L’eau se déversait dans le bief et la grande roue tournait. À l’intérieur du moulin, la force de la roue, transmise par des engrenages imbriqués, entraînait la meule courante qui roulait tour après tour à la surface habillée en quartiers de la meule gisante.
Le meunier répandit le blé sur la pierre. La meule courante passa dessus et le réduisit en farine. Le meunier l’étala régulièrement pour un second passage, puis la fit tomber à l’aide d’une brosse dans un panier tenu par son fils, un gamin de dix ans. Le fils vida la mouture dans un tamis et bluta la bonne farine dans un sac de toile. Il vida ce qui restait au fond du sas dans un tonneau d’ensilage et reprit ensuite sa place auprès de son père pour le panier de mouture suivant.
Leurs pensées étaient étonnamment similaires tandis qu’ils travaillaient tous deux en silence. Voilà ce que je veux toujours faire, se disaient-ils l’un et l’autre. Me lever matin, venir au moulin et travailler toute la journée avec lui auprès de moi. Tant pis si ce souhait était illusoire. Tant pis s’ils risquaient de ne jamais plus se revoir, une fois le garçon reparti vers le village où il était né, pour y suivre son apprentissage. Ça ne faisait qu’ajouter à la douceur de l’instant, qui ne serait bientôt plus qu’un so uvenir, bientôt plus qu’un rêve.
Remerciements
J’exprime ma gratitude à Carol Breakstone pour l’aide qu’elle m’a fournie dans mon enquête sur la magie traditionnelle chez les pionniers américains. Les renseignements qu’elle a découverts m’ont été une mine inépuisable où j’ai glané des idées de récits et des détails sur la vie quotidienne à l’époque de la colonisation des territoires du Nord-Est. Je me suis également abondamment servi des informations contenues dans A Field Guide to America’s History[3] de Douglass L. Brownstone (Facts on File, Inc.) et The Forgotten Crafts[4] de John Seymour, publié chez Knopf.
Scott Russel Sanders a apporté sa contribution en me mettant entre les mains un exemplaire de son savoureux cycle d’histoires Wilderness Plots : Tales about the Settlement of the American Land[5] chez Quill. Son travail m’a montré ce qu’on pouvait obtenir par un traitement réaliste de la vie sur la Frontière et m’a aidé en cours de route à maintenir mon projet d’Alvin le Faiseur dans la bonne direction. Et, bien qu’il ait disparu depuis longtemps, je garde une immense dette envers William Blake (1757–1827) pour avoir écrit des poèmes et des proverbes qui sonnent avec tant de bonheur dans la bouche de Mot-pour-mot.
Par-dessus tout, je suis reconnaissant à Kristine A. Card pour la qualité inappréciable de ses critiques, de ses encouragements, de son aide technique, de ses corrections d’épreuves et pour avoir toute seule fait de nos enfants des êtres humains réfléchis, bien élevés et d’un commerce agréable, qui pardonnent de bon cœur à leur père de ne pas toujours être, lui, un parangon de ces vertus.
Cartes