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Le degré 5 (17-20) était d’ordinaire réservé aux consonnes nasales, aussi les signes 17 et 18 étaient-ils le plus souvent utilisés pour n et m. Suivant le principe énoncé ci-dessus, le degré 6 aurait dû représenter les nasales sourdes ; mais lesdits sons (que l’on entend par exemple dans le gallois nh ou l’ancien anglais hn) étant fort peu courants dans les langues concernées, le degré 6 représentait le plus souvent les consonnes les plus faibles (ou semi-vocaliques) de chaque série. De toutes les lettres primaires, ces lettres avaient la plus petite et la plus simple des formes. Ainsi, 21 désignait souvent le r faible (non roulé), un son propre au quenya d’origine, considéré dans le système de cette langue comme la plus faible consonne de la tincotéma ; 22 était largement utilisé pour w ; et quand la série III était désignée comme série palatale, 23 représentait généralement le y consonantique11.

Dans la mesure où certaines consonnes du degré 4 avaient tendance à s’affaiblir, leur prononciation finit par se rapprocher ou par se confondre avec les consonnes du degré 6 (telles que décrites plus haut). Ainsi, une bonne partie de ces dernières finit par perdre toute fonction claire dans les langues eldarines ; et ce fut à partir de ces lettres que furent tirées, pour une large part, celles employées dans l’expression des voyelles.

NOTE

L’orthographe standard du quenya ne se conformait pas aux attributions de lettres décrites ci-dessus. Le degré 2 représentait nd, mb, ng, ngw, tous plutôt fréquents, puisque b, g et gw ne se rencontraient que dans ces combinaisons, tandis que rd et ld se voyaient attribuer les lettres 26 et 28. (Pour lv, mais non lw, de nombreux locuteurs, en particulier les Elfes, employaient lb : on se servait des lettres 27+6, car lmb était inconnu.) De même, le degré 4 représentait les combinaisons extrêmement fréquentes nt, mp, nk, nqu, car le quenya ne possédait pas les sons dh, gh, ghw, et exprimait le v à l’aide de la lettre 22. Voir les noms des lettres quenya, ici.

Les lettres supplémentaires. La 27 était universellement utilisée pour l. La 25 (à l’origine, une modification de 21) représentait le r pleinement roulé. Les lettres 26 et 28 étaient des modifications de ces dernières : généralement, elles représentaient le r (rh) et le l (lh) sourds, respectivement. En quenya, toutefois, elles exprimaient rd et ld. La 29 était mise pour s et la 31 (à double boucle) pour z, dans les langues qui possédaient ce son. Les formes inversées, 30 et 32, bien que disponibles pour d’autres usages, servaient le plus souvent de simples variantes pour 29 et 31, par souci de commodité d’écriture : accompagnées de tehtar suscrits, par exemple, elles remplaçaient volontiers les formes normales.

La 33 était, à l’origine, une modification servant à représenter une variante (plus faible) de 11 ; au Troisième Âge, elle exprimait le plus souvent le son h. La 34, d’usage plutôt restreint, dénotait surtout le w (hw) sourd. Les lettres 35 et 36, lorsqu’elles représentaient des consonnes, valaient le plus souvent y et w, respectivement.

Les voyelles étaient, dans de nombreux modes, représentées par les tehtar, généralement placés au-dessus d’une lettre consonantique. Dans les langues comme le quenya, où la plupart des mots se terminaient par une voyelle, le tehta se plaçait au-dessus de la consonne précédente ; dans celles comme le sindarin, où les mots s’achevaient le plus souvent sur une consonne, le tehta s’écrivait au-dessus de la consonne suivante. En l’absence de consonne à l’endroit requis, le tehta se plaçait au-dessus du « support court », qui prenait couramment la forme d’un i sans point. Les tehtar eux-mêmes, employés pour marquer les voyelles dans différentes langues, étaient de nombreuses formes. Les plus communes, servant généralement à exprimer (diverses variétés de) e, i, a, o et u, se retrouvent dans les exemples fournis. Les trois points, très souvent mis pour a dans l’écriture soignée, pouvaient prendre d’autres formes dans des styles plus rapides, dont une, fort usitée, s’apparentant à un accent circonflexe12. Le point suscrit et l’« accent aigu » représentaient souvent i et e (mais e et i dans certains modes). Les boucles représentaient o et u. Dans l’inscription de l’Anneau, la boucle ouverte à droite est mise pour u ; mais sur la page de titre, le même signe est mis pour o, et la boucle ouverte à gauche représente u. On accordait la préférence au signe ouvert à droite, et son application dépendait de la langue concernée : dans le noir parler, o était plutôt rare.

On indiquait généralement les voyelles longues en plaçant le tehta sur le « support long », qui prenait couramment la forme d’un j sans point. On pouvait aussi doubler les tehtar pour obtenir le même résultat. Toutefois, cette méthode ne s’appliquait guère qu’aux boucles, et quelquefois à l’« accent ». Le double point suscrit dénotait plus souvent le y « postposé ».

L’inscription de la Porte Ouest illustre un mode d’« écriture au long » où les voyelles sont exprimées par des lettres entières. Toutes les lettres vocaliques usitées en sindarin y sont représentées. Notons l’usage de la lettre 30 pour dénoter le y vocalique, et l’emploi du tehta marquant le y « postposé », placé au-dessus de la lettre vocalique pour exprimer les diphtongues. Dans ce mode, le w « postposé » (servant à exprimer le son au, aw) était représenté à l’aide de la boucle dénotant u ou d’une modification de celle-ci : ~. Mais les diphtongues étaient souvent écrites au long, comme dans la transcription. Les voyelles longues étaient généralement indiquées par l’« accent aigu », en l’occurrence appelé andaith « marque de longueur ».

Il existait, outre les tehtar déjà mentionnés, plusieurs autres signes dont la principale fonction était d’abréger l’écriture, le plus souvent en exprimant les combinaisons de consonnes les plus courantes sans qu’il soit besoin de les écrire au long. Par exemple, on employait couramment un tiret suscrit (ou une marque semblable au tilde espagnol) pour signifier que la consonne au-dessous était précédée de la nasale de même série (comme nt, mp ou nk) ; le même signe, placé en dessous, dénotait toutefois, dans la plupart des cas, une consonne longue ou double. Un crochet pointé vers le bas, rattaché à l’arc principal (comme dans hobbits, dernier mot de la page de titre), servait à indiquer le s « postposé », surtout dans les combinaisons ts, ps, ks (x), très fréquentes en quenya.