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Il n’existait bien sûr aucun « mode » pour transcrire l’anglais. À partir du système fëanorien, on pourrait en inventer un qui soit phonétiquement adéquat. Le court exemple de la page de titre ne prétend pas en faire la démonstration. Il s’agit plutôt d’un échantillon de ce qu’aurait pu produire un homme du Gondor, hésitant entre les valeurs des lettres propres à son mode d’écriture, et l’orthographe traditionnelle de l’anglais. Notons que le point souscrit (lequel servait notamment à représenter les voyelles affaiblies) est mis ici pour le and non accentué, mais dénote également le e muet en finale du mot here ; the, of et of the sont représentés par des abréviations (long dh, long v, et trait souscrit dans le dernier cas).

Les noms des lettres. Dans tous les modes, chaque lettre ou signe portait un nom ; et ces noms étaient conçus pour décrire les attributions phonétiques propres à chacun des modes. Mais il fut bien souvent jugé souhaitable, surtout quand il s’agissait de décrire l’attribution des lettres dans d’autres modes, de disposer d’un nom spécifique à chacune des formes de lettres. Pour ce faire, on employait généralement les « noms complets » du quenya, même lorsqu’ils renvoyaient à des usages propres au quenya. Chaque « nom complet » consistait en un mot quenya où apparaissait la lettre en question. Celle-ci, dans la mesure du possible, venait en début de mot ; mais dans le cas de sons ou de combinaisons inusités en début de mot, ceux-ci venaient immédiatement après une voyelle initiale. Les noms des lettres du tableau allaient comme suit : (1) tinco métal, parma livre, calma lampe, quesse plume ; (2) ando porte, umbar sort, anga fer, ungwe toile d’araignée ; (3) thúle (súle) esprit, formen nord, harma trésor (ou aha fureur), hwesta brise ; (4) anto bouche, ampa crochet, anca mâchoires, unque un creux ; (5) númen ouest, malta or, noldo (anciennement ngoldo) un membre du peuple des Noldor, nwalme (anciennement ngwalme) tourment ; (6) óre cœur (esprit intime), vala puissance angélique, anna don, vilya air, ciel (anciennement wilya) ; rómen est, arda région, lambe langue, alda arbre ; silme lumière des étoiles, silme nuquerna (s renversé), áre lumière du soleil (ou esse nom), áre nuquerna ; hyarmen sud, hwesta sindarinwa, yanta pont, úre chaleur. Les variantes reflètent des changements survenus a posteriori dans le parler quenya des Exilés. Ainsi, la lettre 11 se nommait harma à l’époque où elle représentait la spirante ch indépendamment de sa position ; lorsqu’elle prit la valeur du h soufflé en position initiale13 (mais non en position médiane), le nom aha fut inventé. áre se nommait initialement áze, mais ce z vint à se confondre avec 21, et áre prit alors en quenya la valeur de ss, fort usité dans cette langue, et fut rebaptisé esse. Le nom hwesta sindarinwa ou « hw gris-elfique » vient du fait que, en quenya, 12 avait la valeur de hw ; il n’était donc pas nécessaire de représenter chw et hw par deux signes distincts. Les noms de lettres les plus connus et les plus usités étaient 17 n, 33 hy, 25 r, 10 : númen, hyarmen, rómen, formen = ouest, sud, est, nord (cf. le sindarin dûn ou annûn, harad, rhûn ou amrûn, forod ). Ces lettres représentaient généralement les points cardinaux O, S, E et N, même dans les langues où leurs noms étaient tout à fait différents. Dans les Terres de l’Ouest, on les nommait dans cet ordre, en commençant par l’ouest et en lui faisant face ; hyarmen et formen signifiaient d’ailleurs « région de gauche » et « région de droite » (contrairement à la coutume en usage dans bien des langues des Hommes).

(II) LES CIRTH

À l’origine, le Certhas Daeron fut conçu pour représenter les sons du sindarin, et ceux-là seulement. Les cirth les plus anciens étaient les nos 1, 2, 5, 6 ; 8, 9, 12 ; 18, 19, 22 ; 29, 31 ; 35, 36 ; 39, 42, 46, 50 ; et une certh qui prenait alternativement les formes 13 et 15. L’attribution des valeurs n’avait rien de systématique. Les nos 39, 42, 46 et 50 étaient des voyelles et le demeurèrent dans toutes les évolutions ultérieures. Les nos 13 et 15 étaient mis pour h ou s, selon que le no 35 représentait s ou h. Ce flottement dans l’attribution des valeurs pour s et h se maintint dans les agencements ultérieurs. Pour tous les caractères composés d’une « tige » et d’une « branche », soit 1 à 31, la branche, si elle ne partait que d’un côté, se plaçait généralement du côté droit. L’inverse n’était pas rare, mais dépourvu de signification phonétique.

La forme plus étendue et plus élaborée de ce certhas était, dans son incarnation la plus ancienne, connue sous le nom d’Angerthas Daeron, les ajouts à l’alphabet primitif, de même que sa réorganisation, étant attribués à Daeron. Mais les principaux ajouts, soit l’introduction de deux nouvelles séries 13 à 17 et 23 à 28, sont fort probablement attribuables aux Noldor d’Eregion, puisqu’ils avaient pour but de représenter des sons inconnus en sindarin.