Anneau.

On faisait généralement coïncider le début du Quatrième Âge avec le départ de maître Elrond, qui eut lieu en septembre 3021 ; mais pour les besoins des archives du Royaume, l’An 1 du Quatrième Âge coïncidait avec l’année qui commença, selon le Nouveau Comput, le 25 mars 3021, ancienne mode.

Durant le règne du roi Elessar, ce comput fut adopté dans toutes les terres du royaume, sauf dans le Comté, où l’on conserva l’ancien calendrier et le dénombrement des années selon le Comput du Comté. Ainsi, l’An 1 du Quatrième Âge était pour eux l’année 1422 ; et les Hobbits, à supposer qu’ils aient reconnu le changement d’Âge, en situaient le commencement au 2 Yule 1422, et non au mois de mars précédent.

Rien ne laisse croire que les Hobbits aient commémoré le 22 mars ou le 22 septembre d’une quelconque façon ; mais dans le Quartier Ouest, en particulier aux environs de la Colline de Hobbiteville, les gens prirent l’habitude de se réunir pour danser et se divertir dans le Champ de la Fête, si le temps le permettait, le 6 avril. Certains disaient que c’était l’anniversaire du vieux Sam Jardinier, d’autres que c’était le jour où l’Arbre Doré avait fleuri pour la première fois en 1420, d’autres encore, que c’était le Nouvel An des Elfes. Dans le Pays-de-Bouc, le Cor de la Marche retentissait chaque 2 novembre9 au coucher du soleil, suivi de feux de joie et de réjouissances.

1.

365 jours, 5 heures, 48 minutes et 46 secondes.

2.

Dans le Comté, où l’An 1 correspondait à 1601 T.A. À Brie, où l’An 1 correspondait à 1300 T.A., l’exception tombait sur la première année du siècle.