LES ANGERTHAS
VALEURS
Dans ce réagencement de l’Angerthas, on remarque les principes suivants (manifestement inspirés du système fëanorien) : (1) un trait ajouté à une branche exprimait le « voisement » ; (2) l’inversion de la certh marquait l’ouverture de la consonne, qui devenait une « spirante » ; (3) l’extension de la branche des deux côtés de la tige exprimait le voisement et la nasalité. Ces principes étaient systématiquement observés, sauf en un point. Un signe était requis, en sindarin (archaïque), pour dénoter le m spirant (ou v nasal), et l’inversion du signe attribué à m était la meilleure façon d’obtenir cela. C’est pourquoi l’on assigna la valeur de m au no 6 (réversible), le no 5 (non réversible) étant alors mis pour hw.
Le no 36, dont la valeur théorique était z, représentait, dans l’orthographe du quenya et du sindarin, le son ss : cf. la lettre fëanorienne 31. Le no 39 pouvait dénoter i ou y (consonne) ; les nos 34 et 35 étaient mis indifféremment pour s ; et la combinaison nd, plutôt courante, était représentée par le no 38, bien que cette forme n’eût aucun lien apparent avec les autres signes attribués aux dentales.
Dans la Table des Valeurs, celles de gauche, lorsque séparées par un tiret, représentent les valeurs de l’Angerthas, première forme. À droite du tiret sont données les valeurs de l’Angerthas Moria en usage chez les Nains14. Les Nains de la Moria, on le voit, introduisirent un certain nombre de changements non systématiques portant sur la valeur des cirth, et ils en ajoutèrent de nouveaux : 37, 40, 41, 53, 55, 56. Le glissement de valeur tenait essentiellement à deux causes : (1) la réassignation des valeurs des nos 34, 35 et 54, devenues respectivement h, ’ (le coup de glotte entendu en khuzdul, en début de mot avec voyelle initiale) et s ; (2) la mise au rancart des nos 13 et 16, auxquels les Nains substituèrent 29 et 30. Notons également l’emploi de 12, mis pour r, qui en résulte, l’invention de 53 pour n (et la confusion de ce signe avec le 22) ; l’utilisation de 17 pour z, à rapprocher de 54 qui vaut s, d’où l’utilisation de 36 pour ŋ et l’apparition d’une nouvelle certh pour représenter ng. Deux autres nouvelles certh, 55 et 56, avaient pour origine 46 (forme divisée en deux), et représentaient des voyelles comme celles que l’on entend dans l’anglais butter, courantes en langue naine et en occidentalien. Faibles ou évanescentes, ces voyelles étaient souvent indiquées par un simple trait sans tige. Cet Angerthas Moria apparaît dans l’inscription relevée sur la tombe de Balin.
Les Nains d’Erebor remanièrent à leur tour ce système, ce qui donna un nouveau mode, le mode d’Erebor, représenté dans le Livre de Mazarbul. Ses principales caractéristiques se résumaient ainsi : 43 mis pour z, 17 mis pour ks (x), et invention de deux nouveaux cirth, 57 et 58, mis pour ps et ts. Ils redonnèrent également à 14 et à 16 les valeurs j et zh ; mais ils utilisaient 29 et 30 pour g et gh, ou comme simples variantes de 19 et 21. Sauf pour les cirth spécifiques à Erebor, nos 57-58, la table ne rend pas compte de ces particularités.
1.
Dans la présente traduction, tous les noms en anglais moderne ont été rendus par des équivalents français. En outre, les exemples et les explications de ce guide de prononciation ont parfois été adaptés afin de les rendre plus accessibles au lecteur de langue française. (N.d.T.)
2.
Communément appelé Menelvagor en sindarin (I 113), en quenya Menelmacar.
3.
Ce qui est le cas dans l’expression galadhremmin ennorath (I 305) « la Terre du Milieu enchevêtrée d’arbres ». Remmirath (I 113) est composé de rem « réseau », quenya rembe, + mîr « joyau ».
4.
Le u est celui de l’anglais, prononcé « ou ». De même, dans tous les mots et les noms qui ne sont pas des traductions françaises du parler commun (i.e. Saruman, Morannon, Thorin, mais non Fendeval, Montauvent), les combinaisons AN, EN, IN (et OIN), ON (ainsi que IM, OM, etc.), n’ont pas la valeur de voyelles nasales comme en français, mais se prononcent séparément. AN se prononce « anne », EN se prononce « ènne », et ainsi de suite. Pour plus de détails, voir Le Hobbit, p. 7. (N.d.T.)
5.
La diphtongaison des voyelles longues é et ó, mise en évidence par certaines graphies, telles ei et ou (ou leur équivalent dans les caractères de l’époque), paraît assez fréquente en occidentalien et dans la prononciation des noms quenya par les locuteurs de ce parler commun. Cette prononciation était toutefois considérée comme incorrecte ou régionale. Dans le rustique Comté, elle était évidemment très courante. Ainsi, ceux qui prononcerait yéni únótime, « les longues années sans nombre », comme on aurait tendance à le faire en anglais (c’est-à-dire, plus ou moins, « yaïni ounôou-taïmi ») ne se fourvoieraient guère davantage que Bilbo, Meriadoc ou Peregrin. Frodo était réputé pour « son aptitude à reproduire les sons étrangers ».
6.
Il en va de même pour Annûn « coucher du soleil », apparenté à dûn « ouest », et pour Amrûn « lever du soleil », apparenté à rhûn « est ».
7.
À l’origine. Mais iu, en quenya du Troisième Âge, était d’ordinaire une diphtongue ascendante, comme yu dans l’anglais yule.
8.
Dans notre alphabet, seul le rapport entre P et B eût semblé intelligible aux Eldar ; et le fait qu’ils ne soient pas nommés ensemble, ni avec F, M ou V, leur eût paru absurde.
9.
Bon nombre d’entre eux apparaissent dans les exemples de la page de titre, et dans l’inscription de la page I 75, transcrite à la page I 325. Ces signes indiquaient avant tout les voyelles, considérées en quenya comme des modificateurs de la consonne associée ; mais ils servaient aussi de notation abrégée pour les combinaisons de consonnes les plus courantes.
10.
Dans ce cas-ci, les sons sont représentés de même manière que dans le mode de transcription décrit plus haut, à ceci près que ch représente le son de l’anglais church (« tch ») ; j a la même valeur que le j anglais (« dj »), et zh représente le son entendu dans l’anglais azure et occasion (semblable au j français).